• Après l'annonce du changement de régime de change en Chine, le yuan a inscrit lundi son plus fort gain depuis 2005, entraînant avec lui le won coréen et le dollar australien. L'euro a momentanément bondi au-dessus de 1,24 dollar. A plus long terme, son sort dépend de la gestion des réserves chinoises Les déclarations de la Chine sur le retour à un régime de change plus flexible ont été suivies d'un bond du yuan de 0,44 %, à 6,7976 contre le dollar. Il s'agit de la plus forte hausse de la devise chinoise depuis la réévaluation de 2005. Depuis juillet 2008, le taux de change était fixé à 6,82. D'ici à un an, le yuan devrait s'apprécier de 3 % contre le billet vert, d'après les économistes de Citi et RBS. Les équipes de Credit Suisse et de Barclays Capital estiment que la hausse pourrait atteindre 5 %. Quant aux spécialistes de HSBC, ils considèrent que l'assouplissement n'est pas nécessairement synonyme d'appréciation, mais peut aussi se traduire par des épisodes de dépréciations du yuan. Soutien aux exportations Lundi, l'impact était significatif sur les monnaies de la région Asie-Pacifique, très sensibles à l'environnement économique chinois. La décision de la Chine va augmenter le pouvoir d'achat de sa population, ce qui devrait soutenir les exportations de certains pays voisins. En tête du classement (contre dollar), le won coréen s'appréciait de 2,53 % en fin de séance européenne, suivi du ringgit malais (+ 1,98 %), du dollar australien (+ 1,31 %), du dollar taïwanais (+ 1,21 %) et de la roupie indonésienne (+ 0,98 %). Selon des sources de marché, plusieurs banques centrales, dont celles de Corée et de Taïwan, sont d'ailleurs intervenues pour calmer le mouvement de leur devise. L'annonce des autorités chinoises a aussi profité à l'euro, qui a grimpé au-dessus de 1,24 dollar pour la première fois depuis presque un mois. Toutefois, en fin de journée, la monnaie unique se stabilisait à 1,2322 dollar. Selon Paul Robinson chez Barclays Capital, la décision du géant asiatique contribue à améliorer l'appétit pour le risque :«D'abord parce que cela réduit la probabilité d'une action politique précipitée des Etats-Unis […], ensuite parce qu'un yuan plus fort va limiter le risque de surchauffe en Chine, qui représente la principale menace pour l'économie mondiale,troisièmement, parce que ce geste peut favoriser un rééquilibrage de l'économie mondiale […]. Enfin, parce que la référence à un panier de devises introduit de la stabilité et peut absorber des mouvements trop forts, notamment entre l'euro et le dollar.» C'est cette analyse et la reconnaissance implicite de la solidité de la reprise chinoise qui ont contribué lundi à soutenir dans un premier temps la devise des Seize. A plus long terme, l'impact dépend de l'effet de l'assouplissement du régime de change sur les réserves chinoises et leur utilisation. Pour Alan Ruskin chez RBS, «il est probable qu'une appréciation progressive du yuan va accroître les entrées de capitaux, donc augmenter encore l'accumulation des réserves chinoises et leur recyclage notamment en emprunts américains». Le stratège estime que le statut du dollar comme réserve de change ne sera pas bouleversé dans les années qui viennent, non seulement parce que l'euro est grevé par des problèmes de fonds mais surtout parce que la Chine a sans doute accumulé plus des trois quarts de ses réserves à un taux de change de l'euro-dollar supérieur à 1,25. «Donc les actifs libellés en dollars devraient être perçus comme solides, alors que ceux en euros peuvent avoir besoin d'être couverts.» Plus d'achats d'actifs en dollars Alan Ruskin considère par ailleurs que la Chine va arrêter d'échanger ses titres de dette américaine de court terme («T-Bills ») contre des emprunts américains plus longs, maintenant que son stock de «T-Bills» a atteint 40 milliards de dollars. Elle pourrait donc utiliser les nouveaux flux qui entrent dans ses réserves pour acheter des obligations américaines de long terme. Au total, il y aurait donc une hausse des achats d'actifs en dollars, ce qui serait bénéfique à la devise de référence. Mais les incertitudes restent nombreuses.