Qu'elle y soit préparée ou pas, la France surprend une nouvelle fois avec son incroyable incapacité à se prêter à un forcing collectif pouvant entraîner, même en l'absence de moyens et d'arguments, la totalité de ses acteurs dans un surpassement d'effort qui dépasse ses propres bornes. Une défaillance presque institutionnelle faisant état du manque de joueurs qui ont réellement le pouvoir d'agir. Si l'on croit aux traditions et habitudes, les tricolores n'ont pas réussi encore une fois à se démarquer de cette tendance bien déclarée à sombrer dans l'ononymat. L'on serait même tenté de penser que l'équipe se plaît dans les moments difficiles et les défaites. Dans une épreuve comme la coupe du monde, la valeur d'une équipe qui tient à y faire un parcours, ou encore une "carrière", se mesure en particulier à sa capacité de se mettre en évidence et à s'imposer dans des matches qui sont censés non seulement refléter l'état d'esprit des joueurs sur le terrain, mais aussi et surtout leurs aptitudes à forcer le cours des événements quand cela devient nécessaire. C'est principalement à ce niveau qu'elle serait appelée à sauvegarder son identité, son nom quand elle a vraiment un statut à défendre. Dans le cas français, c'est à se demander si l'équipe ne savait plus vraiment gérer ses matches, ou encore doser ses efforts? Si ce n'était pas aussi et davantage une question de choix et d'appréciation qui arrive à manquer à un ensemble qui semble de plus en plus perdre ses repères, là où il lui faut pourtant avancer, confirmer une réelle capacité de réhabilitation ? Si ce n'est finalement aussi une confusion dans la définition des priorités. Visiblement, l'équipe ne parvenait pas à savoir où situer ses priorités, et encore moins comment les mettre en application… Il faut dire que cette trajectoire déclinante aurait dû soulever bien avant la défaite face au Mexique une véritable prise de conscience et favoriser d'autres conceptions de jeu. Chaque match, notamment ceux qui avaient précédé le Mondial, aurait dû pourtant être le commencement d'une nouvelle étape, parfois même d'une nouvelle ère…La France se devait forcément de changer avant le Mondial et pourquoi pas d'apprendre de nouveau. Le talent au croisement de l'histoire… D'autres équipes font déjà de leur parcours en coupe du monde une raison d'être complètement différente. Ici et là, elles ne laissent pas indifférent tant elles éblouissent par le jeu et par le geste. L'on n'hésitera pas à se demander comment peut-on encore et toujours jouer de cette façon. C'est la galerie des «seigneurs» — de ceux qui, par le talent, peuvent tout écraser sur leur passage— qui est fortement illustrée par tout ce que des joueurs de la trempe des argentins Messi et Hugain, du mexicain Hernandez et de tant d'autres, sont de plus en plus capables de laisser entrevoir, ou précisément d'inventer et de créer sur un terrain de football. Des tueurs des espaces, ceux auxquels il ne faudrait qu'une demi-occasion pour faire plier toute l'échine d'une défense, basculer le sort d'un match. Dans tout ce qu'ils entreprennent, ainsi que leurs camarades, l'on ne manque pas de relever cette finesse dans les détails. Un véritable talent au croisement de l'histoire du jeu, de l'histoire de la coupe du monde. De l'histoire tout court. Un mélange de sérénité et d'accomplissement. Au stade du premier tour, il y a d'ores et déjà des équipes qui avancent insensiblement au devant d'une réussite dans laquelle elles semblent pleinement s'épanouir, vivre, séduire et enflammer. La survie et l'exploit n'appartiennent en fait qu'à ceux qui veulent y croire. Et pour rendre les choses simples, nous dirons que , dans leur version actuelle, ils se construisent en fonction de la qualité de leurs joueurs. On sent, et on ne manque pas à chaque fois de le deviner, une réelle volonté de séduire tout essentiellement par cette capacité à exprimer un trésor de vertus naturelles.