Le pays a besoin de sérénité et de transparence dans les rapports des uns avec les autres, des rapports entre gouvernants et gouvernés pour sortir de l'état de marasme et de doute dans lequel il se trouve Le bourricot (le petit âne) est le plus facile à enfourcher. Idem pour le petit peuple qui est toujours là pour payer les errements économiques de ses gouvernants et combler les trous dans les budgets consécutifs au manquement à leur devoir en matière d'impôt des grosses fortunes et du grand capital. Il est de notoriété publique que seuls les salariés du secteur public comme ceux du privé s'acquittent de ce devoir, étant donné que la part du salaire revenant à l'Etat est soustraite à la source. Pour le reste, c'est l'opacité totale. C'est le jonglage avec les chiffres et les bilans, c'est aussi la fuite des capitaux sous des formes multiples, c'est aussi la mode, la Zakat qu'on soustrait légalement de l'impôt dont on doit s'acquitter envers le Trésor public. Sans parler de la contrebande qui échappe à tout contrôle. Le manque à gagner en recettes pour l'Etat se chiffre bon an, mal an à, au moins, une dizaine de milliards de dinars. Les pouvoirs publics en parlent, savent d'où vient le mal comme ils savent quels moyens utiliser pour faire respecter la loi et arrêter cette hémorragie qui se rabat sur le petit contribuable déjà saigné à blanc. Une injustice criarde ! Cette injustice ne date pas d'aujourd'hui, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle est consécutive au libéralisme sauvage qui a commencé au début des années 1970 après l'échec lamentable de l'expérience collectiviste de Ahmed Ben Salah. Et l'on se souvient, du temps du premier ministre Hédi Nouira, du tollé qu'avait soulevé la loi instaurant les ordonnances numérotées pour les médecins. Le recul du gouvernement devant ce tollé n'avait fait qu'encourager les autres corps d'activités libérales pour se soustraire astucieusement à tout contrôle. Ajoutez à cela la corruption qui a gagné une grande partie de l'administration et vous comprendrez pourquoi, aujourd'hui, le manque à gagner en matière d'imposition avoisine les 40% ! Taux ahurissant quand on connaît le peu de ressources dont dispose la Tunisie. Par manque de courage des pouvoirs publics et par une complicité certaine, on en est arrivé jusqu'à fermer l'œil sur ce déni de loi aux dépens de l'intérêt général et dont les conséquences sur le développement du pays, en matière d'infrastructure routière, hospitalière, hydraulique, etc., sont ce qu'il y a de plus négatif, rendant ainsi tout programme de redressement économique durable, aléatoire et hypothétique. Cet incivisme se voit, de nos jours, gratifié par les mesures prises et celles en cours et qui conservent les prix des produits de consommation dans toutes leurs diversités, allant de l'énergie aux conserves de tomate, en passant par le transport, les timbres fiscaux, la viande, le lait, l'eau. Et la liste est tellement longue qu'on finit par perdre le Nord. Pour combler les déficits cumulés du budget, le gouvernement actuel et celui d'avant n'ont pas trouvé mieux que de faire porter ce lourd fardeau aux classes laborieuses qui s'acquittent sans rechigner de leurs dus envers la communauté nationale. Et comme récompense, l'Etat leur fait supporter avec les hausses des prix à répétition de toute la gamme des produits de consommation, la charge de son inconséquence en matière de recouvrement de taxes et impôts envers le grand capital. Il est grand temps que l'on cesse ce comportement de l'autruche et que l'on prenne son courage à deux mains pour faire respecter la loi et faire payer ces hors-la-loi, dont plusieurs se cachent derrière certains partis politiques pour agir ensuite dans une sorte d'impunité révoltante. Car l'injustice est tellement criarde qu'il est du devoir de tous de la dénoncer pour y mettre fin dans l'intérêt du pays qui a besoin de sérénité et de transparence dans les rapports des uns avec les autres, des rapports entre gouvernants et gouvernés pour sortir de l'état de marasme et de doute dans lequel il se trouve. La citoyenneté exige que l'on soit tous égaux devant la loi en droits comme en devoirs. Et le premier de ces devoirs, c'est de rendre à la communauté nationale ce qu'on lui doit et ce qui lui revient de droit. L'Etat est devant l'obligation de veiller à ce que cela soit effectif et non plus fictif. Avant de songer à la vérité des prix qu'on met en place au fur et à mesure, il aurait fallu tout d'abord instaurer la vérité de l'impôt pour tous et non sélective comme elle l'est.