Des centaines de partisans du Front du salut national et du Front populaire ont manifesté, hier après-midi, à La Kasbah, pour réclamer justice aux martyrs Belaïd et Brahmi «Chokri, repose bien dans ta dernière demeure, tes camarades poursuivront le chemin», «Les alliés de l'impérialisme ont livré le peuple à lui-même », «Il n'y a que des mirages avec le gouvernement actuel», «Ennahdha ne fait que puiser dans l'instrumentalisation religieuse» et «Dégage, dégage, Ennahdha dégage » : tels sont les slogans que scandaient les partisans du Front du salut national, du Front populaire, du mouvement Tamarrod (rébellion) et de l'Union des diplômés chômeurs, le temps d'un rassemblement de protestation organisé, hier, à La Kasbah. Les protestataires, qui avaient assisté à la conférence de presse tenue au sujet des dernières révélations relatives à l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ont ensuite traversé l'Avenue Habib-Bourguiba avant d'arriver à La Kasbah. Ces hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, disant leur révolte contre «la désinformation et la tyrannie» pratiquées par le gouvernement provisoire, nourrissent aujourd'hui une certitude : «Avec le gouvernement actuel, rien n'est clair, tout autant qu'il n'y a pas de lumière au bout du tunnel». Les prémices d'une prochaine noyade Les plus optimistes parmi les contestataires pensent que le pays est actuellement au bord du gouffre et finira par s'y précipiter, en l'absence d'un plan de sauvetage politique et économique soutenu par toutes les forces vives du pays. Tel est le cas de Nizar, de l'Union des diplômés chômeurs. « Les dernières révélations à propos de l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi confirment le laxisme, l'inertie et l'inaptitude de cette équipe gouvernementale à gérer les affaires du pays». Justice, le maillon faible de la chaîne L'autre fait remarquable de cette manifestation n'était autre que le retour en force du mot-emblème de la révolution. L'écho du fameux «Dégage» a souvent retenti. Nadia, militante du Front populaire, note que « dès lors que le corbeau est guide de la nation, il ne fait que la conduire tout droit vers les cadavres», en allusion à l'absence d'un vrai leadership politique capable d'épargner au pays et à la nation un tragique naufrage. A quelques mètres de Nadia, Nizar, du mouvement Tamarrod, martèle que si Ibn Khaldoun a dit un jour que la justice est le fondement de la civilisation, c'est parce qu'il réalisait tout bonnement que la légèreté et la méchanceté sont le propre de l'homme. Pour lui, la justice tunisienne est encore le maillon faible de la chaîne. D'où la nécessité de l'assainir. «Nombreuses sont les maladies qui rongent notre justice. Il ne faut pas en espérer grand-chose. Il est temps de saisir les instances internationales, à mon sens».