Une collection inédite d'aquarelles qui invite le spectateur à partager l'héritage de ce que fut l'euphorie créative d'un artiste, disparu, il y a quatre ans. Sculpteur et peintre originaire de Kairouan (1938-2009), il fut l'un des pionniers des arts plastiques en Tunisie. On lui doit la réalisation (ou la contribution) de nombre de sculptures et de statues célèbres, comme celle d'Ibn Khaldoun (Place de l'Indépendance), l'embellissement de la statue à pied du président Habib Bourguiba à Menzel Bourguiba, le monument des Martyrs de Sedjoumi, «Les trois sirènes de Hammamet», le potier de Nabeul, la sculpture monumentale à Hammamet-Sud ainsi que d'autres œuvres d'art. Un hommage lui est rendu à travers l'exposition d'une collection inédite de ses aquarelles datant de 1950 à 2000. Dans ces travaux, la couleur elle-même est son mode d'expression. La forme, le trait, la matière, sont des prétextes, mis tous au service d'une harmonie colorée. Celle-ci est tantôt légère, translucide, tantôt énergique, puissante, profonde et diaphane, mais toujours poétique. En les contemplant, le regard est comme hypnotisé. Il se laisse toucher et emporter par la couleur et dans la couleur. Le fond de la toile est toujours le point de départ à une recherche émotionnelle où les touches colorées s'entrelacent et révèlent au fur et à mesure le sujet, entre le visible et l'invisible, le révélé et le caché. Ce mélange entre chimère et réalité permet à tout un chacun de développer sa grande imagination. Amor Ben Mahmoud trouve son inspiration entre ciel et terre. Sur la ligne d'horizon, propice aux rêves et au silence, il nous conduit dans une atmosphère romantique au bord de la mer, puis nous fait plonger dans des univers sous-marins où fleurissent des constructions «aquatiques» éphémères. Ses «Marines» réveillent nos rêves d'enfance, notre âme de «Robinson», notre soif de découverte et d'émerveillement prête à prendre le large et à rencontrer des contrées lointaines. Quant à ses «nus», la figure féminine est représentée comme une apparition fluide et légère vêtue de rêve et d'imaginaire. Et c'est toute la fugue et la sensibilité du peintre qui sont ici mises en relief. Que le corps ou le visage ne comportent pas de contour ou, au contraire, qu'ils ne soient qu'un contour sans aucun signe, une même force d'expression les habite. De ses traits sûrs jusqu'aux petits accents presque impressionnistes, il évoque une beauté empreinte de mystère. La lumière éclate au cœur de ses créations, dont le lyrisme discret est servi par la subtilité d'une palette nuancée, délicate et sensible. Une peinture raffinée et intemporelle qui éclaire ce qui l'entoure et offre le rêve à celui qui la contemple. Une belle exposition visible jusqu'au 30 octobre prochain.