Le 9 mai (1945-2025), l'Europe célébrait la fin de la Seconde Guerre mondiale, marquant la capitulation de l'Allemagne nazie. Cette date, hautement symbolique, est commémorée différemment selon les pays. En Russie, elle est devenue une démonstration de force militaire, tandis que dans d'autres nations, elle est l'occasion de se souvenir des victimes et de promouvoir la paix. Une célébration militarisée en Russie Chaque année, la Russie organise un défilé militaire impressionnant sur la place Rouge de Moscou pour commémorer la victoire sur l'Allemagne nazie. En 2025, le président Vladimir Poutine a présidé le plus grand défilé depuis le début de la guerre en Ukraine, en présence de dirigeants étrangers tels que le président chinois Xi Jinping . Cette démonstration de puissance, avec des missiles nucléaires et des milliers de soldats, vise à renforcer l'image de la Russie sur la scène internationale. Cependant, cette militarisation de la commémoration contraste avec l'approche d'autres pays. En Europe, le 8 mai est souvent marqué par des cérémonies de recueillement, honorant la mémoire des victimes et soulignant l'importance de la paix. Le slogan "Never again" ("Plus jamais ça") est fréquemment utilisé pour rappeler les horreurs de la guerre et l'engagement à éviter leur répétition . En Russie, le slogan "Mojem povtorit" ("Nous pouvons recommencer") est devenu populaire, exprimant une fierté nationale et une volonté de répéter les exploits militaires passés. Ce mantra contraste fortement avec le "Never again" occidental, qui appelle à la vigilance pour prévenir les conflits futurs. Cette divergence souligne des visions opposées de l'histoire et de la manière de la commémorer. Une vitrine qui masque les failles Ces parades, autrefois considérées comme des preuves de la puissance russe, apparaissent de plus en plus comme un rideau de fumée. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pertes humaines, les failles logistiques, et les difficultés à mobiliser des réserves matérielles crédibilisent l'idée d'un affaiblissement militaire. Or, continuer à aligner des blindés et des missiles en parade semble alors relever davantage de la propagande que d'une véritable affirmation de force. Une opération de propagande interne Face à un isolement diplomatique croissant et à une population fragilisée par les sanctions économiques, le Kremlin utilise les parades pour raffermir le moral national. Ces images très symboliques renforcent le culte du chef et tentent de souder l'opinion autour d'une identité militaire glorifiée. C'est une tentative de maintenir l'apparence d'une Russie maîtresse de son destin, malgré les revers subis sur le terrain ukrainien. Des alliances qui interrogent En 2024, des troupes nord-coréennes ont été invitées à défiler à Moscou. Cette scène inédite a suscité la surprise autant que l'inquiétude. Elle illustre une forme d'isolement de la Russie sur la scène internationale, obligée de s'entourer de partenaires marginaux pour continuer à prétendre à une posture de leadership mondial. Plutôt qu'un symbole d'influence, cela apparaît comme un aveu de faiblesse. Une fixation sur le passé La glorification de la victoire de 1945 devient presque obsessionnelle. On parle en Russie de "pobedobesie" (obsession de la victoire), tant la référence à la Seconde Guerre mondiale envahit les discours publics. Cette hyper-mémorisation empêche toute autocritique sur les conflits récents et réduit la stratégie militaire à une répétition de schémas du passé, inadaptés au monde contemporain. La parade désespérée d'une Russie en crise Plus que jamais, les défilés militaires russes apparaissent comme un rituel désespéré pour montrer au monde que le pays tient encore debout. Mais en les scrutant de près, on y voit moins une force conquérante qu'un pouvoir inquiet, replié sur lui-même, à la recherche d'une grandeur perdue. Au lieu d'être le miroir d'une armée invincible, ces parades sont devenues le symptôme d'un pays qui tente de sauver la face, même si cela signifie défiler au pas cadencé sur les ruines de sa propre illusion de puissance. Conclusion La manière dont la Russie commémore la fin de la Seconde Guerre mondiale reflète une volonté de projeter la force et de raviver la fierté nationale. Cependant, cette approche contraste avec celle d'autres pays qui privilégient le souvenir des souffrances passées et l'engagement envers la paix. Alors que le monde célèbre les 80 ans de la victoire sur le nazisme, il est essentiel de réfléchir à la signification de ces commémorations et aux messages qu'elles véhiculent. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!