La gestion optimale des finances, le renforcement de la production agricole et la réforme de la sécurité sociale sont autant de réformes nécessaires pour renforcer la croissance La Tunisie, qui passe par des difficultés financières depuis quelque temps, peut consolider les ressources propres à l'avenir à condition d'effectuer certaines réformes devenues essentielles. D'ailleurs, «la capacité d'un pays à faire face aux crises est déterminée, en grande partie, par sa capacité d'adaptation», souligne la Banque africaine de développement (BAD) dans son récent rapport. Et d'expliquer qu'une telle adaptation concerne l'accès de ce pays aux ressources et le contrôle qu'il exerce sur celles-ci pour amortir les chocs et les tensions. En effet, selon la banque, la capacité d'adaptation constitue un aspect clé de la résilience face aux crises. Cela implique aussi bien les institutions que les individus qui accumulent et maintiennent des réserves suffisantes pendant les périodes favorables en prévision des périodes difficiles. «La capacité d'adaptation peut varier en fonction du degré d'accumulation à l'échelle du pays, du marché ou des ménages», précise le rapport. Mieux encore, au niveau national, la résilience est déterminée en grande partie par la capacité budgétaire et en d'autres termes par la capacité des pouvoirs publics à financer des déficits importants sans compromettre pour autant la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette. La prudence est un élément très important dans les politiques financières car il s'agit de satisfaire les besoins de la population en créations de postes d'emploi, infrastructure et maîtrise des prix sans engendrer un déséquilibre financier qui diminue la crédibilité du pays sur le marché financier mondial. Les experts de la BAD pensent, en tout cas, que «les gouvernements prudents renforcent leurs capacités budgétaires pendant les périodes fastes en accumulant des réserves de trésorerie et la capacité d'assumer une dette extérieure en période de crise». D'autres facteurs peuvent garantir la stabilité économique comme, à titre d'exemple, la solidité et la légitimité du gouvernement, la mise en place d'institutions de qualité et l'existence de ressources naturelles précieuses, note la banque. Accroissement des dépenses publiques De leur côté, les entreprises doivent évoluer dans un environnement juridique et réglementaire propice et avoir accès aux capitaux et aux marchés. Elles doivent disposer, en outre, d'une main-d'œuvre diversifiée capable de participer à la productivité et à l'innovation, estiment les experts de la BAD. Il s'est avéré que les produits à haute valeur ajoutée sont les mieux commercialisés sur le marché mondial et procurent au pays des recettes en devises. Les ménages ont aussi leurs besoins, à savoir des infrastructures stables, des opportunités d'emploi abondantes, l'accès aux prêts ou aux mécanismes de protection sociale et des possibilités de mise en valeur et d'utilisation du capital humain. Ce n'est que dans ces conditions que l'on peut parler de résilience. Mais l'aide économique n'est pas exclue en période de crise. L'Etat qui a des capacités d'adaptation peut recourir à une aide économique ou une autre forme d'appui provenant des sources extérieures, gouvernements étrangers, voire des organisations non gouvernementales ou groupes communautaires, cités par ce bailleur de fonds africain qui a constaté une flambée des cours des produits alimentaires de 2007/2008 et de 2010/2011. Des mesures ont été prises en vue d'atténuer les effets de l'inflation dont l'augmentation des salaires dans la fonction publique, l'accroissement des dépenses publiques pour les subventions à l'alimentation, la réduction des droits de douane à l'importation des produits alimentaires et l'évolution des transferts monétaires directs destinés aux pauvres. Il est tout à fait normal que ces mesures aient leur poids sur le budget du gouvernement. La combinaison des subventions alimentaires et de carburant s'est accrue de façon spectaculaire en 2007 et 2008 pour atteindre 17,7% au cours de cette dernière année même si la baisse des cours mondiaux des produits alimentaires en 2009 a allégé un tant soit peu les pressions budgétaires dues à la subvention. Mais la situation économique dans notre pays est loin de connaître actuellement son embellie. En tout cas, la BAD a défini une politique à court terme relative à l'envolée des cours mondiaux des denrées alimentaires ainsi qu'une stratégie à long terme pour la sécurité alimentaire. Pour assurer cette sécurité à l'échelle nationale, le pays a trois options, à savoir la production locale, l'importation de denrées alimentaires ou l'aide alimentaire. Et de rappeler qu'une stratégie s'appuyant uniquement sur la première option est synonyme d'autosuffisance alimentaire qui est loin d'être réalisée aujourd'hui. La banque prône une amélioration de la productivité agricole ainsi qu'une réforme de la sécurité sociale. Ainsi, le changement politique en Tunisie par exemple «offre une occasion unique de modifier le contrat social et les programmes de sécurité sociale pour les rendre plus efficaces». D'autant plus que les déficits budgétaires sont croissants, ce qui rend urgent ces réformes.