Une croissance économique durable est impossible sans un cadre macroéconomique stable La Tunisie n'a plus de choix que de trouver une nouvelle orientation pour répondre à de nouveaux défis et surtout éviter que la Tunisie ne sombre dans le chaos. Si les Tunisiens ont réclamé avant le 14 janvier de la liberté, de la dignité, de l'emploi, du développement, il faut reconnaître que leur déception est grande et qu'ils doivent aussi réclamer aujourd'hui, en plus, de la sécurité. Faut-il reconnaître aussi que ce gouvernement a échoué dans de nombreux domaines. Aujourd'hui la Tunisie est malade de nombreux dysfonctionnements et a besoin, en toute urgence, d'intervention de grands spécialistes. La Tunisie a besoin des bonnes personnes à la bonne place. Et ceux qui prétendent le contraire sont inconscients des enjeux et des risques qui guettent la Tunisie. Parce qu'au final, c'est la dernière chance pour sauver la Tunisie d'un chaos qui semble désormais programmé. Alors que la révolution doit porter l'espoir d'un avenir meilleur, la société tunisienne semble tomber dans l'ornière du pessimisme eu égard aux tristes événements de ces derniers mois. Il convient donc, au plus vite, de redéfinir objectifs et moyens, en les mettant au service d'une politique économique rigoureuse et résolument mobilisatrice. La politique économique doit être soigneusement définie, scrupuleusement mise en œuvre et surtout correctement gérée. - La première priorité du prochain gouvernement est bien entendu de rétablir rapidement la sécurité. Nous voilà entrés dans l'ère du terrorisme qui nécessite des réactions étudiées et réfléchies. De telles réactions peuvent se polariser autour de trois stratégies : offensive, défensive et préventive. - La deuxième priorité est de proposer un agenda politique ferme. En effet, la stabilité politique est particulièrement déterminante en cette période de transition, voire une condition sine qua non pour la relance économique. En effet, une croissance aussi rapide sur une aussi longue période demande une orientation politique ferme. Dès lors, il devient nécessaire de rechercher les conditions nécessaires de l'incontournable stabilité : de la confiance, du dialogue et de la sécurité. - La troisième priorité serait de rétablir l'image de la Tunisie au niveau international et surtout renouer nos bonnes relations avec les bailleurs de fonds. Ce que semblent ignorer beaucoup de nos hommes politiques, c'est que les besoins financiers actuels de la Tunisie sont très importants, ce qui rend notre recours aux organismes tels que la BAD, la BM, la BEI, le FMI, etc. déterminant. Des actes de terrorisme comme celui que nous venons de vivre peut pousser ces organismes à revoir leurs plans de financement. D'ailleurs, l'agence de notation Fitch a dégradé et menace d'abaisser encore la note de la Tunisie. En bref, le futur gouvernement doit chercher à redonner l'image d'une Tunisie debout et capable de remonter la pente. - La quatrième priorité est de rétablir les équilibres macroéconomiques qui, reconnaissons-le, risquent d'éclater. D'une manière concrète, il est très difficile d'offrir des postes d'emploi plus que les capacités de l'économie ne le permettent. Cependant, l'effort doit être concentré sur la lutte contre l'inflation, le déficit budgétaire et le déficit courant. - La cinquième priorité serait de mener des réformes administratives. Il s'agit d'ouvrir la voie à l'efficacité et à la compétitivité. Chaque ministère doit identifier ses besoins. Ainsi la question de l'emploi public doit se poser selon deux logiques inter-reliées : celle de la recherche de l'efficience économique et celle de la remise en cause de la fonction traditionnelle de l'Etat. - La sixième priorité serait d'accélérer l'exécution des projets publics, quitte à trouver de nouvelles formules pour l'exécution du titre II (dépenses de développement). En effet, l'efficacité d'un gouvernement dépend de son pouvoir de motivation. Il est donc urgent que le pessimisme ambiant se voie contrebalancé par un optimisme justifié afin d'éviter l'échec programmé. A cet effet, il convient à tout prix de remettre de la confiance et des projets parce que le désarroi des Tunisiens vient d'une grande confusion entre le but et les moyens. A l'évidence, les décisions doivent être fondées sur une compréhension approfondie et nuancée des freins et des moteurs de la croissance car, au final, une croissance économique durable est impossible sans un cadre macroéconomique stable. En effet, une vision claire envoie des signaux importants au secteur privé sur l'orientation des politiques économiques et sur la crédibilité de l'engagement des pouvoirs publics à gérer l'économie avec efficience.