Le samedi 21 septembre a eu lieu à la Galerie Semia Achour ( à la Soukra) ,le vernissage de l'exposition d'aquarelles dédiée à la mémoire de l'artiste Amor Ben Mahmoud. Le public découvrira encore une fois, en parcourant les cimaises de la galerie, la manière dont l'artiste a abordé l'aquarelle aussi bien par les thèmes choisis que par les techniques utilisées ; cette manière qui témoigne d'une grande maitrise de l'art pictural et d'une certaine originalité. Une belle occasion de se remémorer les multiples talents de l'artiste, qui demeure malheureusement méconnu par le large public. Amor Ben Mahmoud est décédé en 2009, à l'âge de 71 ans. Natif de Kairouan, il a fait ses études de Beaux Arts à Tunis avant de s'envoler pour la France où il a intégré l'Ecole nationale supérieure des Beaux Arts de Paris entre 1958 et 1966. Il avait enseigné à l'Institut supérieur des Beaux Arts de Tunis (ISBAT) entre 1966 et 1999. Membre de l'Ecole de Tunis, il a durant sa carrière artistique, organisé plusieurs expositions, personnelles et de groupe, notamment à Tunis, Kairouan et Paris. Naviguant entre l'art abstrait et figuratif autour d'un thème central, la mer et les marines, Amor Ben Mahmoud était un grand sculpteur. Outre sa collaboration à la réalisation de la statue d'Ibn Khaldoun, il a signé plusieurs autres œuvres dont la statue du monument des martyrs de Séjoumi, la statue « Les trois sirènes » à Hammamet, « le potier de Nabeul » et la sculpture monumentale de Hammamet Sud. Plus d'une soixantaine de toiles inédites, jamais exposées du vivant de l'artiste, ont orné les cimaises de la galerie Semia Achour. Des toiles qui révèlent avec exactitude une élégance exquise et une technique fort avancée. L'exposition comporte plusieurs thèmes, entre ‘autres, la peinture marine, dont on compte au moins, plus de trente œuvres sur la mer et le paysage marin (port, mer, barques, poissons, plages…). Les différentes aquarelles exposées nous montrent le génie créateur de l'artiste. La symétrie des plans et la délicatesse de l'exécution laissent deviner le mouvement intrinsèque du tableau. La fluidité de l'aquarelle rend la toile quasi vivante si bien qu'on pourrait voir les objets bouger sous le miroitement de la lumière. Dans ses aquarelles, toujours exécutées avec beaucoup de passion, de créativité et d'amour, la mer occupe plus du quart de la toile, avec un horizon bien visible. Le ciel est en général nuageux, mais lumineux et coloré, avec beaucoup de tons jaunes et bleus. En général, on trouve des couleurs variées offrant des vues pittoresques. Les plans se succèdent sur la même toile, sans se heurter : en arrière plan, on peut voir le ciel et les nuages, puis la mer calme qui présente parfois quelques mouvements de ressac et, en premier lieu, on voit les barques, ou les plages. De cet ensemble se dégage un sentiment de calme et de sérénité naturelle. Plusieurs éléments attirent l'attention du visiteur : d'abord, les sujets choisis : (ici, la mer, la femme nue, les chameaux, le soleil…), ensuite, l'atmosphère qui se dégage de la toile (la mer agitée ou calme, le ciel clair ou nuageux, puis les couleurs qui composent le sujet (nuances de bleu, de jaune et de rouge…), et enfin , la lumière qui en découle et qui donne du volume et de la profondeur à l'ensemble. Le visiteur est également séduit par la transparence provoquée par la vivacité, la clarté et la tendresse des couleurs, choisies avec beaucoup de soin et de goût, surtout que l'aquarelle est une pratique difficile et une technique qui n'est pas à la portée de tous les peintres, Lors du vernissage de l'exposition, nous avons rencontré Mme Yvette, veuve de feu Ben Mahmoud et organisatrice de cette exposition rétrospective qui nous a déclaré : « J'ai déjà fait une première exposition juste un an après sa mort, suivie d'une deuxième, car j'aime bien que les gens se remémorent les travaux de l'artiste. Les œuvres ici présentées, sont des aquarelles inédites. Elles sont restées intactes, sauf que j'ai eu le soin de les doter de cadres sous verre. Certaines toiles remontent aux années 60, 70 et 80, d'autres sont plus récentes et datent de 2006. Le défunt a commencé à exposer en 1965, juste après son retour de France. Et depuis, il a presque exposé chaque année. Il était beaucoup attiré par la peinture marine, comme vous le voyez aujourd'hui, mais, suivant son humeur, il a travaillé sur d'autres sujets. Il adorait être seul, mais il préférait ma présence car il ne peignait que lorsque j'étais à côté de lui, me prenant pour sa muse ! Chaque fois qu'il achevait son œuvre, il me demandait mon avis, si je lui disais « ça va », il s'arrêtait, sinon, il continuait… »