Alors que le Dialogue national est saisi par la question — concomitance ou séparation ? — les arguments continuent de s'opposer sur la scène publique... C'est le cas bien sûr entre Nida Tounès et Ennahdha ! A la suite de l'adoption, par l'Assemblée nationale constituante, de la loi électorale, il semble que la dernière bataille que vont livrer les constituants ainsi que les partis prenant part au Dialogue national — qui a repris, hier, ses travaux pour auditionner Chafik Sarsar, président de l'Isie — est bien celle relative à la simultanéité ou à la séparation des élections présidentielle et législatives. La question que tout le monde se pose et qui n'a pas trouvé encore de réponse est la suivante : faut-il organiser les prochaines élections en concomitance ou séparément et quels sont les avantages et les inconvénients du choix d'appeler les électeurs à choisir le jour même leur futur président et leurs députés ou d'espacer ce choix ? Les avis divergent et les positions ainsi que les arguments des uns et des autres sont encore loin d'aboutir au consensus tant recherché, au risque de faire durer les débats indéfiniment et de laisser planer le spectre d'un retard concernant la date des élections, laquelle date ne doit, en aucun cas, dépasser fin décembre prochain, comme le stipule la Constitution. 30 milliards à économiser Et, comme l'on s'y attendait, la réunion tenue, hier, dans le cadre du Dialogue national, et l'exposé fait par Chafik Sarsar, président de l'Isie, n'ont pas permis de trancher cette question puisque la majorité des partis présents ont campé sur leurs positions initiales. En attendant que les partis du Dialogue tiennent une nouvelle réunion «pour approfondir l'examen des avantages et des inconvénients des deux scénarios en débat», Ennahdha et Nida Tounès, considérés comme étant les partis les plus influents sur la scène nationale (sondages d'opinion obligent), se sont distingués, encore une fois, par deux positions diamétralement opposées. Ennahdha plaide, en effet, pour la concomitance, avançant le prétexte du coût trop élevé du choix de la séparation des élections. Ameur Laârayedh, chef du département politique d'Ennahdha, estime que «la concomitance permettra à la communauté nationale d'économiser 30% du coût général des élections». Le chiffre avancé par le responsable nahdhaoui pousse à la réflexion quand on se réfère aux déclarations selon lesquelles l'opération électorale coûterait à la Tunisie la somme de 100 milliards. Seulement, Laârayedh se contente de lancer le chiffre sans préciser sur quelles bases il fait ces calculs. Du côté de Nida Tounès, on s'attache à la séparation des deux échéances en préférant que le scrutin présidentiel ait lieu en premier. Taïeb Baccouche, secrétaire général du parti, l'a réaffirmé, hier, haut et fort. Pourtant, plusieurs sources proches du parti présidé par Essebsi soutiennent le contraire en invoquant la situation sécuritaire du pays et le coût financier de la concomitance. «Les grands partis, et Nida Tounès est l'un d'eux, ont confiance en leur crédibilité, leur poids et leur rayonnement. Que les élections se déroulent en concomitance ou séparément, ils ont, en principe, toutes les chances de réussir les meilleurs scores possibles», soulignent les mêmes sources. «Pour ce qui est de l'argument relatif à la confusion qui pourrait résulter de la concomitance, puisque l'électeur se trouverait perdu entre les différentes listes présidentielles ou législatives, l'expérience du Soudan est là pour démontrer que c'est un faux argument. Les Soudanais ont réussi à organiser en une journée 11 élections différentes. Il est possible de faciliter l'opération au maximum en choisissant deux couleurs différentes, l'une pour les législatives et l'autre pour la présidentielle, et les Tunisiens sauront faire la différence», concluent ces mêmes sources.