Un peu plus de deux ans après la finale de l'Euro 2008, l'Allemagne et l'Espagne se retrouvent, ce soir,pour une demi-finale de gala en Afrique du Sud. Impressionnants en huitièmes et en quarts, les Allemands parviendront-ils à faire tomber l'ogre espagnol ? Non, cet Allemagne-Espagne ne se déroulera pas au Soccer City. Seule l'une des deux nations verra Johannesburg pour y disputer le titre mondial dimanche prochain contre le vainqueur d'Uruguay-Pays-Bas. Mais pour beaucoup, cette demie 100% européenne entre les Espagnols, favoris désignés avant la compétition, et les Allemands, qui le sont devenus par la force de leurs résultats, aura déjà la saveur d'une finale. La meilleure attaque, l'Allemagne (13 buts marqués), qui vient successivement de faire exploser l'Angleterre (4-1) et l'Argentine (4-0), contre la meilleure défense, l'Espagne (2 buts encaissés, à égalité avec... l'Allemagne), qui a gardé sa cage inviolée lors de ses deux matches à élimination directe contre le Portugal (1-0) et le Paraguay (1-0), deux des meilleurs buteurs face-à-face, Villa d'un côté (5 buts), et Klose de l'autre (4 buts), deux équipes à la philosophie de jeu résolument tournée vers l'avant, les ingrédients ont de quoi faire saliver. D'autant qu'hormis Thomas Müller, suspendu, tous les acteurs majeurs des deux camps seront présents au rendez-vous. Reste à savoir si tous seront conviés à débuter. Car de l'autre côté des Pyrénées, il se dit que Fernando Torres, auteur du but vainqueur lors de la finale de l'Euro 2008 (1-0), mais très discret depuis le début de cette Coupe du Monde, pourrait être écarté du onze de départ au profit de David Silva, voire de Cesc Fabregas. Formations probables Allemagne : Neuer - Lahm (cap.), Mertesacker, Friedrich, Boateng - Khedira, Schweinsteiger - Kroos (ou Trochowski), Podolski, Özil - Klose. Espagne : Casillas (cap.) - Ramos, Piqué, Puyol, Capdevilla - Busquets, Xabi Alonso, Xavi, Iniesta - Torres (ou Silva ou Fabregas), Villa. --------------------- Aragones : "L'Espagne va passer" L'ancien sélectionneur de l'équipe d'Espagne, Luis Aragones, plutôt critique avec la "Roja" depuis le début du Mondial, a "le moral gonflé à bloc" et voit les Espagnols franchir l'obstable allemand ce soir en demi-finale, a-t-il confié au journal Marca. "J'ai le moral gonflé à bloc et je crois sincèrement que l'Espagne va passer", affirme-t-il dans l'édition de mardi du quotidien sportif espagnol. "Je vois une Espagne qui joue de mieux en mieux, imposant son jeu dans presque tous les matches, certains avec plus de difficultés et d'autres moins", a ajouté le "sage d'Hortaleza", champion d'Europe avec l'Espagne en 2008. "L'Espagne est montée en puissance et ça c'est très important dans un Mondial", prévient l'une des figures les plus respectées du foot espagnol. Contre l'Allemagne ce soir, l'ancien sélectionneur "espère voir l'Espagne maître du ballon, sa grande qualité, jouant à une vitesse supérieure". Aragones avait fortement critiqué l'animation de l'équipe espagnole après son premier match contre la Suisse (perdu 1-0) puis s'était montré "pas très optimiste" avant le 8e de finale face au Portugal (remporté 1-0). ---------------------- Löw : "L'Espagne a plusieurs Messi" Joachim Löw n'a pas oublié la finale de l'Euro perdue, il y a deux ans, contre l'Espagne (1-0). Pour autant, s'il estime que la "Roja" d'alors était beaucoup plus forte que la Mannschaft de 2008, il affirme aussi que les forces se sont aujourd'hui équilibrées. "Nous nous sommes beaucoup améliorés [depuis 2008], et nous avons des raisons de penser à la finale. Chaque match est unique, l'Espagne était la meilleur équipe mais les choses sont différentes aujourd'hui", a répondu Joachim Löw à l'inévitable question sur la finale de l'Euro 2008. Pour arriver jusqu'en demi-finale, l'Allemagne a dû en passer par l'Argentine (4-0) et par la maîtrise de Lionel Messi, ce que n'ont pas manqué de lui rappeler les journalistes en conférence de presse. Mais la réponse du sélectionneur Allemand ne s'est pas laissé attirer par la facilité: "L'Espagne n'a pas qu'un Messi. Elle en a plusieurs. Elle a fait preuve d'une grande solidité défensive. Nous ne pouvons commettre aucune erreur. C'est une sélection très bien modelée, composée de joueurs du Real et de