Les industriels rechignent à acheter des licences de fabrication et à miser sur des inventions qui n'ont jamais été expérimentées Après le joint hydromécanique ZHB et le carburant économique, l'inventeur Habib Bounouh récidive avec les déchets ménagers plastiques. Bounouh a, par le passé, conçu le charbon vert mais il n'a trouvé aucun financement pour ses inventions. Non médiatisées, elles n'ont pas trouvé acquéreur parmi les industriels. Cela n'a pas découragé l'inventeur qui, en comptant sur ses propres moyens, a pioché sur les ordures ménagères auxquelles il a fait subir de nombreux traitements. Après plusieurs mois de recherche, ses tentatives ont fini par porter leurs fruits. En faisant subir un traitement chimique à des déchets ménagers contenant du plastique, l'inventeur obtient du charbon, de la paraffine brute, de l'huile de paraffine et du fioul non polluants. «Mon objectif est de concevoir une matière propre et non polluante. J'ai tenté de nombreux traitements chimiques avant de trouver le bon qui m'a permis de concevoir un charbon non polluant ainsi que de la paraffine et du fioul, qui lorsqu'ils brûlent, ne dégagent pas de produits toxiques et polluants», explique Habib Bounouh. Destiné à la production d'énergie,ce charbon pourrait remplacer divers types d'énergie comme le gaz qui sont utilisés dans les secteurs de l'industrie et du transport et qui sont plus coûteux. «Ce charbon est beaucoup moins cher que les énergies utilisées. Il sert à la production d'énergie dans les usines et les industries. Il a, par ailleurs, pour avantage d'être peu polluant. C'est une aubaine pour les industriels s'ils l'utilisent». Mais le passage de l'invention au process industriel reste semé d'embûches. Les industriels rechignent à acheter des licences de fabrication et à miser sur des inventions qui n'ont jamais été expérimentées. En outre, il n'existe aucune incitation pour les inventeurs. Le seul concours annuel qui était organisé pour exposer les nouvelles conceptions des inventeurs et les présenter aux industriels a été abandonné depuis la révolution. Certains inventeurs ont essayé de tenter leur chance à l'étranger. Sauf que si les industriels occidentaux montrent davantage d'intérêt pour les inventions nationales que les industriels tunisiens, ils sont, par contre, plus pointilleux quant à la crédibilité et à l'efficacité de l'invention. Un de ces inventeurs, Jamel Hamdi, a traversé l'Atlantique, pour exposer ses inventions à des experts et a obtenu le fameux brevet américain qui confère aux inventions sérieux et crédibilité. Peine perdue. A son retour en Tunisie, l'inventeur n'obtient aucun financement. Sans ressources, ayant vendu tous ses biens, pour pouvoir financer l'obtention du brevet américain, J.Hamdi arrive, aujourd'hui, à peine à joindre les deux bouts et ne dispose plus d'argent pour faire de la recherche et concevoir d'autres inventions. Le moins que l'on puisse dire c'est que les inventeurs traversent une période de vaches maigres et continuent à manger leur pain noir en attendant qu'on daigne s'intéresser à eux.