La séance de mercredi dernier a été ponctuée d'imprévus... Dans l'après-midi de la journée de projection qui a suivi l'ouverture du festival international du film des droits de l'Homme, Tunis a été surpris par une pluie diluvienne et passagère. Alors que les salles du festival mettaient les dernières touches avant les projections de 15h00, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, exprimait sur une radio «sa frustration vis-à-vis de la situation actuelle de la Tunisie». Dans la salle de cinéma Hannibal au Manar, les quelques personnes qui se sont présentées au guichet hésitaient entre Hezz ya wezz et les films du festival, devant l'absence d'une information claire sur le programme de ce dernier. Finalement, une dizaine de personnes ont investi la salle pour une projection qui se faisait attendre. Les techniciens allaient et venaient pour vérifier le matériel, tout en rassurant le public que ça allait bientôt commencer. Ce public s'inquiétait entre autre du fait qu'il y avait une fuite d'eau de pluie sur une partie du toit qui donnait sur l'un des baffles. Au bout d'une heure de retard, la projection a démarré avec deux personnes uniquement dans la salle. Le programme a été le seul point fort de cette séance ponctuée d'imprévus. Le premier court-métrage, dédié «aux enfants dont les histoires ne sont pas écrites dans les livres», est une fiction pleine d'humanité où une famille rurale reçoit la visite d'un oncle professeur d'école, une occasion pour que les trois enfants de cette famille montrent leur côté bon élève. Le film tente de démontrer qu'être bon à l'école est différent d'être bon dans la vie, que ceux qui servent leur pays ne sont pas uniquement ceux dont parle l'Histoire officielle, celle écrite dans les livres. Après ce film, le public très réduit de la salle a été surpris par la projection d'un court-métrage égyptien. Il s'est avéré que l'équipe de projection n'avait pas la télécommande du projecteur et était obligée de suivre l'ordre des films gravés sur le DVD. La fameuse télécommande a été retrouvée par la suite et la projection a repris son cours normal. Le deuxième court-métrage intitulé Dua filme un vieux fossoyeur vivant seul, un pied dans la tombe, un pied dehors, confronté à ses démons. Musa a finalement été le dernier film de cette séance, où l'on raconte l'histoire d'un jeune vendeur de DVD de films piratés, qui vit avec l'espoir de jouer dans la fiction d'un grand réalisateur. Un film nostalgique d'une belle époque du cinéma turc tout en peignant un portrait mélancolique du présent. Le reste de la programmation, trois autres films, n'a pas pu être montré à cause du retard pris et pour laisser la place au film de la séance de 17h00. Les trois courts-métrages projetés étaient éloquents quant à la qualité des projets que peuvent produire des étudiants en cinéma en Turquie, avec des histoires bien écrites et une image recherchée. En contrepartie, on constate amèrement qu'en Tunisie, on n'en est pas encore là, puisque cette année le festival international du film amateur de Kélibia avait annulé sa section écoles parce qu'il n'y avait pas suffisamment de films participants. On comprend mieux pourquoi quand on assiste à de telles fausses notes dans l'organisation du festival du film des droits de l'Homme, c'est, paraît-il, le fruit d'un contexte général. Le «mauvais» généralisé ne nous empêche pas d'exiger mieux, et puis d'espérer...