La Sonede essaye de combler le déficit accumulé depuis des années à cause du gel de la tarification en réajustant les prix La Société nationale de distribution de l'eau potable a annoncé, début janvier, une majoration de 7% des tarifs de l'eau potable, applicable à partir de ce trimestre. Cette mesure, prise dans un contexte économique difficile, est nécessaire, assure-t-on à la Sonede : «On n'a pas de subventions de l'Etat, on doit compter sur nos propres ressources. (...) Si on ne fait pas de bénéfices, on doit au moins ne pas subir de pertes», affirme le PDG de la Sonede, Hédi Belhaj. Actuellement, le coût moyen du mètre cube d'eau est de 800 millimes, tandis que le prix de vente est de 700 millimes. Le déficit engendré limite la capacité de la société à entretenir les canalisations, les changer quand cela est nécessaire, et à réhabiliter les stations. « L'augmentation de la fréquence des coupures d'eau est en partie due à ce problème», assure le responsable. La Sonede a commencé à vendre de l'eau à perte depuis 2007. La tarification a été gelée en 2005, alors que le coût de production n'a cessé d'augmenter. De 2007 à 2012, le déficit cumulé s'est élevé à 180 millions de dinars. En 2013, la société a enregistré un déficit de 8 millions de dinars. Pour 2014, le déficit est estimé à 1 million de dinars. Ainsi, l'augmentation des tarifs permettra, d'une manière progressive, de remettre à l'équilibre le résultat net de l'exercice. «D'un autre côté, le client doit payer ses factures. Le montant des impayés a atteint 240 millions de dinars, une somme astronomique», estime le PDG. Depuis 2011, de plus en plus d'abonnés ne payent pas leurs factures, y compris ceux dans le secteur public. Pour inciter les abonnés à payer, la société procède à des coupures, que ce soit au niveau des hôtels, des maisons de particuliers ou même au niveau des administrations. « Si on ne fait pas ça, arrivera un temps où même celui qui paye n'aura plus accès à l'eau, parce que l'entreprise ne sera plus capable d'assurer sa mission », explique le directeur général. La société a, par ailleurs, entrepris des mesures en interne pour comprimer les dépenses. « On a diminué la consommation en carburant et en électricité de 7%, et on essaye de changer les équipements des stations par d'autres, moins énergivores », dit-il. Des défis à relever L'entreprise fait face à une situation difficile. La principale cause, selon le PDG, c'est l'alourdissement du budget ces trois dernières années, où l'entreprise a dû effectuer des travaux pour étendre le réseau de distribution d'eau potable dans les zones rurales. « Le budget en 2012 était de 80 millions de dinars. En 2013, il a atteint 290 millions de dinars. (...) En 2014, on l'estime à près de 340 millions de dinars », informe M.Hédi Belhaj. La société envisage de mener de nouveaux projets pour améliorer la qualité des eaux souterraines et remédier au problème de raréfaction des ressources hydriques. Ainsi, la société va construire des stations de dessalement d'eau de mer dans les grandes villes côtières. La première sera établie à Djerba. D'autre part, 16 stations de dessalement des eaux souterraines seront construites dans les régions intérieures, au Sud et au Centre-Ouest, d'ici fin 2015. Pour mener tous ses projets, la société a contracté des crédits à des banques tunisiennes et étrangères, qu'elle est en train de payer. « Pour pouvoir continuer [nos projets] d'ici 2022, il nous faut 2.000 millions de dinars. Hier on a remboursé 10 millions de dinars, dont 5 à l'Etat, et 4,5 millions à la Banque européenne d'investissement », révèle le PDG. La station de Djerba coûte à elle seule 130 millions de dinars. « Malgré toutes les difficultés, l'entreprise continuera à accomplir sa mission et ne sera pas privatisée », assure M.Belhaj.
Rationaliser la consommation L'augmentation des tarifs d'eau potable a été décidée pour compenser les pertes financières de la Sonede et pour inciter les gens à économiser l'eau. La consommation en eau potable a enregistré une nette augmentation ces dernières années. Elle est passée d'une moyenne de 31,6 m3 par trimestre et par foyer en 2009, à 33,3 m3 en 2012. Toutefois, pour 91,2 % des abonnés, l'augmentation des tarifs sera à peine ressentie. Elle est de 10 millimes par m3 d'eau prélevée pour les clients qui consomment entre 0 et 20 m3 par trimestre, et de 25 millimes pour ceux qui consomment entre 41 et 70 m3 par trimestre.