Une résidence de création se prépare sous le ciel hammamétois dans l'un des lieux les plus chargés d'histoire de la ville balnéaire. Elégante, raffinée, esthétiquement hors du commun, «Dar Sebastian», sous l'enseigne du Centre culturel international de Hammamet, accueillera du 6 au 13 juin neuf artistes tunisiens et étrangers pour un séjour placé sous le signe de la créativité et de l'avant-gardisme. Sous l'égide du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, en partenariat avec l'Institut français de coopération, l'événement sera une première du genre. Dotée d'une facture spécifique, absolument axée sur les pratiques et réflexions contemporaines, la manifestation prendra donc place sur les parages mythiques du Centre de Hammamet, dont le directeur, Lassaad Ben Abdallah, est également celui de son Festival international. Homme de théâtre et de spectacle qui n'est plus à présenter, ayant derrière lui multiples actions et expérimentations dans le domaine, il reste continuellement fidèle à ses ambitions de décloisonnement artistique et de pluralité disciplinaire. C'est dans ce sens qu'il a fait appel à l'artiste visuelle Selima Karoui, ici chargée pour la «M.A.V.S.» (Manifestation Arts Visuels et Sonores) de la conception et de la programmation de l'«event». Evoluant à l'accoutumée principalement sur la scène contemporaine, dans les galeries d'art étrangères et tunisiennes avec pour principale pratique artistique ses recherches vidéographiques, photographiques et picturales. Cette artiste, qui sera également résidente pendant le séjour de création, a pensé à réunir les différents intervenants autour de Dar Sebastian, afin de proposer lors de leur séjour, des pratiques de réflexion et d'échanges autour de leurs œuvres communes. Ce projet, d'abord soutenu par Lassaad Ben Abdallah, qui a donné le premier «carte blanche» à la conception de l'événement, a trouvé en l'I.F.C (Institut Français de Coopération) un partenaire de taille. En effet, active et présente dès les prémices idéelles et les intentions initiales de «M.A.V.S- 1ère Edition», la chargée de mission en «Cinéma et Arts Visuels», Emmanuelle Ferrari, ainsi que l'attachée culturelle Irène Bourse, ont encouragé ce type de démarches et approches novatrices, où le réseau de mise à l'ouvrage se réclame de foisonnement intellectuel. Pour ce faire, l'ensemble des artistes présenteront au public, amené à visiter les lieux selon une dynamique de portes ouvertes, entre performances en «live», actions expérimentales, installations visuelles et plastiques, des expositions permanentes… Chaque artiste résident apportera avec lui une œuvre qu'il estime «phare» parmi ses dernières créations, assurant dès le début de la résidence, ce que nous appelons «La Galerie Visio-Sono», accessible dès l'ouverture de la manifestation. C'est lors d'une «soirée de clôture», le samedi 12 juin, en fin de résidence de création, que les artistes présenteront leurs œuvres communes, pensées et réalisées pendant leur séjour, après une «Journée spéciale communications d'artistes», le vendredi 11 juin, où chacun d'entre eux prendra la parole pour raconter son parcours, présenter les centres névralgiques de ses recherches passées et actuelles, partager son expérience… à la manière d'une session de conférences. D'autres correspondances auront lieu avec le «Symposium autour de la question du visuel et du sonore dans les pratiques artistiques contemporaines», programmée le mercredi 09 juin, donnant lieu à diverses interventions d'invités extérieurs, entre universitaires, journalistes, critiques, hommes de théâtre, galeristes, chargés de mission en arts et événements visuels. Ce seront ici divers acteurs culturels de la place artistique qui viendront discourir des questions théoriques et thématiques qui animent la manifestation. A travers des communications orales sous forme d'une session journalière de séminaire, chacun d'entre eux apportera une réflexion individuelle en traitant d'une problématique spécifique à son champ d'action. L'ensemble de ces manifestations ponctuelles auront pour mot d'ordre l' «éclectisme» intellectuel, spirituel et artistique, afin d'éviter les goûts exclusifs qui souvent se limitent à des catégories sectaires. Ainsi, les résidents étrangers sont : la chorégraphe, installatrice visuel et sonore comme Sabine de Vivies (Marseille - France), l'artiste peintre, graff'eur et calligraphe Rezine 69 (Lyon‑- France), Anais Delmas, journaliste et critique d'art international (France). Parmi les Tunisiens, citons Abdelaziz Belgaied, installateur, plasticien et créateur du collectif «L'Atelier D», Majdi Rabeh alias Boomj, V.J (video-joking), graphiste et installateur visuel, Néjib Ben Khallfallah, interprète et concepteur de spectacles vivants, un des pionniers de la chorégraphie moderne, Selima Karoui, performeuse et artiste visuelle, Selim Tlili, photographe et performeur de «speed-painting» («peinture rapide»), et Ali Tnani, plasticien et artiste digital. Par ailleurs, le «Symposium autour de la question du visuel et du sonore dans les pratiques artistiques contemporaines», où la place sera d'abord accordée aux communications orales et théoriques des intervenants invités, se propose de garder cet esprit éclectique. Abdelhalim Messaoudi, critique et universitaire, viendra discourir du «Corps et son visuel, de la scène antique à la scène contemporaine». Afif Riahi, organisateur d'événements liés aux cultures sonores et électroniques, créateur du Festival Electro-Sonores de Tunis, sera présent pour aborder la problématique de «L'événementiel d'avant-garde dans un pays dit encore conservateur». Fethi Akkari, acteur, universitaire et didacticien en théâtre, donnera une communication intitulée la «Genèse du corps spectaculaire». Mahmoud Chalbi, plasticien et animateur de la galerie l'Aire Libre, se posera la question de savoir si «la Galerie d'art contemporaine (est) une nouvelle arène visuelle ?». Enfin, la dernière intervention sera assurée par Lassaâd Ben Abdallah, producteur et coorganisateur de la manifestation, qui dressera les «Parallèles entre la scène alternative et la dynamique des festivals». Avec la «Manifestation Arts Visuels et Sonores», la création sera une mise en vision des possibles. Ayant pour médium la plasticité, l'image, le son, le corps même de l'artiste et de son œuvre, elle aura pour ambition de rompre avec les poussiéreuses traditions icônographiques, afin de créer une nouvelle icônicité. Nous y reviendrons.