Les initiatives et les activités hors festival d'été ne manquent pas du côté du Centre culturel international de Hammamet. La dernière en date fut la première édition de la manifestation «Arts visuels et sonores», accueillie par Dar Sébastien du 6 au 13 du mois courant. Conçue par la dynamique plasticienne Sélima Karoui et organisée par le centre avec le concours de l'Institut français de coopération, cette manifestation a consisté en une résidence de création pour huit artistes (cinq Tunisiens et trois Français) qui ont travaillé, une semaine durant, dans cette magnifique villa, créé et monté des œuvres inspirées de cet espace et à partir des éléments de son environnement direct. Des performances en live et des expérimentations, des échanges et des pratiques individuelles, des assemblages et des installations, du visuel, du plastique et du sonore, chacun y est allé à sa manière pour donner libre cours à sa créativité, avancer dans sa démarche, prospecter d'autres niveaux, tout en mettant à l'honneur Dar Sébastien, l'hôte, la muse et en même temps la «caverne d'Ali Baba», dans laquelle la plupart des artistes ont puisé les matériaux essentiels de leurs travaux : écorces mortes de palmiers, pierres, de la ferraille abandonnée, etc. Une dimension et un message écologistes matérialisés par l'expérience d'un Abdelaziz Belgaïed, par exemple, qui n'a de cesse de travailler sur la récupération et l'assemblage des rejets d'une société qui abonde dans la consommation et, par là même, dans la pollution, en des sculptures, de véritables œuvres d'art. Pour l'occasion et se fondant dans la même thématique, Sélima Karoui et Frédéric Florit (alias Rezine 69) ont eux aussi construit des installations visuelles (vidéo-performance pour la première et dispositif d'assemblage de rebuts) à partir d'objets récupérés au fil des jours et tout au long de la résidence, que ce soit dans les jardins, derrière l'amphithéâtre ou même dans la cave de la villa. D'autres artistes, tout en partant de la même approche, celle de bâtir des œuvres communes à partir du lieu, ont dirigé leur recherche plastique vers l'appropriation de l'espace. En effet, Ali Tnani ou encore Néjib Ben Khalfallah ont proposé un parcours sonore installé dans la galerie de la villa pour le premier, et une chorégraphie sur les marches de Dar Sébastien. Le visuel et le sonore ont ainsi fusionné pour donner à voir des expressions alternatives, résolument contemporaines et qui trouvent de plus en plus de répondant dans notre pays. Cette résidence de création, qui en est à sa première édition, ne pourra qu'évoluer et se diversifier avec notamment la participation d'autres artistes représentant des démarches différentes plurielles. En tout cas, les amateurs et les visiteurs locaux et étrangers du centre pourront avoir une idée sur des travaux montés lors de cette semaine dont certains ont été légués au Centre culturel d'Hammamet. Un regret toutefois : il s'agit du faux bond des intervenants programmés pour le symposium autour de la question du «visuel et du sonore dans les pratiques artistiques contemporaines». Heureusement, Fathi Akkari a présenté sa communication sur «La genèse du corps spectaculaire». Par sa présence et la richesse de ses propos, il a su animer le débat et susciter l'intérêt et les questionnements des présents, notamment les artistes résidents. Idem pour Lassaâd Ben Abdallah qui a traité des «parallèles entre la scène alternative et la dynamique des festivals». Un sujet qu'il maîtrise, fort de son expérience d'homme de théâtre, de metteur en scène et de directeur du festival d'Hammamet. La première édition d'«Arts visuels et sonores», malgré des moyens limités, n'a pas déçu, loin de là. A la prochaine…