Si les délais sont respectés, la collection tunisienne pourrait être présentée à la biennale de Dakar. Les campagnes de Benetton porteuses de messages sur la tolérance, la générosité, la lutte contre le racisme et la réunion des diversités, orchestrées par Oliviero Toscani, et qui, quelquefois ont fait scandale, vous connaissez, bien sûr. Et l'on sait que la firme est implantée depuis de longues années en Tunisie, ayant fait de notre pays un de ses principaux sites de production. Ce qu'on sait moins, c'est l'histoire de la Fondation Benetton pour l'étude et la recherche, l'implication personnelle et totale de Luciano Benetton dans l'action de mécénat artistique menée par cette fondation, et le superbe projet Imago Mundi qu'il consacre cette année à la Tunisie. Imago Mundi, c'est d'abord une passion de collectionneur, de voyageur et de mécène curieux de toutes formes d'expressions, de pensées, et d'imaginaires. Aux artistes qu'il découvre, qu'on lui fait connaître et apprécier, Luciano Benetton demande une œuvre, libre de tout thème, avec pour seul impératif de se conformer à un petit format. Ce qui aurait pu se transformer en un jeu anecdotique est devenu une magnifique opération de promotion d'artistes de différents pays auxquels on offre, à travers ce projet artistique, une visibilité internationale, une présence dans toutes les grandes rencontres artistiques, biennales, foires, salons, et une égalité de chances jamais rêvée à ce jour. «Partant de ma passion parallèle de l'art et du voyage, j'ai collectionné plus de 2.000 tableaux.... Cette collection, sous l'égide de la Fondation Benetton, n'a aucun objectif commercial, mais se propose de réunir les diversités de notre monde au nom de l'expérience artistique commune afin de réaliser un «catalogage» des poésies comme des œuvres, qui serait différent de celui que l'on rencontre habituellement, qu'il soit de type musée ou marché». L'expérience, et la gageure, car c'en est une, a donc été proposée aux artistes d'une dizaine de pays : au Japon, aux USA, en Mongolie, en Ukraine, en Inde, en Corée du Sud, en Australie, en Amérique latine, et, dernièrement au Sénégal, l'expérience a été menée, et réussie. Un catalogue superbe est réalisé à chaque fois, tiré à 30.000 exemplaires, présentant les artistes, leur œuvre, leur parcours, et distribués dans tous les musées du monde. Les œuvres, quant à elles, sont exposées dans toutes les rencontres internationales et voyagent dans le monde. Et cela continue dans nos murs En Tunisie, c'est d'une rencontre avec Leïla Souissi, commissaire d'exposition bien connue, qu'est né le projet. Après de longues rencontres, l'édition tunisienne de Imago Mundi est aujourd'hui sur les rails. Luciano Benetton continue cette formidable expérience de réunir, en une véritable bible, l'expression artistique vivace et multiple d'un pays, à un moment intéressant de son histoire. Et en cela, le choix du petit format n'est pas innocent. Car pour s'exprimer sur une toile, ou tout autre support de 10 sur 12 cm, les châssis étant remis par la Fondation, il faut savoir aller à l'essentiel Leïla Souissi, quant à elle, souhaitait, comme elle le fait souvent, faire parler de la Tunisie sous son meilleur jour. Et si elle a choisi d'intituler ce projet «Turbulences», ce qui résume bien l'état d'esprit actuel des artistes, c'est pour en souligner et les remous et les diversités. Epaulée par Alain Manini, directeur de production, elle lance Imago Mundi Tunisie. Une centaine d'artistes, connus, ou en voie de l'être, jeunes ou moins jeunes, classiques ou contemporains, peintres, dessinateurs, photographes, graffeurs, bédéistes, ont déjà été sélectionnés. Une centaine d'autres le seront dans les jours à venir, et sont appelés à se faire connaître. On leur remettra les châssis au format choisi dans tous les outlets Benetton sur tout le territoire tunisien, et ils sont tenus de remettre leurs œuvres avant la mi-février. On entamera dès lors — et très vite — la préparation du catalogue, et si les délais sont respectés, peut-être que la collection tunisienne pourra être présentée à la biennale de Dakar. En Tunisie, et là c'est le rêve partagé de Leïla Souissi et de Luciano Benetton, on pourrait la présenter au Musée du Bardo Imago Mundi est un véritable manifeste, un acte d'ouverture des frontières de l'art grâce à des personnalités, des pays, des cultures différentes, cela dans une liberté totale d'expression. Avec pour seule logique la fraternité dans l'art