Le vécu et la notoriété ne suffisent pas pour diriger un club sportif. Où est donc la formation appropriée? A l'heure où les clubs et organismes sportifs dans le monde se sont alignés, depuis très longtemps, aux règles rationnelles et scientifiques de la gestion sportive nous continuons, nous, à vivre dans un cadre flou où le métier de dirigeant se fait n'importe comment. Eux, ils se forment et se recyclent tout le temps pour développer leurs clubs et fédérations sportifs, nous, nous faisons appel de plus en plus à des amateurs et à n'importe qui pour faire ce métier. Aujourd'hui, on traîne un héritage lourd dans le domaine du sport : les structures désuettes et malsaines du passé nous ont produit une population mitigée de dirigeants sportifs : ceux qui ont une qualification et qui connaissent le sport et l'administration (c'est une minorité) et ceux qui viennent de n'importe où avec un statut d'athlète, de dirigeant ayant exercé pendant des années. Cette deuxième catégorie a fait sa loi jusqu'à aujourd'hui. Ce sont des clans associés à des capitaux et «lobbies» pour prendre en otage le club ou la fédération. Pas de spécialité, pas de connaissance en gestion ou en communication. On a seulement recours à des experts en comptabilité et en juridiction pour respecter les procédures des assemblées générales. Sinon, ce sont les mêmes outils et mécanismes biaisés qui n'obéissent à aucun fondement qui règnent. Pour être dirigeant aujourd'hui en Tunisie et pour pouvoir exercer pleinement ce métier, il suffit d'avoir un relationnel avec les médias, de «dompter» l'entourage du club et de ramener ou payer un peu d'argent pour s'éterniser dans ce poste. Au lieu de se former en ménagement au sport et d'acquérir les connaissances théoriques et pratiques, nos dirigeants versent un argent fou pour préserver un système anarchique qui les aide à garder leurs postes.. Formation urgente L'initiative de l'Académie nationale olympique tunisienne (Anot) qui a tenu pendant deux semaines un séminaire sur le thème l'«administration pour dirigeants sportifs» est louable. C'est un premier pas pour enfin ouvrir les portes devant une formation académique approfondie. Ce n'est pas une question de luxe c'est une urgence. Le métier de dirigeant mérite plus d'intérêt et de valorisation si l'on veut améliorer les performances de nos sportifs. Nous avons du potentiel technique (athlètes et entraîneurs), ce qui manque, c'est d'élargir la base des bons dirigeants. Ce qui nous manque, c'est de trouver des dirigeants qui savent planifier, motiver, trouver les ressources financières, fixer les bons objectifs, fournir la logistique appropriée, gérer les conflits, améliorer leurs compétences... Cela ne peut pas se faire en quelques semaines. C'est d'abord une question de conscience. Il faut accepter l'idée que le métier de dirigeant ne peut pas être inné ou légué, mais, au contraire, il doit être appris et inculqué. Ça, c'est au ministère des Sports et au Cnot de le faire.