La force de l'Espérance, c'est de laver son linge sale en famille et d'anticiper. Surtout ! 25e titre de champion pour l'Espérance, le 26e si l'on tient compte de celui remporté avant l'Indépendance. D'ailleurs, c'est une hérésie que de ne pas comptabiliser tous les titres de tous les clubs depuis que le football existe. Nous avons eu de grands clubs, de grands joueurs, de grands entraîneurs et de grands dirigeants avant l'Indépendance. Nous en avons eu après l'Indépendance; nous en avons peut-être un peu moins et nous espérons en avoir davantage dans l'avenir, par ces temps de professionnalisme flou et sauvage. L'Espérance a remporté son 26e titre «annoncé» et nous avons été surpris par le fait que le président de la Fédération de football n'ait même pas daigné assister à la remise du grand trophée. Un haut dirigeant qu'on ne voit même plus dans nos stades, mais qu'on verra sûrement en finale de la Coupe quand toute la classe politique et les médias seront là... Décidément, les temps ont bien changé! L'art de gérer les crises Facile, très facile quand on est dans une dynamique de victoires et que tout vous sourit. Beaucoup plus compliqué quand les résultats ne sont plus là, quand le doute s‘installe et que la colère des supporters gronde. L'Espérance aura connu tout cela comme elle a connu les tensions internes et les changements douloureux d'entraîneurs. Celle-ci a perdu son titre et raté la Ligue des champions mais elle n'a jamais perdu la tête, remis de l'ordre dans la maison et relancé la machine en un temps record. Surtout, surtout, elle a lavé son linge sale en famille et fait le ménage sans tout jeter à la poubelle. Pourtant, la tentation était réelle avec des joueurs à bout de souffle et qu'on croyait (à tort) qu'ils étaient en fin de parcours. Sur ce plan bien précis, honneur aux clubs et aux dirigeants mais aussi honneur aux joueurs qui ont pu et su se reprendre à temps malgré la fatigue et l'usure des matches et des saisons à répétition. Sans repos aucun. C'est le cas de Ragued, Mouelhi, Chammam, Derbali, Afful, Darragi, N'djeng et d'autres encore. Puis un autre cas exemplaire : Ben Cherifia. Petite baisse de forme, fracture d'un doigt, un peu plus d'un mois de repos et d'éclipse, puis retour pour être à nouveau le meilleur gardien du pays. Projetée vers l'avenir Sur un autre plan également, l'Espérance a commis des erreurs mais elle a toujours su les rattraper et travaille depuis quelque temps déjà à la structuration de la section football. Des écoles, aux seniors où les tâches sont désormais strictement fixées et délimitées. Krol, Desabre : l'un entraîne, s'occupe des seniors, propose ses besoins, l'autre dispose, prend les contacts et exécute. Le tout dans une politique globale du club. L'Espérance n'a pas inventé la poudre mais elle a eu le mérite de s'engouffrer dans la voie du véritable professionnalisme. Pour capitaliser des moyens déjà existants : humains, techniques et matériels. Il faut dire que l'Espérance a beaucoup dépensé (parfois mal) et le gâchis a été réel mais cela n'a jamais duré et la consécration est, de nouveau, là pour le prouver. Bref, l'Espérance a encore de bien belles années devant elle sur le plan local. Sur celui continental, l'Espérance rêve d'avoir un destin à Al Ahly, soit aligner les trophées africains et non pas gagner occasionnellement. L'occasion lui est offerte aujourd'hui d'atteindre cet objectif pour peu que l'actuelle configuration tienne. Mais, pour la vérité, nous ne terminerons pas sans dire que si l'Espérance est là où elle est aujourd'hui, c'est aussi un peu beaucoup grâce à ses adversaires. Crise au Club Africain, à l'Etoile et à Bizerte pour un Club Sfaxien qui s'est retrouvé à court d'arguments pour limite d'effectif. Et l'on se remet à rêver d'une compétition tunisienne où tout le monde part sur un pied d'égalité. Ou presque. Ce jour-là, notre football sera de nouveau beau à voir et dominera l'Afrique.