Tout semble avoir été mis en œuvre pour «maîtriser» le retour des jihadistes tunisiens ayant combattu en Syrie Lors de son audition, lundi, par les présidents des blocs parlementaires et des commissions à l'Assemblée nationale constituante (ANC), le ministre de l'Intérieur a révélé que «les jihadistes tunisiens combattant en Syrie et devant rentrer, un jour, au bercail, sont estimés à environ 400 personnes». Sans plus de détails et en l'absence de statistiques officielles à ce sujet ! Et c'est bizarre. L'Etat n'a pratiquement rien fait pour stopper, au moment opportun, la «ruée» des jihadistes tunisiens vers la Syrie et, de plus, la fermeture précipitée de notre ambassade dans ce pays a naturellement empêché tout recensement, et balayé tout espoir de récupérer ces jihadistes. Dès lors, l'on se contentera de parler de centaines de «nos» combattants en Syrie, alors que le nombre est estimé à des milliers, selon certaines sources occidentales qui, elles au moins, s'y intéressent de plus près, depuis que de jeunes jihadistes venant d'Europe et d'Amérique y ont été signalés. Mais, indépendamment du nombre réel de nos... escadrons de la mort actuellement en guerre contre le régime de Bachar Al Assad, le plus important est de répondre à ces interrogations à la fois embarrassantes et brûlantes. Combien de rescapés, parmi eux, rentreront au pays ? Comment y parviendront-ils ? Le cas échéant, porteront-ils les armes contre les Tunisiens ? Et puis, est-on réellement prêt à maîtriser leur come-back sans doute indésirable? Si l'on se fie à la déclaration de Lotfi Ben Jeddou indiquant qu'à leur arrivée en Tunisie, ils feront l'objet de poursuites judiciaires, il y a de quoi pavoiser. Or, à bien y voir, il n'y a pas lieu de croire que la partie entre le chat et la souris est gagnée d'avance. Elle s'annonce plutôt difficile, ardue et fort délicate, pour au moins trois raisons, à savoir : Primo : sur le chemin du retour, les terroristes s'offrent mille et une solutions, en optant pour les voies terrestre (Algérie et Libye), aérienne et maritime. Secundo : il est bon de rappeler que les jihadistes ont cet «art» d'utiliser de fausses pièces d'identité, à la faveur du stock en passeports et CIN dont ils disposent, dans la pure tradition d'Al Qaïda. Tertio : le soutien de leurs complices sévissant clandestinement dans nos murs et dont certains sont connus pour être bien «implantés» sur les frontières et ailleurs. «Nous savons qu'ils sont très rusés, mais ils ne passeront pas», jure un agent de la Garde nationale qui appelle à l'impératif d'appliquer toutes les mesures préventives qui s'imposent dans tous les postes frontaliers, sans distinction. Ces mesures, déjà opérationnelles, consistent notamment en le quadrillage des frontières, l'intensification des opérations de contrôle, le recours à l'aviation pour les sorties de ratissage de jour comme de nuit et, enfin, l'augmentation du nombre d'agents, de soldats et de patrouilles. Le tout avec l'étroite collaboration de l'Algérie et de la Libye dont les frontières, on le sait, sont fort «prisées» par les jihadistes désireux de passer en Tunisie. Or, si la coopération avec la partie algérienne se poursuit, plus fructueuse que jamais, sur fond d'échanges de renseignements, de prisonniers et d'arrestations de plus en plus fréquentes, il n'en est malheureusement pas de même pour la partie libyenne dont la frontière, devenue d'une perméabilité sans précédent, continue de pâtir de l'instabilité politique, de l'insécurité et de la mainmise de très nombreux groupes terroristes venant du Mali, de Somalie, du Yémen, du Niger et d'Algérie, dans le but d'implanter des émirats islamiques dans les pays de l'Afrique du Nord, sous la bannière d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique).