Parce qu'on ne change pas une équipe qui gagne, l'actuel ministre de l'Intérieur est bien parti pour rester... Alors que le nouveau chef de gouvernement Mehdi Jomâa, sorti récemment vainqueur de la course à la succession de Ali Laârayedh, est pleinement engagé dans les tractations devant aboutir à la composition de son équipe, le suspense plane encore sur le QG du ministère de l'Intérieur où tout le monde ignore le sort qui attend son actuel locataire, Lotfi Ben Jeddou. Cette attente qui frise, pour certains, l'anxiété est, il est vrai, alimentée par des nouvelles qui ne cessent de circuler et faisant état d'une lutte serrée entre les candidats Chawki Tebib et Habib Essid pour prendre la relève de Ben Jeddou». Qu'il s'agisse d'intox ou pas, ces rumeurs, par les temps d'incertitudes qui courent, pourraient même prendre de l'ampleur, avec la circulation d'autres noms dans ce jeu de pronostics, voire de loterie, qui ne prendra évidemment fin qu'avec l'annonce officielle de la nouvelle équipe gouvernementale. Mais, en attendant, quelles sont les chances de maintien de Ben Jeddou? Ce dernier l'emportera-t-il, au bout du compte, sur ses deux concurrents ? Analyse. Le poids de l'inexpérience Commençons d'abord par les deux nouveaux candidats pour dire, tout de go, qu'ils manquent d'expérience. C'est d'autant plus vrai que Chawki Tebib, juriste, est tout à fait étranger à un ministère aussi sensible et plein de peaux de banane que celui de l'Intérieur, alors que Habib Essid n'a globalement pas réussi son passage éclair à la tête de la même boîte. De surcroît, on ne peut franchement attendre grand-chose d'un nouveau venu appelé forcément à gérer convenablement un lourd fardeau, en l'espace de quelques mois, étant entendu qu'un ministre fraîchement atterri dans un département met souvent longtemps pour en connaître les rouages et s'y habituer, au moment même où la situation sécuritaire actuelle du pays, par sa fragilité et les graves menaces terroristes qui persistent, ne tolère ni changement, ni nouvelles méthodes de gestion, ni relâchement. Peut mieux faire Tout cela pour dire que Lotfi Ben Jenddou est bien là où il est et qu'il est , par conséquent, reconductible. Mieux, plusieurs atouts plaident en faveur d'une telle option : - Le plus qu'il a apporté dans la lutte contre le terrorisme, comme en attestent les nombreuses arrestations et saisies opérées dans les rangs d'Ansar Echaria, ainsi que les attentats terroristes avortés in extremis. - Une meilleure maîtrise du dossier brûlant du terrorisme, illustrée par l'adoption réussie de la tactique anticipative qui reste dans le jargon policier un passage obligé pour vaincre les acolytes d'Al Qaïda. - Les marques de respect et d'estime dont Ben Jeddou continue de bénéficier, sans doute pas pour ses beaux yeux, auprès tant de son état-major que des agents des forces de sécurité intérieure. - La lune de miel qu'il file encore avec les différents syndicats du ministère, et cela grâce à son ouverture et sa neutralité face à la guerre du pluralisme syndical qui embrase son département. - Le travail fou qu'il continue d'abattre, allant jusqu'à jouer les prolongations dans son bureau à une heure tardive de la nuit. La preuve est qu'il se sent désormais à l'aise dans son poste, et qu'il a enfin cessé de brandir la menace de démission qu'il a lancée à deux reprises. Alors, on ne change pas une équipe qui gagne ? La balle est maintenant dans le camp de Mehdi Jomâa.