Il semble bien qu' au moment où nous mettions sous presse, le Dialogue national ait subi son premier échec, du moins en termes de délais « Avec le refus par les autres partenaires de Ahmed Mestiri, Ennahdha pourrait abattre la carte Jalloul Ayed, une personne qu'une grande amitié lie à un haut responsable du parti islamiste », nous a confié, ainsi qu'à quelques autres journalistes, le secrétaire général adjoint du Parti des patriotes démocrates unifié, Mohamed Jmour. Il ajoute : « Jalloul Ayed n'est pas la personne adéquate pour présider le gouvernement tunisien, son passage à la Banque marocaine du commerce extérieur en tant que président du comité de direction est très controversé ». A quelques heures de la fin du délai que s'était fixé le Quartet pour annoncer le nom du futur chef du gouvernement, les négociations étaient toujours au point mort hier. Le parti Ennahdha tenait mordicus à Ahmed Mestiri, tandis que la grande majorité des partis représentés au Dialogue national plaidaient toujours en faveur de Mohamed Ennaceur, chargeant le premier, en raison de son âge avancé et mettant en doute sa capacité à diriger le pays en cette période délicate. « Soupçonné » d'avoir un penchant pour Ahmed Mestiri (beau-parent de Ahmed Nejib Chebbi) et « faisant les frais de tirs amis », selon les propres termes de Issam Chebbi, le parti Al-Jomhouri enchaîne les déclarations en « off » et devant les micros : « Nous n'avons aucune préférence, nous estimons que tous les noms cités obéissent aux critères, mais nous refusons, par principe, que soit exclu un candidat eu égard à son âge », explique Issam Chebbi. « Il est important qu'un chef de gouvernement jouisse d'une certaine vitalité, nous ne comprenons pas pour quelle raison Ennahdha s'accroche à son candidat, malgré le vote majoritaire d'hier (vendredi) en faveur de Mohamed Ennaceur », se demande Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des travailleurs. Pour Mouldi Riahi, porte-parole d'Ettakatol, le vote de vendredi n'a aucun sens et n'aurait jamais dû filtrer. « Nous nous étions mis d'accord, dès le départ, que la notion de majorité et de minorité n'aurait pas sa place au Dialogue national. Et puis tout est relatif, il est clair que le parti Ennahdha est minoritaire ici, mais n'oubliez pas qu'il est majoritaire à l'ANC. Même si la mission est difficile, tout devra passer par le consensus », affirme-t-il. De son côté, Ameur Laârayedh, représentant d'Ennahdha au Dialogue national, a réitéré l'attachement de sa formation politique en la personne de Ahmed Mestiri, vu « son impartialité, son intégrité et sa volonté de réaliser les objectifs de la révolution ». Il jure que celui-ci n'est pas « le candidat d'Ennahdha », mais qu'il est simplement « soutenu ». Pour sortir de l'impasse, la position de l'Alliance démocratique se précise. « Nous proposons de nommer Mohamed Ennaceur en tant que chef du gouvernement, Ahmed Mestiri comme conseiller sécuritaire, et Jalloul Ayed comme conseiller économique », propose le constituant Mahmoud Baroudi. D'autres voix préconisent le recours à trois conseillers aux côtés du prochain locataire de La Kasbah. En début de réunion, Hamma Hammami a même remis sur la table des négociations les noms de Mokhtar Trifi et de Chaouki Tabib. « C'est le blocage ! », avoue avec colère Mongi Rahoui, constituant du Parti des patriotes démocrates unifié. Il est vrai qu'avec un Front de salut (à l'exception d'Al Jomhouri) qui refuse Ahmed Mestiri et un Ennahdha qui ne veut pas de Mohamed Ennaceur, il semble bien que le Dialogue national ait subi son premier échec, du moins en termes de délais, et au moment où nous mettions sous presse.