Des quantités de lait mélangées à un produit chimique. Un employé du centre de collecte d'El Fahs donne l'alerte Le centre de collecte de lait d'El Fahs va devoir bientôt fermer ses portes. Une procédure judiciaire est en cours. Ce centre, qui produit près de 34.000 litres de lait par semaine pour l'approvisionnement des centrales laitères spécialisées dans la fabrication des produits laitiers et leurs dérivés, a pris l'habitude depuis quelque temps (on ne sait pas si cela dure depuis des jours, des semaines, des mois ou des années...) de mélanger le lait avec un produit chimique, le dipotassium phosphate d'origine chinoise, afin d'en réduire l'acidité. En effet, s'il est trop acide, le lait est automatiquement refusé par la centrale laitière. Afin d'éviter ce manque à gagner qui est loin d'arranger ses affaires, le centre de collecte a commencé à utiliser le dipotassium phosphate pour camoufler le manque de fraîcheur du lait et pouvoir ainsi l'écouler auprès de la centrale laitière sans que cette dernière ne découvre le pot aux roses.C'est un employé travaillant dans le centre qui a décidé d'alerter la direction régionale du commerce du gouvernorat de Zaghouan. 17.000 litres de lait destinés à l'approvisionnement de la centrale laitière mélangés avec deux litres de dipotassium viennent d'être saisis et détruits. «Nous ne savons pas encore combien de quantités de lait ont été mélangées avec ce produit. Nous allons faire une enquête pour savoir d'où provient ce dipotassium phosphate. Est-ce qu'il s'agit d'un produit de contrebande ou est-ce qu'il a été importé légalement. Nous nous posons plusieurs questions. Depuis quand utilise-t-il ce produit? Comment se l'est-il procuré? Existe-t-il des producteurs et d'autres centres de collecte qui l'utilisent? C'est toute la filière que nous prévoyons de contrôler», a souligné M. Yousri Damaghji, directeur régional du commerce. Le circuit du lait frelaté : la grande inconnue Pourtant, des prélèvements étaient effectués régulièrement jusqu'ici au niveau des centres de collecte de la région, mais le produit n'a pas été détecté, car «les laboratoires d'analyses physico-chimiques ne sont pas équipés pour cela», a ajouté le responsable. La direction régionale du commerce de Zaghouan a alerté les autres directions régionales afin qu'elles contrôlent les centres de collecte et les centrales laitières qui se trouvent sur tout le territoire. Il reste que des produits laitiers fabriqués probablement à partir du lait frelaté ont été soit écoulés sur le marché, soit consommés ou se trouvent actuellement sur les rayons des centres commerciaux et des épiceries. Selon la direction régionale de Zaghouan, il est difficile pour les grandes marques agroalimentaires de vérifier si leurs produits laitiers qu'elles ont fabriqués et distribués sur le marché contiennent ou pas du lait frelaté, du fait qu'elles se procurent de très grandes quantités de lait auprès de plusieurs centres de collecte. Or, le circuit du lait frelaté est difficile à cerner. Quant aux effets sur la santé du dipotassium phosphate, ils ne sont pas encore connus. «La consommation régulière de produits laitiers à base de lait contenant du dipotassium phosphate peut générer un cancer du sang (leucémie). Mais c'est une probabilité», conclut le directeur régional du commerce du gouvernorat de Zaghouan.