Dans une opposition purement latine, tout peut se jouer sur un coup de génie, un sursaut d'orgueil ou encore un faux rebond... La " mise en examen " se poursuit pour le Mexique, au fur et à mesure que la compétition avance. Après s'être extirpé d'un groupe assez relevé, composé de deux champions du monde et d'un pays hôte, champion d'Afrique, les Aztèques se voient proposer en huitièmes de finale un autre champion du monde, de surcroît grand favori du tournoi. Argentine – Mexique est sans aucun doute l'une des affiches de cette phase du Mondial. Un match couperet qui pourrait basculer d'un côté comme de l'autre, vu les prédispositions de ces deux grandes nations du football. Second du groupe A, le Mexique a réussi à effacer la France et à tenir en échec l'Afrique du Sud. Bleus et Bafana Bafana, bien que composés d'éléments de tout premier ordre, n'ont pas réussi à damner le pion à des Sud-Américains qui n'ont plié que face à plus fort qu'eux, en l'occurrence, la Celeste de Diego Forlan et de Luis Suarez. C'est dire que le Mexique ne part nullement vaincu d'avance face aux Albicelestes de Diego Maradona et entend vendre chèrement sa peau à ce stade avancé de la compétition. Les déclarations " chocs " ont d'ailleurs commencé assez tôt ces derniers jours, le milieu de terrain de la " Tri " Gerardo Torrado, affirmant que son équipe s'apprêtait à livrer le match de sa vie: " Nous avons les arguments nécessaires pour l'emporter. Nous savons que l'Argentine va être un rival redoutable, mais si nous sommes bien concentrés, ce sera un match équilibré. Il s'agit d'un match à la vie à la mort, et le Mexique sera pour eux aussi un rival difficile. Nous allons jouer notre vie, il n'y aura pas de lendemain. Tu perds, tu t'en vas. Tu gagnes, tu restes " , a insisté le joueur du club mexicain de Cruz Azul: " Il faut gagner ce match pour continuer à avancer et continuer à rêver, et croyez-moi, nous aurons la bonne attitude ". L'histoire est d'ailleurs capricieuse, Torrado faisait partie de l'équipe mexicaine battue par l'Argentine au Mondial 2006. Par contre, en 1999, Torrado et Rafael Marquez avaient battu l'Argentine en huitièmes de finale de la Coupe du monde des moins de 20 ans, qui se déroulait déjà en Afrique, précisément au Nigeria. Notons finalement que volet renfort mexicain face aux Argentins, l'attaquant Carlos Vela, blessé aux ischio-jambiers droits et indisponible contre l'Uruguay, devrait être rétabli pour le choc sud-américain d'aujourd'hui. Argentine-Mexique donnera aussi lieu à un match dans le match entre Barcelonais: le capitaine aztèque Rafael Marquez sera chargé d'empêcher" le meilleur joueur du monde", Lionel Messi, de s'exprimer en le privant d'air. Entre le " Kaiser du Michoacan ", sa région d'origine, et la " Puce " du Barça, tout sépare l'élégant et rugueux milieu défensif (défenseur central à Barcelone) du virevoltant et créatif N.10. Ainsi, le duel de Marquez avec Messi ne manquera pas de saveur comme l'affirme le Mexicain: " Je le connais assez bien, c'est difficile de jouer contre lui et de l'arrêter. Il faut essayer de lui fermer les espaces parce que c'est difficile de lui prendre le ballon. Il a une bonne conduite de balle et peut changer de rythme à n'importe quel moment. Cela dit, on affronte l'Argentine, et alors? On est en train de changer cette mentalité, on est en train de devenir grands pour devenir meilleurs ". Il est vrai que le Mexique en a assez de cette fatalité de voir le parcours des Aztèques prendre fin en huitièmes de finale de la Coupe du monde, comme vécu en 2002 et en 2006. Maradona-Léo-Veron, le triangle des Bermudes... Diego Maradona a les yeux de Chimène pour Veron, et son cœur a parfois des raisons que la raison commune ignore, mais son choix d'emmener au Mondial Juan Sebastian Veron (35 ans), qui a divisé le pays et soulevé des doutes, s'avère payant. Maradona avait d'abord donné (dans un premier temps) les clefs du jeu à Riquelme, mais l'inoxydable Veron réapparaît et redevient rapidement un des trois piliers de Maradona, avec Mascherano et Messi. Le bouillant sélectionneur argentin n'est d'ailleurs jamais avare de compliments avec ses joueurs: " Veron est mon Xavi ", a-t-il déjà dit en référence au cerveau de l'équipe d'Espagne, " il est irremplaçable ". Ainsi, le courant passe bien entre El Pibe De Oro et son ex-coéquipier Veron: " Le fait d'avoir joué avec Maradona est un honneur ", assure Veron. "C'est la meilleure chose qui me soit arrivée. Ses mots, ses coups de gueule, ses passes... Tout ce qu'il fait prend une dimension incroyable ". Retour de flamme... amoureuse, ou presque: " C'est le joueur argentin qui connaît le mieux le football, c'est pour ça que j'en ai fait mon entraîneur sur le terrain ", révèle Maradona. " J'ai besoin de lui pour qu'il crie et motive les autres. J'ai aussi besoin de lui parce que c'est le seul qui a de l'influence sur Messi. Léo l'écoute et ça, c'est indispensable". Tel un garde du corps, Veron sert de bouclier à Messi, alors que son charisme sur le terrain a un impact positif sur le reste du groupe. Les indicateurs sont au vert pour les Argentins. Le talent est au service du collectif et la cohésion de groupe ne trompe pas. Serait-ce suffisant pour étendre son hégémonie sur le Mexique lors de ce match couperet? Réponse ce soir.