Près de trois ans après la révolution, la situation des déficients visuels reste préoccupante et pose un problème de justice Ils étaient là pour crier haut et fort afin que s'ouvrent les portes devant tous les citoyens, dans une société pour tous. Ils ont protesté contre l'exclusion et la discrimination, réclamant leur droit légitime à l'emploi, à l'éducation et à l'insertion sociale dans un monde inclusif et prospère. Voilà pourquoi les non et malvoyants ont observé, hier en début d'après-midi, un sit-in sur le parvis du Théâtre municipal à Tunis. Près de trois ans après la révolution, et comme beaucoup d'autres catégories vulnérables à besoins spécifiques, ces personnes atteintes de déficience visuelle demeurent dans une situation qui laisse à désirer. En quête d'une lueur d'espoir. Au cours d'un sit-in d'une demi-heure, les protestataires ont voulu s'exprimer d'une façon qui leur est propre. Leur message clé s'affichait sur des pancartes brandies et par le fait qu'ils tenaient leurs cartes d'identité à la main. C'était là une manière de dire : «Nous sommes aussi des Tunisiens, qui appartenons à la même patrie et qui partageons les mêmes droits et devoirs». Une évidence, toutefois, à laquelle ils ne semblent guère croire très fort, tant une certaine marginalisation les a souvent poussés dans la précarité. Les manifestants ont également plaidé, lors de ce sit-in, pour l'application de la Convention internationale des droits des personnes porteuses de handicap : convention à laquelle la Tunisie a souscrit. Mais sans y accorder un réel intérêt... En célébrant ainsi la Journée mondiale des handicapés, l'association «Ibsar» de loisirs et de culture pour les non et malvoyants a donc tenu à marquer sa présence conformément au mot d'ordre: «Ensemble contre la marginalisation des déficients visuels». Ce sit-in, faut-il le noter, a eu lieu au terme d'une conférence tenue en cette occasion pour mettre en lumière une réalité amère. Les revendications des protestataires ont trouvé d'ailleurs un écho favorable auprès de la société civile. L'Ugtt, la Ltdh, le Centre de la femme arabe (Cawtar), ainsi que d'autres organisations impliquées dans la cause des droits de l'Homme n'ont pas manqué d'exprimer leur soutien à cette catégorie, souvent en proie aujourd'hui à diverses formes d'exploitation.