Mardi dernier, à la Foire internationale du livre, Gilbert Naccache a présenté son nouvel opus. L'auteur de «Cristal», œuvre écrite en prison sur les bouts de papiers des paquets de cigarettes de la marque éponyme, était présent pour présenter Le Manchot et autres nouvelles, un recueil de nouvelles écrites entre 1981 et 2013 et dont certaines ont paru dans de précédentes œuvres comme «Le Ciel est par-dessus le toit», «Nouvelles, contes et poèmes de prison et d'ailleurs». Gilbert Naccache commence par un coup de gueule soulevant l'absence flagrante d'œuvres littéraires dans la Foire du livre. «Il ne faut pas blâmer uniquement le ministère de la Culture mais aussi les agents culturels qui ne font pas leur boulot, tous occupés par le travail politique et même quand ils font leur boulot cela se présente, souvent, comme une sorte de pamphlet politique», note-t-il. Naccache enchaîne avec une question existentielle : «Pourquoi m'est-il nécessaire d'écrire?», se demande-t-il et de répondre : «Cela aide à prendre du recul par rapport aux préoccupations immédiates dans un monde où l'on nous propose des solutions, à nos maux, toutes aussi impossibles qu'absurdes. C'est pour cela qu'il m'est indispensable aller ailleurs... vers un imaginaire qui devient "possible" et qui est, en l'occurrence, rendu réel par le simple geste d'écrire.». En effet, telle est la motivation première qui a amené Gilbert Naccache à écrire «Le Manchot et autres nouvelles», une série de 12 nouvelles dont une éponyme, inspirée de la nouvelle «L'histoire du Kangourou» de Primo Levi. Le Manchot est celui qui n'est pas à sa place dans une soirée mondaine, c'est aussi ce jeune homme condamné à mort et exécuté ou encore ce pianiste virtuose qui se dépasse soudain mais c'est surtout tous ces personnages réunis autour de l'auteur et qu'il nous présente avec une simplicité poignante. L'auteur pose un regard sur l'humain et son rapport avec la célébrité, son origine et son devenir. Loin d'être un exercice de style, car ce qui prime chez Gilbert Naccache, c'est surtout le sens, la narration est faite avec une extrême légèreté dans le traitement du tragique, précise-t-il avant de conclure sur une note d'humour : «Voilà ce que j'ai commis pour vous divertir un peu». Une deuxième signature aura lieu aujourd'hui à 15h00 au Palais des expositions du Kram. A ne pas rater sous aucun prétexte.