Le Dialogue national est toujours bloqué. Laârayedh pourrait créer la surprise et annoncer sa démission, en contrepartie d'un deal dont Ennahdha sortira gagnant. Ali Laârayedh a encore un jour pour accepter un conseil «amical» du Dr Moncef Marzouki, président de la République provisoire, et mettre tout le monde devant le fait accompli. Le conseil en question du locataire du palais de Carthage consiste, en effet, à ce que Laârayedh annonce officiellement, demain, vendredi 15 novembre, la démission effective de son gouvernement, conformément au calendrier prévu par la feuille de route du Quartet, parrain du Dialogue. En contrepartie, Moncef Marzouki s'engage à charger Ahmed Mestiri pour former le prochain gouvernement, et ce, en recourant aux dispositions de la petite Constitution qui permettent au président provisoire de nommer une personnalité et de lui demander de former un gouvernement. Certains politiciens, informés discrètement de cette nouvelle démarche, confient à La Presse que «le mouvement Ennahdha n'a pas encore donné son aval à cette proposition». Toutefois, ils pensent que cette acrobatie a pour objectif «de montrer à l'opinion publique nationale et internationale que la Troïka, principalement Ennahdha, n'a pas failli à son engagement relatif au respect de la feuille de route du Quartet pour ce qui est du délai de trois semaines donné à Laârayedh pour que son gouvernement plie bagage». Ce scénario est d'autant plus plausible que selon certaines indiscrétions, «Ennahdha est toujours attaché à la personne de Ahmed Mestiri en tant que futur chef du gouvernement de compétences, bien que certains parmi les leaders du parti islamiste aient laissé entendre qu'ils pourraient cautionner un autre candidat lors de la reprise du Dialogue national». Du côté de l'opposition, notamment Nida Tounès, les positions sont claires : «Nous n'accepterons jamais le fait accompli et Mestiri n'a plus de place parmi les candidats au poste de chef du prochain gouvernement». Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès, est allé encore plus loin, hier, en déclarant sur Radio Shems FM que «ce sont bien Ali Laârayedh avec ses déclarations emportées et son parti avec ses volte-face répétées qui ont bloqué le Dialogue national et menacent de le torpiller définitivement». Le président de Nida Tounès est revenu sur les déclarations de Laârayedh devant le Forum des technologies de l'information et de la communication tenu, hier, à Hammamet, où il a souligné que «le gouvernement actuel n'est pas issu de l'opposition pour que cette dernière le somme de partir. Quant aux trois processus prévus par la feuille de route, ils sont interdépendants». En s'accrochant à cette approche, Ali Laârayedh refuse de démissionner comme l'exige l'opposition en se basant sur la feuille de route du Quartet. L'opposition retournera-t-elle à la rue au cas où Laârayedh persisterait dans son entêtement ? A cette question, Caïd Essebsi précise : «Personnellement, je ne suis pas partisan de cette solution. Toutefois, le dernier mot revient au peuple qui détient la véritable souveraineté et non l'ANC qui a failli à la mission dont elle a été chargée». A l'ANC, rien à signaler Entre-temps, le blocage est toujours de mise au sein de l'ANC où il n'y aurait jusqu'ici ni accord sur l'annulation des amendements controversés du règlement intérieur ni réponse à la décision du Tribunal administratif déclarant nulles les conclusions de la commission parlementaire de tri des candidatures au Conseil de direction de l'Instance des élections (Isie). Hier, Mouldi Jendoubi, secrétaire général adjoint de l'Ugtt (remplaçant Hassine Abassi, parti pour Barcelone participer au sommet syndical euroméditerranéen) a rencontré le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC. Au menu de cette rencontre, l'annulation des amendements et l'attitude que prendra la commission de tri à propos de l'ordonnance du Tribunal administratif. D'après les déclarations de Ben Jaâfar, «les chefs des groupes parlementaires se réuniront dans les prochains jours pour réexaminer la possibilité d'annuler les amendements, objet de discorde pour ce qui est de l'Isie, la commission de tri se réunit aujourd'hui (jeudi 14 novembre) pour prendre la décision que tout le monde attend». Seulement, d'après une source informée à l'ANC, «les membres de la commission de tri sont encore divisés sur la réponse à fournir à la décision du Tribunal administratif». Plusieurs scénarios sont encore à l'étude : la reprise du tri, le recours à la validation législative et la réouverture des candidatures. «Pour le moment, rien n'est clair», ajoute notre source.