Le gouvernement multiplie les initiatives attestant d'un redéploiement diplomatique d'envergure. Après les visites à Alger et Rabat, Tripoli est la prochaine destination de nos hauts responsables politiques et diplomatiques. Les fondamentaux de l'ancrage de la Tunisie sur l'échiquier international sont de nouveau remis sur la bonne voie. Et c'est tant mieux. Le gouvernement multiplie les initiatives attestant d'un redéploiement diplomatique d'envergure. Après les visites à Alger et Rabat, Tripoli est la prochaine destination de nos hauts responsables politiques et diplomatiques. Les fondamentaux de l'ancrage de la Tunisie sur l'échiquier international sont de nouveau remis sur la bonne voie. Et c'est tant mieux. Toutefois, l'arbre de la diplomatie, si revigoré et salvateur soit-il, ne doit guère cacher la forêt des préoccupations internes. Soyons clairs, nets et précis. Le gouvernement Mehdi Jomâa n'est guère éternel. Il est, lui aussi, provisoire. Décisivement provisoire même, étant appelé à parachever la dernière phase d'une transition démocratique à plusieurs vitesses. Avec ses aléas, ses hauts et ses bas. Aujourd'hui, il importe de doter la phase ultime de la transition des supports et dynamismes adéquats. En un mot, les prochaines élections scelleront le début de la nouvelle phase de normalisation du pouvoir et des institutions représentatives. Pour ce faire, encore faut-il que lesdites élections aient lieu. Une lapalissade dites-vous ? Bien plus en fait. Il faut bien, au préalable, doter la Haute instance des élections des moyens de sa politique. Et ces derniers sont légion. Qu'on en juge. En premier lieu, il est nécessaire de disposer d'une nouvelle loi électorale. Celle-ci dépend, bien évidemment, de l'Assemblée nationale constituante. La feuille de route pour le Dialogue national l'avait clairement stipulé. La nouvelle loi électorale devra définir les circonscriptions électorales proprement dites, le corps électoral, son étendue et ses limites, le mode de scrutin, les types d'élections, leur timing et échelle de préséance, etc. Le peu de diligence qu'on observe à ce niveau semble inquiétant. Certes, la tâche n'est pas gouvernementale, du moins en partie. Mais il appartient au gouvernement d'aiguillonner les constituants à ce propos et de participer à la mise en place de l'infrastructure adéquate. A ce titre, il convient de réviser au plus pressé les nominations partisanes à la tête de certains organes de l'administration. Des organes en liaison directe avec les élections en fait, tels les gouvernorats, les délégations et les municipalités. Certains d'entre eux disposent, en vertu de la loi, d'un pouvoir discrétionnaire en matière d'élections, même vis-à-vis de l'Instance supérieure indépendante des élections ! Il faut savoir que près de 19 gouverneurs, sur les 24 que compte le pays, doivent impérativement être changés. Idem des plus de 220 municipalités sur les quelque 270 existantes. Les délégués partisans se chiffrent eux aussi par dizaines. L'administration régionale est encore sous influence de l'ancienne Troïka gouvernante. En somme, à l'échelle de l'administration régionale et des collectivités territoriales. La Troïka règne toujours mais ne gouverne pas ! Un autre sujet épineux et, à proprement parler, explosif : la dissolution des ligues dites de protection de la révolution. La feuille de route l'exige expressément. Ces ligues seraient au nombre de 182, dont 2 seulement disposent d'une autorisation légale. On observe à ce propos des tergiversations. Les alliés de ces ligues voudraient en faire une espèce de troupes de choc interférant dans le jeu électoral. Ils réclament que la justice procède à la dissolution desdites ligues. Le chargé du contentieux de l'Etat leur emboîte le pas volontiers. Or, ce qui est nul et non avenu de plein droit est dissous de plein droit. Le juge ne saurait dissoudre ou annuler ce qui, légalement, n'existe pas. Bien plus, sa vocation consiste à sanctionner l'illégalité, et non point statuer sur son opportunité. Il ne faudrait surtout pas que le gouvernement Mehdi Jomâa subisse les pressions, astuces soi-disant légales et manœuvres frauduleuses de parties malintentionnées. Le pouvoir a des attraits et des alchimies. Comme celle de convertir les vérités en mensonges et les allégations mensongères en postulats véridiques. Le jeu de l'être et du paraître y est subtil. Démentiellement subtil le plus souvent. M. Mehdi Jomâa et ses ministres gagneraient à le savoir.