Une mobilisation pour faire respecter la loi par les autorités sécuritaires et judiciaires Après les magistrats, les avocats ont observé, hier, une grève générale dans tous les tribunaux du pays. Ce débrayage, décidé il y a quelques jours par le Conseil de l'ordre de la profession, est survenu suite aux agressions répétées à l'encontre des avocats, dont la dernière en date est la détention abusive de Me Slaheddine Hajri au centre de détention de Bouchoucha. En colère, les robes noires se sont donc rassemblées, hier, vers 10h du matin, sur le parvis du Palais de Justice, pour s'élever contre les exactions dont elles sont victimes de manière aléatoire. Et ce sans aucun fondement légal, ni procédures judiciaires en règle. Dans un court sit-in de protestation, les voix se sont fait entendre dans le brouhaha d'une grande foule de sympathisants. L'appareil sécuritaire, mais aussi les autorités judiciaires compétentes, est pointé du doigt. Me Mourad Tebï considère que l'arrestation « injustifiée » de son collègue Hajri par la police de La Goulette et sa mise en garde à vue pendant quatre jours sans considération aucune pour sa qualité professionnelle, et sans avis à l'adresse du procureur général, est en soi une transgression flagrante de la loi organisant la profession d'avocat. « Une telle pratique ne peut que porter atteinte à l'honneur du métier et à son image. C'est un geste d'irrespect et d'humiliation envers notre collègue», martèle-t-il. Et de poursuivre : « Les agents de sécurité doivent comprendre comment consacrer l'Etat des droit et des institutions et respecter, de la sorte, le décret-loi réglementant la profession». Cela, précise-t-il, ne signifie point que l'avocat est au-dessus de la loi. L'essentiel, selon lui, consiste bel et bien à savoir appliquer la loi et à s'y conformer, sans en abuser. Bien qu'il s'agisse d'un mouvement protestataire, le sit-in revêt aussi un caractère revendicatif. « Il faut accélérer l'amendement du Code de procédure pénale et respecter les démarches judiciaires dans le cadre de la loi», note Me Tebï, en conclusion. Sur cette lancée, Me Hedi Laâbidi hausse le ton : «Il faut délimiter les responsabilités et juger tous ceux qui portent atteinte à la dignité de l'avocat, dans le cadre du respect de la loi. Le service de la justice ne pourra évoluer tant que les coupables courent toujours et que les avocats continuent de subir la politique de l'intimidation et du harcèlement. Plus jamais les anciennes pratiques de calomnie dont l'avocat a été la cible... ». Et de poursuivre : « Qui dit que l'avocat est au-dessus de tout soupçon. Nous voulons être traités en tant que citoyens dignes». Mme Radhia Nasraoui, avocate et activiste au sein de la société civile, se dit fière de voir le corps auquel elle appartient agir, à l'unisson, pour défendre d'une seule voix l'image de la profession. « A supposer, dit-elle, que le collègue Hajri ait commis un certain délit, son arrestation aurait dû obéir aux procédures légales tel que stipulé aux articles 46 et 47 du décret-loi organisant la profession. Dans le cas d'espèce, cela n'a pas été respecté». Pour elle, la détention de Me Hajri au centre de Bouchoucha, durant quatre jours, est illégale.