Dernier rebondissement : Chaouki Tabib, ancien bâtonnier des avocats, revient dans la course au palais de La Kasbah A chaque jour sa surprise et ses rebondissements. Le Dialogue national, en pause forcée, espère que demain sera réellement un autre jour. Mercredi dernier, le Quartet, parrain du Dialogue national, s'est enfermé durant près de quatre heures au siège de l'Union syndicale des travailleurs du Maghreb arabe (Ustma) pour examiner la possibilité de la reprise, le plus tôt possible, des réunions du dialogue. Au final, rien de concret sauf la décision d'annuler le critère de l'expérience de gouvernance parmi les conditions que devrait remplir le futur chef du gouvernement de compétences nationales. Cette décision signifie qu'il est possible, désormais, à des candidats comme Chaouki Tabib et Mokhtar Trifi, proposés par certains partis politiques mais récusés pour manque d'expérience, de postuler de nouveau au poste de chef du futur gouvernement. Bousaïri Bouebdelli, président du Parti républicain maghrébin, déplore le fait que le Quartet ait ignoré cette fois les petits partis comme le sien et se soit contenté d'informer uniquement Ennahdha et le Front du salut des résultats de sa réunion. Il confie à La Presse : «Rien n'est encore clair à propos de notre retour au ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle pour reprendre le dialogue. En tout état de cause, il n'est plus question qu'on y retourne éparpillés. Nous avons décidé de parler un seul langage et de constituer un même front (avec le Front du salut) et de soutenir la candidature de Me Chaouki Tabib, ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats. De son côté, Hichem Hosni, président de la Lutte populaire progressiste, est dans le flou total et il attend toujours le coup de fil qui l'invitera à rejoindre le siège du ministère des Droits e l'Homme, «au cas où l'on déciderait de la reprise du dialogue». Blocage réel A l'opposé de ceux qui préparent de nouveaux candidats et de ceux qui campent auprès de leurs téléphones dans l'attente d'un appel salvateur, Lazhar Akremi, porte-parole de Nida Tounès, estime que «le blocage est réel et je crains fort que l'on s'achemine vers un gouvernement d'union nationale, au cas où le dialogue échoue, tous processus confondus. Ennahdha me semble opter pour le forcing au niveau de l'ANC dans le but de faire en sorte que le processus constituant soit parachevé avant que l'on parvienne à la consécration du processus gouvernemental. A ce moment, s'imposera le choix de gouvernement d'élections, soit un gouvernement qui n'aura de regard ni sur le dossier sécuritaire ni sur le dossier économique. Idem pour la révision des nominations qui constituent, faut-il le rappeler, l'une des revendications fondamentales de l'initiative du Quartet, la feuille de route ne l'a pas reprise noir sur blanc et l'a laissée aux soins du prochain gouvernement». A la question de savoir quand reprendront les travaux du Dialogue national, Lazhar Akremi se contente de répondre : «Pour le moment, il n'y a pas de date précise. Personnellement, je suis convaincu que ce sont ceux qui sont au pouvoir qui détiennent l'ordre du jour du dialogue et qui décideront de la date de sa reprise». D'autre part, l'on apprend que les députés dénonçant ce qu'ils appellent «le putsch parlementaire» ont été reçus par Hassine Abassi et Mouldi Jendoubi. «Nous avons rappelé nos positions, précise le constituant Naceur Brahmi, et nous avons appelé à la suppression pure et simple des amendements du règlement intérieur de l'ANC imposés par Ennahdha, amendements que dénoncent même les constituants d'Ettakatol». Dans le même contexte, la conférence des groupes parlementaires au sein de la Constituante s'est tenue, hier après-midi, en vue d'examiner la possibilité de réviser les amendements déjà adoptés. «Malheureusement, encore une fois, Ennahdha a avancé de nouvelles propositions en deçà de nos attentes. Pour nous, constituants du Bloc démocratique, les choses sont claires : nous ne réintégrerons pas l'hémicycle du Bardo tant que les amendements ne sont pas annulés», conclut-il. De son côté, Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, s'est entretenu, hier, avec Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC. Au menu : la possibilité de pousser les constituants à annuler les amendements introduits sur le règlement intérieur de l'ANC, en dépit du retrait des constituants du Bloc démocratique qui sont allés jusqu'à le qualifier de «coup d'Etat parlementaire». Une source informée auprès du Quartet souligne : «Les amendements doivent être annulés à tout prix dans la mesure où ils menacent l'essence même du Dialogue». Du côté d'Ennahdha, on essaye de calmer les esprits. Zied Laâdhari, porte-parole du parti islamiste, promet «des solutions consensuelles à même de permettre la reprise des travaux de l'ANC». Attendons ce que cachent les jours à venir.