Construction de quatre nouvelles stations de dessalement de l'eau de mer d'ici 2022 La Tunisie s'apprête à renforcer sa plateforme de stations de dessalement d'eau saumâtre et d'eau de mer dans les prochaines années. Malgré des stratégies de gestion rationnelle des ressources hydrauliques mises en place depuis longtemps, le déficit hydrique chronique ne cesse de s'aggraver et la Tunisie est contrainte de s'engager plus fortement dans l'option complexe et onéreuse du dessalement afin de préserver les nappes surtout celles du centre et du sud et répondre ainsi à l'augmentation continue de la demande domestique, agricole, touristique et industrielle en eau potable. 700 MD d'investissements tunisiens et étrangers Située dans une zone semi-aride à aride avec des ressources hydriques limitées et inégalement réparties entre les régions, la Tunisie s'est essayée au dessalement depuis 1983, date de création et de mise en service de l'unité de dessalement de l'eau saumâtre de Kerkennah, afin de diversifier les ressources hydrauliques des régions tunisiennes les moins arrosées et les moins pourvues en eau de surface, à savoir le centre et le sud. Parallèlement au développement du secteur de l'assainissement et du traitement des eaux usées, d'autres unités de dessalement ont vu le jour progressivement dès les années 90 : à Gabès (1995) et à Djerba et Zarzis (1999). Se référant à une enquête réalisée en 1981 par l'institut national de recherche scientifique de Borj cédria, le site Toute la Tunisie.com rapporte que les secteurs industriel et touristique sont les pionniers dans le domaine du dessalement des eaux saumâtres et de mer. Officiellement, le dessalement de l'eau de mer démarre, quant à lui, en 2003 avec la création de la première station à Béni Khiar (Cap Bon). D'aucuns n'ignorent que la problématique de l'eau va en s'accentuant en raison de la demande croissante et de la pollution, marine et urbaine, de plus en plus diffuse, si bien que toutes les stratégies et initiatives de rationalisation de la consommation de l'eau se sont avérées vaines. L'Etat se trouve de ce fait contraint à investir encore plus dans des projets nouveaux et innovants pour créer des ressources non-conventionnelles d'eau et le dessalement se présente comme le recours inéluctable dans les années à venir. Lors d'un entretien accordé, mercredi dernier, à radio Express FM, M. Hédi Belhaj, PDG de la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux, a confirmé cette orientation en annonçant la programmation de quatre nouvelles stations de dessalement d'eau de mer respectivement à Djerba, à Zarrat (Gabès), à Sfax et à Kerkennah et leur réalisation complète à l'horizon 2022. Une importante annonce pour une entreprise publique qui affiche un déficit budgétaire de 80 MD, qui a affaire à des abonnés récalcitrants (215 MD d'impayés) et qui fait face à des actes de sabotage sur ses équipements et ses installations nécessitant des dizaines de millions de dinars de réparation. Selon les premières estimations, le coût de ces quatre réalisations atteindrait 700 MD dont 300 MD proviendront d'un investissement japonais pour financer la station de Sfax. Selon le pdg de la Sonede, l'étude du projet de Sfax devrait démarrer au mois de septembre prochain et la première phase du projet fin prête en 2018. «La ville de Sfax n'a pas de ressources hydriques propres et doit par conséquent avoir sa propre station de dessalement d'eau de mer», a affirmé le responsable. Cette station permettra de subvenir aux besoins de la région de Sfax et d'alléger le recours aux eaux du Nord et des eaux provenant de Jelma et de Sbeitla. D'ici là, la station de Djerba sera créée en premier et assurera une capacité de production de 50.000 m3 d'eau dessalée par jour (salinité de l'eau de mer entre 40 et 44 g/litre). Coût du projet : 3 MD. Réajustement des tarifs de la SONEDE Programmer des projets et veiller à leur concrétisation quelle que soit la situation, cela fait partie de la crédibilité de l'entreprise publique et garantit son développement et sa pérennité, estime le premier responsable de la SONEDE. C'est ce qui explique, selon M. Belhaj, le recours de la SONEDE à des réajustements réguliers des prix du m3 d'eau potable à la consommation afin de mobiliser des fonds pour la réalisation des projets. Le dernier réajustement en date vient d'être annoncé et table sur une augmentation de 300 millimes par trimestre (3 millimes par jour) pour les abonnés qui consomment moins de 40 m3 d'eau par trimestre, soit 70% des abonnés de la SONEDE. Pour les autres, les plus gros consommateurs, en l'occurrence les hôteliers et les industriels, l'augmentation varie entre 15 et 30 millimes par jour et peut même atteindre 100 millimes. Le problème de l'eau est ancien et mondial mais il se pose avec plus d'acuité dans les régions chaudes et arides ou celles qui sont pauvres en ouvrages hydrauliques. Parfois, dans des circonstances exceptionnelles, d'autres obstacles peuvent surgir et compliquer davantage la situation. « Les mouvements de contestation, de grève et, plus grave encore, les actes de sabotage des installations et des équipements de la SONEDE ont été à l'origine de nombreuses coupures d'eau et de pertes pour l'entreprise», affirme M. Belhaj, qualifiant de «sabotage organisé» les actes de vandalisme qui ont été perpétrés ces derniers temps dans la région de Gafsa (Ktar, Om Laaraïes, Rdaïef, Gafsa). Résultat : 20 jours sans eau. Des actions condamnables pour au moins deux raisons : l'eau potable est un bien public qui appartient à l'ensemble du peuple et le coût de réparation des actes de sabotage se répercute sur la facture de l'abonné. Dans les deux cas de figure, c'est le citoyen moyen, le salarié, le petit ouvrier, le chômeur... qui devra mettre, difficilement, la main dans la poche pour payer la facture. Bien public, nos réserves d'eau surtout potable doivent être préservées et protégées par tous et la loi appliquée sur les saboteurs.