Aujourd'hui, la commission de la législation générale et celle des droits et libertés se réuniront sans les députés contestataires, et probablement sans les députés d'Ettakatol. «Contre le putsch», signent les députés de «l'opposition démocratique» en bas d'un communiqué rendu public hier, au terme de leur réunion. Les constituants qui s'étaient retirés de l'ANC, il y a quelques mois, décident, après plusieurs concertations, de suspendre leurs activités au sein de l'Assemblée nationale constituante. Ils appellent le président de l'ANC, Mustapha Ben Jaâfar, à « assumer ses responsabilités pour faire face au putsch». «Nous avons rencontré, encore une fois, le président de l'ANC pour le mettre face à ses responsabilités quant aux amendements votés. Ce qui s'est passé lundi est un véritable putsch contre la légitimité et va à l'encontre de toute logique de consensus. Mustapha Ben Jaâfar nous a affirmé qu'il partage cette position et nous a informés, à son tour, qu'il convoquera les présidents de groupes pour tenter de trouver une solution», déclare le député Mohamed El Hamdi, à sa sortie du bureau du président de l'ANC. Sans le dire d'une manière claire, les députés ne comptent pas s'arrêter à la suspension de leur participation aux travaux de l'ANC. Ils précisent dans leur communiqué qu'ils vont «user de tous les moyens pour que soient annulés les derniers amendements». Selon le député Fadhel Moussa, «la suspension du Dialogue national est une raison suffisante pour suspendre les activités de l'ANC, vu que les trois processus devaient aller de pair». Mais la décision des députés contestataires a été précédée, hier matin, par une décision personnelle de la part de Lobna Jeribi, visant à boycotter la commission des finances dont elle est rapporteuse. «C'est une décision personnelle de Lobna, qui a estimé qu'il n'était pas normal de reprendre le travail au sein des commissions, comme si rien ne s'était passé. Cette décision sera discutée ce soir (hier soir) à la réunion du bureau politique d'Ettakatol», commente Jalel Bouzid, élu d'Ettakatol et membre du bureau politique du parti. Lobna Jeribi fait cavalier seul Contactée par La Presse, Lobna Jeribi assure que sa décision ne s'inscrit pas, comme c'est le cas pour les députés de l'opposition, dans une logique de retrait, mais que «c'est un acte de contestation et un message politique». « C'est une première réaction de ma part, en attendant les décisions du bureau politique, précise-t-elle. Il me fallait réagir face à des amendements putschistes, en totale rupture avec la notion de représentativité au sein de l'Assemblée : donner un pouvoir décisionnel à une majorité simple ou permettre à trois membres du bureau de l'ANC, qui plus est du même parti, de prendre des décisions pour l'ensemble des députés, me paraît très grave d'un point de vue institutionnel», juge Lobna Jeribi. Elle accuse, par ailleurs, les députés de l'opposition de ne pas être présents de façon régulière pendant les séances plénières pour défendre les positions qui sont les leurs. Aujourd'hui, la commission de législation générale et celle des droits et libertés se tiendront sans les députés contestataires, et probablement sans les députés d'Ettakatol.