Un nouveau pont, plus large, remplacera l'actuel qui est centenaire Il y a plus de cent ans, au temps où la Compagnie générale française de tramways gérait encore le TGM, le train passait par le petit pont de Marsa-Plage. Ce pont-rail, construit entre 1904 et 1905, permettait au train de circuler au cœur de la ville. Il s'est transformé par la suite en un passage pour les voitures, qui fait partie de l'avenue Habib-Bourguiba. La route relève depuis 2006 de la municipalité de la ville de La Marsa. Seulement, depuis mai 2012, seuls les piétons ont accès au petit pont. En l'absence d'entretien, les parapets se sont lézardés, et les butées de pierre ocre se sont éventrées par endroits. De l'intérieur, « les poutrelles en métal de type IPN, qui ont une durée de vie de 50 à 100 ans, se sont fissurées », d'après Inchirah Hbabou, architecte et urbaniste. «Deux expertises, l'une réalisée par le Centre d'expertises du ministère de l'Equipement et l'autre par un bureau d'études privé, prouvent que le pont est condamné et qu'il ne peut plus supporter la circulation de la ville de La Marsa », assure Maher Zaher, premier vice-président de la délégation spéciale de la municipalité de La Marsa et président de la commission technique. Flou Face à ce problème, la municipalité avait deux possibilités : soit réhabiliter le pont, soit le détruire pour le reconstruire. «Selon les premières évaluations, entretenir le pont aurait coûté 800.000 DT. Le refaire complètement coûterait 200.000DT de plus. On a opté pour la solution la plus pérenne, c.-à-d. la reconstruction», affirme le responsable. «Si on garde la charpente, explique-t-il, on sera à nouveau confronté au problème de l'entretien, que personne ne sait faire à part la Société nationale de transport. Un pont reconstruit aurait, en revanche, une durée de vie de 150 ans». Le nouveau pont sera élargi de 5 mètres, dont une grande partie sera réservée aux piétons. Les escaliers, se trouvant de part et d'autre du pont, vont également être réaménagés. Selon Maher Zaher, «tout sera fait dans le respect du site sur les plans architectural, urbanistique et environnemental». La fermeture du pont a beaucoup affecté la circulation au niveau de Marsa-Plage. Les riverains se sont plaints à la municipalité en lui adressant une pétition (datée du 2 juillet 2013) dont voici un extrait : «Nous, habitants et commerçants de Marsa-Plage, vous informons de notre grand mécontentement à cause des décisions arbitraires et aléatoires concernant l'organisation de la circulation et la lenteur infinie dans l'entretien des monuments de la ville. (...) Le pont est fermé depuis plus de huit mois sans qu'il n'y ait aucune entreprise de réhabilitation et sans communication claire sur ce qui se passe, au point que les gens se mettent à douter de l'existence même d'un problème (ndlr: au niveau du pont) !» Pourtant, Mohamed Riahi, président de la délégation spéciale, assure que pas moins de quatre conseils municipaux ont été organisés au sujet du pont, dont un où on a effectué la présentation de tout le projet. «Ça a été annoncé dans les journaux. Les réunions étaient publiques, donc tout le monde pouvait assister». «Au niveau de la communication, je n'ai jamais vu pire que cette délégation», déplore Radhia Ben Mrad, présidente de l'Association de la sauvegarde de la ville de La Marsa et urbaniste de profession. Elle atteste avoir envoyé un courrier à la municipalité en août, demandant une audience pour voir le projet en détail. «On n'a pas eu de réponse. On aurait aimé voir comment l'aspect historique allait être préservé dans le cas où le pont allait être reconstruit», dit-elle. En parlant d'historicité, dans une lettre adressée à Radhia Ben Mrad le 7 mai 2013, le directeur général de l'Institut national du patrimoine, Adnène Louhichi, avait qualifié le monument de «pont historique». En revanche, pour Fethi Bahri, directeur du département des monuments et des sites à l'INP, «la valeur historique du pont est à démontrer». Le pont, rajoute-t-il, «n'a pas les deux conditions nécessaires pour être classé. Il ne présente ni une spécificité architecturale ni une spécificité technique». Les travaux sur le pont devraient commencer incessamment. Une réunion publique est prévue aujourd'hui à 10h00, à la municipalité, pour présenter le projet. Le président de la délégation spéciale a promis d'informer les riverains et les associations actives sur la ville. Auront-ils leur mot à dire sur le devenir du petit pont ?