Le concert «Espoir pour Tous» est un beau spectacle de musique, de danse et de chant traditionnels japonais. Rendez-vous annuel très attendu, l'Octobre musical a inauguré mercredi dernier son édition 2013 dans le prestigieux cadre de la Basilique Saint-Louis (Acropolium de Carthage) par la majestueuse troupe japonaise de musique et de danse «Tsugaru Shamisen, Mugen-Juku et Shisen-Kai». Une soirée placée sous le signe de l'espoir et de l'amitié, en particulier celle qui lie la Tunisie au pays du Soleil levant, puisque ce spectacle est organisé par la Japan Foundation (Incorporated Association Hope) en parrainage avec les ambassades du Japon à Tunis et de Tunisie à Tokyo. Une association de «l'espoir» qui permet aux artistes japonais de continuer à faire leurs tournées en hommage aux disparus du tsunami et du séisme qui ont frappé la région, il y a quelques années, et en remerciement à ceux qui reconstruisent la région et à ceux qui ont soutenu le pays à travers le monde, dont la Tunisie, comme on a pu le voir à travers un petit documentaire projeté sur écran, en voix off, lors de la soirée. Très jeunes virtuoses Devant une salle archicomble, près d'une cinquantaine de jeunes musiciens et de danseurs se sont produits sur scène, où l'on a compté de très jeunes solistes... de vrais virtuoses. Ils ont offert une musique très originale avec des sonorités particulières se dégageant d'un instrument presque mythique : «le shamisen». Il s'agit d'un luth à caisse, de résonance carrée, construit en bois de santal et recouvert de peau de serpent. Son manche est long et fin, sans frette, possédant trois cordes faites de soie ou de nylon. Un vrai bijou placé entre les mains des artistes du «Mugenjuku». Une prestation techniquement époustouflante nous a transportés dans un univers de rêve et de légendes. La poésie est là et le son est bien projeté, ce qui a donné au spectateur le sentiment de cohérence et d'unité stylistique propre à la troupe. Une palette riche en sonorités profondes, en cordes pudiques, soyeuses et lumineuses. Mieux, les musiciens semblaient communiquer subtilement avec les «Shisenkai» (les membres de la troupe de danse traditionnelle). Celles-ci, enveloppées de la soie de leurs magnifiques kimonos, coiffées avec raffinement, maquillées de mystère et dotées de leurs éventails, dansaient ou interprétaient le «Buyo» (l'art du mime), constituant en elles-mêmes un admirable spectacle pour les heureux spectateurs présents, ce soir-là. Les tableaux de danse et de mime s'enchaînaient, tout au long de la soirée, sur fond de musique, de vocalises et de chansons chatoyantes qui nous ont fascinés, même si le sens nous échappait. Ces tableaux ont été suivis d'une danse plutôt masculine, celle du Sabre, dont les mouvements et les gestes du Samouraï reflètent cette image légendaire des divinités chassant le mal et évoquent, de façon scénarisée et divertissante, l'origine des mythes et des coutumes d'un pays où l'art est précieux. Le spectacle a compté aussi l'agréable présence scénique du soliste tunisien Riadh Fehri, qui a donné une belle performance au luth en compagnie d'une soliste japonaise au «Shamisien». Un métissage musical impressionnant qui, le temps d'un récital, a joint les bords de deux grandes cultures. Une formidable fusion, un jeu structuré et une parfaite symbiose entre les deux instruments. Nous avons mieux qu'apprécié. En ces temps marqués par une atmosphère générale de stress et, souvent, de pessimisme, le public tunisien avait besoin de détente, de joie et de lueur d'espoir. Dans ce sens, nous pouvons affirmer que les présents ont été bien servis par ce spectacle joyeux et haut en couleur. Ils l'ont, d'ailleurs, fait savoir par leurs applaudissements nourris, au grand plaisir de nos amis du pays du Soleil levant.