Le Quartet serait amené à désigner un candidat et à réviser le calendrier de la feuille de route Reprendra, reprendra pas ? Toujours pas de date précise pour le retour des participants au Dialogue national au siège du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle. Hier après-midi, le Quartet se réunissait de nouveau avec à l'ordre du jour l'examen de la définition de la date à laquelle redémarreront les négociations et, surtout, la date à laquelle elles seront clôturées. Bouali M'barki, secrétaire général adjoint de l'Ugtt, révèle à La Presse : «Nous allons demander aux protagonistes du Dialogue national de nouveaux candidats pour occuper le poste de chef du gouvernement, dans la mesure où il n'est plus question ni de Ahmed Mestiri ni de Mohamed Ennaceur. Au cas où il n'y aurait pas de candidat consensuel, le Quartet se verra dans l'obligation de désigner lui-même un candidat». Y aura-t-il un nouveau calendrier pour les travaux du Dialogue dans la mesure où les délais fixés dans la feuille de route ne sont plus de mise ? «Oui, il est possible de fixer de nouveaux délais pour la clôture de la feuille de route. L'essentiel pour nous est de parvenir au consensus tant recherché et nous sommes convaincus que le consensus demeure toujours possible à condition que les partis fassent preuve d'une véritable volonté d'y arriver. Quant à ceux qui demandent la mise au point d'une assise juridique sur la base de laquelle les chefs des partis politiques s'engagent à respecter les conclusions qui couronneront les travaux du dialogue, je leur réponds que la signature, par ces mêmes personnalités, de la feuille de route constitue déjà une reconnaissance en bonne et due forme», précise M'barki. La voix de la société civile Du côté de Nida Tounès, on attend toujours que le Quartet fixe la date de la reprise du dialogue : «Nous attendons que les parrains du dialogue choisissent une personnalité qui bénéficiera de l'aval de toutes les parties prenant part au dialogue. Notre retour à la table des négociations est lié au choix du futur chef du gouvernement dont le nom sera annoncé le jour même», fait remarquer une source informée auprès de Nida Tounès. La même source tient à ajouter : «L'heure n'est plus aux discussions bilatérales, ni à l'élargissement des participants au dialogue auquel appellent certaines parties. Nous considérons que cet appel ne fera que durer encore plus le dialogue et pourrait même le faire avorter». Et s'il y a une voix qui observe un silence incompréhensible dans ce brouhaha général, c'est bien celle de la société civile, comme si elle n'avait pas d'approche à faire valoir ou d'opinion à faire écouter. Salah Zghidi, militant associatif de la première heure, tient, de prime abord, à relever : «Le départ de Ali Laârayedh sera effectif avec la formation du nouveau gouvernement et non au bout des trois semaines depuis qu'il en a signé l'engagement (le 15 novembre, comme insistent les partis de l'opposition)». «Toutefois, si le blocage persiste encore autour du choix de la personne du futur chef du gouvernement, je pense que le Quartet, Ennahdha et les partis qui partagent ses orientations ainsi que les partis de l'opposition peuvent se transformer en une coalition nationale qui aura pour objectif principal de constituer un nouveau gouvernement qui sera chargé de préparer les prochaines élections. La société civile, avec ses différentes organisations et associations, a aussi son mot à dire. Elle peut faire pression sur le gouvernement actuel pour l'obliger à démissionner», conclut-il. Il reste une inconnue à laquelle personne ne semble accorder l'importance requise. Il s'agit de la riposte de l'ANC à la décision du Tribunal administratif annulant les travaux réalisés par la commission parlementaire de sélection des candidats à l'Instance des élections. Hier après-midi, Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC et président de la commission de sélection en question, a reçu officiellement l'ordonnance du Tribunal administratif et s'est contenté de tenir une séance de travail avec la magistrate administrative exerçant au sein de l'ANC. Certains membres de la commission de sélection ont déclaré à La Presse ne rien savoir sur le contenu de la séance de travail indiquée et qu'ils attendent d'être contactés pour savoir quand la commission de réélection se réunira. Quant aux hommes politiques interrogés par La Presse, ils ont préféré dire : «Pour le moment, c'est le choix du chef du gouvernement qui est la priorité n°1.»