Les Tunisiens connaîtront, peut-être aujourd'hui, le nom du futur locataire du palais de La Kasbah Le feuilleton du choix de la personnalité qui aura à former le prochain gouvernement de compétences nationales connaîtra-t-il aujourd'hui son épilogue ? Hassine Abbassi, secrétaire général de l'Ugtt, n'a pas mâché, hier, ses mots, en déclarant, à l'occasion du démarrage des festivités marquant la commémoration du 61e anniversaire de l'assassinat du leader Farhat Hached : «Demain (aujourd'hui), le Quartet tiendra une conférence de presse pour annoncer le nom du futur chef du gouvernement et le retour à la table des négociations». «Dans le cas contraire et si les participants au Dialogue national ne parviennent pas d'ici lundi matin à choisir consensuellement la personnalité en question, le Quartet se trouvera dans l'obligation de déclarer publiquement que le Dialogue a échoué et de dévoiler les identités de ceux qui en sont responsables». En plus clair, le Quartet est déterminé, cette fois, plus que jamais, à en finir avec les tergiversations des uns et les atermoiements des autres. Plusieurs analystes expliquent le discours du Quartet, plus tranchant que jamais, par le fait que la majorité des partis politiques participant au Dialogue ont délégué à Hassine Abbassi et à ses partenaires au sein du Quartet la responsabilité de choisir le futur chef du gouvernement et ont fait savoir publiquement qu'ils cautionneront la personnalité que l'Ugtt choisira. Pas plus tard que vendredi dernier, Nida Tounès a indiqué, par la bouche de son directeur exécutif Ridha Belhaj, que Béji Caïd Essebsi, président du parti, a informé Abbassi que les nidaistes lui donnent toute la latitude de proposer la personnalité qu'il considère comme la plus indiquée pour occuper le poste de chef du gouvernement. En agissant de la sorte, Nida Tounès a rejoint Al Massar, l'initiative présidée par Kamel Morjane, et le Parti républicain maghrébin dirigé par Boussaïri Bouebdelli. Toutefois, le secrétaire général de l'Ugtt a exigé que de telles déclarations soient rédigées noir sur blanc et signées par leurs auteurs, et ce, dans le but de parer aux revirements de dernière minute. Reste la position d'Ennahdha qui s'accroche toujours officiellement à la candidature de Ahmed Mestiri, cherchant à gagner du temps, d'une part, et à rassurer, d'autre part, sa base inquiétée plus que jamais par la vague de démissions qui secoue le parti et par les signaux de division qui y règnent et qui n'échappent plus à personne. Chaouki Tabib gagne des points Maintenant que le dénouement de la crise est imminent, l'on se demande qui sera l'heureux candidat parmi les deux personnalités qui restent encore en lice, à savoir Me Chaouki Tabib, ex-bâtonnier de l'Ordre des avocats, et Jalloul Ayed, ancien ministre des Finances sous le gouvernement transitoire de Béji Caïd Essebsi. A moins que le Quartet (l'Ugtt, particulièrement) n'ait un autre nom sous la manche. Toutefois et d'après les sources contactées par La Presse parmi les participants au Dialogue national, il semble que «les chances de Me Chaouki Tabib sont en hausse et qu'il pourrait, au final, convaincre les récalcitrants qui attendent, comme toujours, la dernière minute pour s'exprimer». Tout en appuyant la candidature de Me Tabib, ces mêmes sources conviennent que «Cheikh Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, doit trancher dans les divisions qui marquent son parti, plus particulièrement entre les membres du Conseil de la choura, répartis en faucons et colombes». Peut-il le faire sans froisser la base nahdhaouie qui ne sait plus quel discours suivre ? «Oui, il a les moyens d'imposer un choix définitif. L'abrogation par l'ANC des amendements du règlement intérieur a montré que les mécontents au sein d'Ennahdha lèvent la voix mais finissent toujours par obéir aux directives», répondent ces mêmes sources.