Barcelone, une bonne équipe qui fera un bon match. L'Espagne et l'Allemagne sont deux équipes ordonnées et qui jouent bien au ballon. Sans excès physique". Il a toutefois prévenu: "Nous voulons jouer la finale et la gagner". ------------------ Casillas: "Le match le plus important de notre histoire" Iker Casillas n'a pas peur des mots... et de se mettre la pression. Il n'a pas hésité à désigner la demi-finale de ce soir, contre l'Allemagne, comme le plus grand rendez-vous de l'histoire du football Espagnol. Le portier Madrilène affirme que "le peuple espagnol veut la victoire, il veut la Coupe du Monde". C'est peut-être l'une des raisons qui l'ont poussé à dramatiser, à ce point, l'enjeu du match contre l'Allemagne: "C'est le plus important de l'histoire de la sélection. Encore plus que la finale de l'Euro 2008. Nous ne sommes pas venus ici pour finir quatrièmes". C'est dit, ça reste à faire. --------------------- Lahm veut rester capitaine Désigné capitaine en l'absence de Michael Ballack, Philipp Lahm a indiqué qu'il souhaitait conserver cette responsabilité après la Coupe du Monde. «Le rôle de capitaine me procure beaucoup de plaisir, c'est une grande joie. Pourquoi devrais-je le rendre de ma propre initiative. J'aimerais conserver le brassard de capitaine. Quand on remplit son rôle sur le terrain et quand on maîtrise son poste comme je le fais, on veut plus de responsabilités. On verra ce qui se passera», confie l'international allemand dans une interview à paraître dans Bild. -------------- Torres: "Personne n'a une place assurée" Loin de sa forme optimum, l'attaquant de Liverpool, Fernando Torres, n'a toujours pas inscrit le moindre but lors de la Coupe du monde 2010. La faute à une blessure au genou qui l'a privé d'une partie de la préparation d'avant-Mondial. Mais le joueur ne se cache pas derrière ce pépin physique et avoue manquer de jus, dans les colonnes de Marca: "La place dans cette sélection est très chère, tout le monde peut être titularisé. Personne n'a de place garantie. Donc à moi de travailler dur pendant la semaine pour être dans le onze de départ et, si ce n'est pas le cas, j'essayerai de soutenir de l'extérieur. Mon retour a été une bataille contre la montre et je veux simplement profiter de cela". ------------------- Dans le rétro Avantage à la Mannshaft Coupe du monde 1966 (Angleterre) - Premier tour RFA - Espagne : 2-1 La lutte fait rage dans un groupe où figure aussi l'Argentine. Les Espagnols et les Allemands s'affrontent lors du troisième match, à quitte ou double pour une place en quarts de finale. La Roja, qui a besoin d'une victoire pour passer, se met sur la bonne voie en ouvrant le score par Fuste avant la demi-heure de jeu. Mais les hommes d'Helmut Schoen égalisent dans cette première période, et arrachent finalement la victoire par Seeler dans les dernières minutes (84e). L'Espagne rentre chez elle, tandis que la RFA se hisse en finale où elle s'incline face à l'hôte de ce Mondial, l'Angleterre (4-2 a.p ) --Coupe du monde 1982 (Espagne) - Deuxième tour RFA - Espagne : 2-1 Seize ans après, l'histoire semble bégayer. L'Allemagne bat encore l'Espagne, sur le même score qu'en 66, et dispute ensuite une nouvelle finale mondiale... qu'elle perd encore, face à l'Italie cette fois. La troisième étoile attendra 1990. --Coupe du monde 1994 (Etats-Unis) - Premier tour Allemagne - Espagne : 1-1 L'enjeu de ce match est essentiellement de préserver les chances de qualification. Guardiola et ses équipiers ouvrent vite le score (14e) mais ne parviennent pas à contenir Klinsmann (48e), auteur de cinq buts en autant de matches outre-Atlantique. Les Allemands terminent en tête du groupe, devant l'Espagne. Euro 2008 (Suisse et Autriche) - Finale Espagne - Allemagne : 1-0 Le dernier affrontement entre Espagnols et Allemands, qui présente des similitudes avec la situation actuelle. La Roja domine les débats face à une Mannschaft trop prudente et qui ne réussit pas à afficher le réalisme froid qui l'a porté jusque-là. Alors que les Allemands s'éteignent, Fernando Torres se réveille. Discret durant la compétition, l'attaquant de Liverpool a davantage de pression dans cette finale car il doit compenser la blessure de son habituel compère d'attaque, David Villa, meilleur buteur du tournoi (4 buts).