L'homme fort de Ansar Echaria serait en train de préparer des attentats en Tunisie, à partir de son nouveau fief à Derna (Libye), avec la collaboration étroite de deux autres «émirs» On le savait partout et nulle part. Mais il s'est avéré, aujourd'hui, qu'il est bel et bien établi en Libye, et plus précisément dans la ville de Derna, affirment les renseignements libyens et occidentaux. Voilà ce que démentent ses partisans qui l'annonçaient, jusque-là, tantôt en Algérie, tantôt au Mali et, par moments, même en Allemagne, question de l'immuniser contre la chasse sans merci que lui imposent ses «ennemis». Maintenant que sa retraite est localisée, que trame Abou Iyadh ? Transformera-t-il ses sombres desseins en réalité? Quand et où frappera-t-il ? Trois fronts unis Aux dernières nouvelles, Abou Iyadh s'est rallié à deux autres groupuscules, à savoir le libyen Ansar Echaria de Abou Kotb, et l'algérien Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, alias «le Borgne». Avalisée par l'homme fort d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) Abdelmalek Droukdel, qui chapeaute toutes les structures terroristes en Afrique du Nord, l'unification de ces trois réseaux vise essentiellement le resserrement des rangs de la nébuleuse intégriste et la synchronisation des efforts en vue d'une meilleure efficience des actions futures. Il est vrai que ces groupes étaient, jusque-là, hétéroclites et pratiquement désunis, parce qu'éparpillés un peu partout dans le vaste territoire libyen. Selon les mêmes sources, c'est dans la ville saharienne de Derna, devenue récemment la chasse gardée de milliers de jihadistes affluant de différentes régions du monde (y compris l'Occident), que «l'union» a été scellée entre Abou Iyadh et les deux nouveaux camarades. Et c'est toujours au nom de ce «jumelage» que les innombrables camps d'entraînement que dirigent les trois réseaux viennent d'être unifiés dans cette ville libyenne presque désertée par ses habitants, de peur de subir l'ire et le cynisme de groupes armés qui y faisaient... cavalier seul, en l'absence de l'autorité de l'Etat. La Tunisie et l'Algérie visées ? Dans ces camps d'entraînement qui ont tout d'une... ruche d'abeilles à l'activité débordante, on ne se contente plus de former de futurs kamikazes. L'heure est aussi à l'entassement des armes qui ne cessent d'affluer aussi bien du Mali et de Somalie, terrains de prédilection de Mokhtar Belmokhtar, que de l'arsenal militaire de l'ex-dictateur libyen. Pour les servies de renseignements algériens qui se basent sur les aveux arrachés récemment à plusieurs terroristes arrêtés, «le trio Abou Iyadh, Abou Kotb, Belmokhtar, réuni pour... le meilleur et pour le pire, serait en train de préparer la «grande invasion» qui viserait la Tunisie et l'Algérie à coups d'attentats qui s'annoncent à la fois spectaculaires et sanglants, au moment où il n'est pas exclu que les assauts meurtriers soient lancés vers la fin du mois courant, si ce n'est plus tôt». Etat d'alerte aux frontières Prenant ces informations au sérieux, les autorités libyennes, algériennes et tunisiennes, sans doute secouées par la France et surtout par les Etats-Unis, ont décidé, ces jours-ci, de booster leur coopération sécuritaire à leurs frontières, en y renforçant la présence militaro-policière, tout en imposant une meilleure maîtrise de l'espace aérien dans la région. La Libye, qui constitue malheureusement le talon d'Achille de ce combat tripartite, vient enfin de remonter la pente, par l'acquisition, en Occident, de nouveaux équipements militaires et de surveillance, d'une part, et par la mobilisation d'un contingent supplémentaire de soldats à ses frontières avec la Tunisie et l'Algérie, d'autre part. Etat d'alerte maximale ? Oui, mais gare à la...distraction, les terroristes étant connus pour leurs extraordinaires tours de renard en matière de violation des frontières.