Poursuivi par les services de renseignements de Ben Ali, réfugié au Maroc en 1991 puis à Londres en 1994 où il demande l'exil politique, il devient le fervent disciple du Saoudien Zoubeïr Al Hairi Cette figure nationale du jihad global (prédication et jihad) qui a côtoyé les plus grands idéologues de la mouvance Al Qaïda, d'Abu Qatada à Abu Mossab Zarkaoui, et a récolté les bonnes appréciations de ses leaders (Oussama Ben Laden qu'il a rencontré une fois et Ayman Dhawahri, à deux reprises) a défrayé la chronique de cette année 2013. Mais comment Saïfallah Ben Hassine, alias Abu Yadh, est-il arrivé à fédérer «Ansar Echaria», aile tunisienne d'Al Qaïda, et à tromper la vigilance de ses traqueurs, en dépit des multiples chefs d'accusation retenus contre lui ? Poursuivi par les services de renseignements de Ben Ali, réfugié au Maroc en 1991 puis à Londres en 1994 où il demande l'exil politique, il devient le fervent disciple du Saoudien Zoubeïr Al Hairi avant de partir au front en Afghanistan où il bénéficie d'un entraînement militaire poussé dans le cadre de formations qataries opérant sous le couvert d'Al Qaïda. Dès 2000, il crée le groupe «Combattants tunisiens», organisation classée terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies. Désigné émir des «Combattants tunisiens», il fournira des jihadistes à l'Irak et l'Afghanistan en attendant de réaliser son projet, l'instauration d'un modèle islamiste en Tunisie. Son périple le mène de Pakistan en Syrie et son expérience de terrain en matière d'organisation, de coordination et de gestion de groupes jihadistes, lui permet d'établir des stratégies minutieuses et de longue durée. Arrêté en septembre 2003, en Turquie, il est expulsé en Tunisie où il est inculpé de haute trahison et d'appartenance à Al Qaïda et d'autres groupes terroristes opérant à l'étranger. Cumulant des peines de 68 ans, condamné à plus de 40 ans de prison ferme dont il ne passera que 8 au total, il est gracié en mars 2011. Ce sont ces huit années d'incarcération, intensément animées de cercles de prédication d'un redoutable chef politique et imam charismatique qui vaudront à la Tunisie de couver sous la dictature de Ben Ali et même à ses prisons, l'aile la plus radicale du jihadisme international : Ansar Echaria, dont il est publiquement le chef jusqu'à son entrée en clandestinité au lendemain de l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis, en septembre 2012. Echappant une première fois à la descente des policiers venus l'arrêter chez lui, il est encerclé trois jours après, suite à un prêche enflammé à l'intérieur de la mosquée El Fath par la police qui recevra, du ministère de l'Intérieur, l'ordre de se retirer... A nouveau accusé d'actes terroristes par le chef du gouvernement, suite aux évènements de Chaâmbi et de Kairouan, en plus de la qualification de Ansar Echaria de groupe terroriste, Abu Yadh n'en a pas fini pas de fuguer... Jusqu'à sa capture hier matin à Misrata en Libye, par les forces spéciales américaines. En plus d'être recherché en Tunisie, le chef d'Ansar Echaria, Seifallah Ben Hassine, était également accusé d'actes terroristes en Libye, dont l'assassinat de l'ambassadeur américain en septembre 2012, à Benghazi. En réplique aux aspects symboliques et spectaculaires des attentats signés par Al Qaïda, les Américains auraient choisi ce 30 décembre 2013 pour le capturer.