De l'Allemagne qui, pour une fois, fait parler la jeunesse plus que l'expérience et la maturité, au Ghana qui privilégie le résultat au spectacle, il y en a pour tous les goûts dans ce Mondial qui commence à sortir de l'ordinaire... Deux constats en ce début du Mondial: il y a des équipes qui jouent pour gagner et d'autres pour qui le spectacle ne passe pas en premier lieu. Le Mondial ne changera désormais pas. Et si on se fait le crédit de penser encore et toujours que la coupe du monde avec ses exigences à la fois sportives et structurelles, notamment avec tout ce qui devait s'y concevoir, reste inaccessible à certaines équipes dont les moyens et les arguments ne semblent pas justement suffire. Que dire d'ailleurs de la prestation de l'équipe algérienne face à la Slovénie sauf que ce fut un grand gâchis au moment où sa principale chance pour la qualification au deuxième tour se jouait dans ce match. Cela nous rappelle en quelque sorte un certain Tunisie-Arabie Saoudite en 2006 quand l'équipe dirigée en ce temps-là par Roger Lemerre et tenue en échec devant un adversaire à sa portée, du moins sur le papier, avait compromis sa qualification en ratant le match qu'il fallait obligatoirement gagner. La défaite de l'Algérie, ajoutée à celle du Nigeria et au match nul de l'Afrique du Sud, prouvent que ces équipes africaines n'ont pas réussi jusqu'ici à trouver ni les convictions, ni les hommes capables de fàire la différence. Les résultats obtenus, les prestations fournies sont assez symptomatiques de la manière avec laquelle on gère les exigences du haut niveau. Ils sont encore autant regrettables pour les réactions qu'elles suscitent que pour les raisons qui les déclenchent. Raisons témoignant d'un rétrécissement de certaines procédures à des formes inarticulées, entraînant la quasi-totalité des acteurs dans une confusion et dans une "faiblesse" qui ne cessent de conditionner leurs parcours dans une pareille épreuve. Pourtant, l'avertissement ne s'est pas fait attendre. L'idée que ces équipes soient recadrées à leur juste valeur ne date pas d'aujourd'hui. Les véritables besoins et impératifs jusqu'ici ignorés, il est vrai sous l'effet d'arguments erronés et déplacés, ont fait que l'on continue à se tromper non seulement de priorité, mais aussi d'opportunité. Ces équipes-là se sont encore une fois égarées au moment où elles devaient pourtant accéder à un nouveau palier, prendre une plus grande dimension. On dit qu'une équipe avertie en vaut deux et, quelque part, on espérait quand même que les atermoiements du passé devaient servir de leçon, ou encore de garde-fou à de nouvelles dérives. On ne voudrait pas ici trop alourdir, mais sur les détails il y a lieu de s'interroger et de se poser beaucoup de questions à la vue de l'incapacité de ces équipes à se frayer un chemin au Mondial. C'est la perte de pensées et d'idées susceptibles de faire avancer les choses. A quel niveau se situe le problème? Celui des joueurs? De leurs entraîneurs? Du groupe? Des individualités? Ou encore des noms, des aptitudes et des compétences? Autant dire que ce qui est accompli ici et là ne reflète pas forcément les véritables aptitudes africaines qui sont de loin plus grandes, plus intéressantes à voir et à dégager que ce qu'on avait pu voir jusque-là. Le cas du Ghana est d'ailleurs très significatif. Voilà en effet une équipe qui sait ce qu'elle veut, qui envisage la Coupe du monde en fonction d'arguments et de prérogatives qui ne dépassent pas outre-mesure les alternatives qu'elle est censée avoir et même valoriser. Autant dire que les choix et les options reflètent ce à quoi on aspire réellement. «Ils veulent du beau jeu, moi je veux gagner.». Milovant Rajevac, le sélectionneur serbe du Ghana, sait vraiment à quoi s'en tenir. Ce qu'il pense, ce qu'il ne cesse de faire rappeler à ses joueurs se résument comme suit : la victoire est là, le spectacle attendra. L'important est de pouvoir faire l'essentiel. Le reste viendra tout seul... La force des grands.... Si on n'a pas encore vu jusque-là ce qu'on espérait, ce qu'on voulait vraiment voir, l'Allemagne, indépendamment de la valeur de son adversaire du jour l'Australie, a tout fait pour nous impressionner. L'Allemagne n'est plus l'Allemagne. Contrairement à ses habitudes, c'est une équipe de jeunes beaucoup plus qu'autre chose. Jeunes, mais aussi et surtout talentueux. L'impératif et l'obligation de l'âge et de la maturité qui avaient conditionné pendant de longues années le profil et la vocation de la Mannshaft n'ont plus vraisemblablement leur raison d'être. Un nouvel ordre, un nouvel horizon semblent se dégager au sein d'une équipe qui veut certainement changer de priorité et de mode d'emploi. Un titre, une consécration, ça ne s'offre pas. Et assurément, l'équipe allemande a les mérites au-delà desquels elle est en mesure de forcer la décision, voire de faire la différence. C'est comme dans la vie : on fait un choix et l'on ne peut que suivre la nature de son cheminement…C'est-à-dire progresser étape par étape jusqu'au sprint final. Mais le sprint final, les allemands donnent l'impression de l'entamer assez tôt. Peut-être plus tôt que prévu... Mais, au fait, qu'est-ce qui fait l'exception de l'équipe en ce début du Mondial. L'idée qu'elle donne et qu'elle laisse entrevoir, celle que l'on a pu ressortir en la voyant évoluer, concerne des individualités et un collectif qui ne sont pas privés de grandes choses. Peut-être des petits riens ? Cela dépend de la manière avec laquelle elle sera tentée d'envisager son avenir en cette coupe du monde...