Dans l'entourage du successeur de Ali Laârayedh, on tient pour «presque certain» le retour de Habib Essid à la tête du ministère de l'Intérieur. Caïd Essebsi est-il passé par là ? Alors que Mehdi Jomâa poursuit, inlassablement et avec discrétion, ses démarches et tractations en vue de la composition de l'ossature de son équipe gouvernementale, le suspense continue de planer sur la grande citadelle du ministère de l'Intérieur quant à l'identité de son prochain locataire. L'on sait jusqu'ici que Lotfi Ben Jeddou était bien parti pour rester, galvanisé qu'il est par un mandat jugé unanimement, ou presque, au-dessus de tout reproche. Il est vrai que plusieurs facteurs plaidaient en faveur de son maintien, à savoir une nette embellie en matière de lutte contre le terrorisme, une baisse sensible du taux de criminalité, une lune de miel qui perdure avec les différents et parfois encombrants syndicats du ministère, des qualités morales certaines et enfin une étonnante condition physique lui permettant d'abattre un travail colossal à longueur de journée. Coup d'éclat D'ailleurs, jusqu'au dernier week-end, tout le personnel de la «boîte» persistait à dire, avec autant de conviction que de fierté, que leur patron Ben Jeddou a été reconduit, après avoir tapé dans l'œil du successeur de Ali Laârayedh, durant le tête-à-tête qui avait réuni, récemment, les deux hommes. Que nenni, car c'était compter sans ce coup d'éclat constaté, au cours des dernières 24 heures, dans l'entourage restreint de Mehdi Jomâa. Là où une indiscrétion (enfin une, après un long mutisme) fait état de volte-face, sous la forme du choix de Habib Essid, comme prochain homme fort du ministère de l'Intérieur. Partie de la ville natale (Mahdia) de M. Jomâa qui vit encore dans l'euphorie de la nomination de ce dernier à la tête du gouvernement, la nouvelle n'a pas tardé à faire le tour des cercles politiques qui l'ont accueillie, a-t-on constaté, avec satisfaction pour certains, mais avec étonnement pour d'autres. A-t-on tiré le bon numéro ? Cependant, au-delà de ces réactions, des questions méritent, sans doute, d'être posées : qui a motivé ce coup d'éclat ? Pourquoi la cote de Ben Jeddou a subitement baissé ? Ce dernier a-t-il été trahi par les siens, ou par d'autres parties, pour une raison ou pour une autre ? Si dans l'entourage de M. Jomâa, on tient à répéter que «la prochaine équipe gouvernementale sera entièrement new-look et ne comptera, par conséquent, aucun des ministres de A. Laârayedh dans ses rangs», il n'est pas exclu, selon certaines sources concordantes, que Habib Essid ait été vivement recommandé par Béji Caïd Essebsi, qui l'a eu dans son équipe, lors de son mandat à la tête du gouvernement. En attendant d'en avoir le cœur net, avec l'annonce officielle, prévue très probablement pour jeudi prochain, de la composition du nouveau gouvernement Jomâa, il faut rappeler que M. Essid n'est pas étranger au ministère de l'Intérieur qu'il avait dirigé, pendant quelque sept mois, avec autant de rigueur que de réussite. Et cela en dépit des nombreux dossiers brûlants laissés en suspens par son prédécesseur, du dangereux relâchement sécuritaire et de l'apparition des signes avant-coureurs de l'hydre terroriste. Avec l'éventuel come-back de H. Essid, aura-t-on tiré le bon numéro ?