Chafik Sarsar, président de l'Isie, presse l'ANC de fixer la date des élections alors que le Quartet peine à réactiver le Dialogue national Maintenant que les dés sont définitivement jetés, surtout à la suite du rejet par l'Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des lois des objections qui lui ont été soumises à propos de l'inconstitutionnalité de certains articles de la loi électorale, l'on se demande à quand une décision finale sera prise dans l'épineux dossier de la concomitance ou la séparation des élections présidentielle et législatives qui doivent se tenir, impérativement, avant fin 2014 comme le stipule la Constitution du 26 janvier 2014. La question s'impose avec d'autant plus d'acuité que Chafik Sarsar, président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), vient de lancer la balle, à l'issue de sa rencontre mercredi dernier avec le chef du gouvernement Mehdi Jomâa, dans le camp aussi bien de l'Assemblée nationale constituante (ANC) que du Dialogue national. Il a, en effet, déclaré : «Au sein de l'Isie, nous attendons encore que l'ANC et le Dialogue national prennent la décision définitive». En plus clair, Sarsar rappelle à ceux qui le pressent de fixer une date pour les élections et à ceux qui l'accusent ouvertement de rouler pour Ennahdha en soutenant ses choix (la concomitance) que ce n'est pas à l'Isie de se prononcer sur la date que tout le monde attend puisque selon la Constitution, il revient à l'ANC de choisir cette même date. En attendant, les constituants semblent avoir d'autres dossiers prioritaires dont en premier lieu trouver une acrobatie juridique ou constitutionnelle pour créer «les fameuses chambres judiciaires spécialisées» avec pour objectif principal de rejuger les anciens responsables sécuritaires du régime déchu. Quant au Quartet parrain du Dialogue national, il n'est pas sorti de son hibernation qui n'a que trop duré. Pris par leurs activités syndicales nationales et internationales, Hassine Abbassi, SG de l'Ugtt, et Widad Bouchamaoui, présidente de l'Utica, donnent l'impression d'avoir tourné le dos, pour le moment, à la nécessité de réactiver le Dialogue national et à l'impératif de réunir les partis politiques signataires de la feuille de route et leur demander de convenir sur un consensus à même d'accélérer les choses en optant définitivement ou pour la concomitance ou la séparation des élections. Alors que le temps presse et que certaines parties n'ont pas hésité à proposer que l'opération électorale soit reportée au premier trimestre de 2015, l'on se contente du côté du Quartet de rappeler les différentes positions des partis politiques, positions déjà relayées par les médias. Une source bien informée auprès du Quartet confie à La Presse : «Pour le moment, nous sommes en train de reprendre nos contacts avec les partis politiques pour les sensibiliser à la nécessité de leur retour à la table des négociations. Notre ambition est de retourner au Dialogue au cours de la semaine prochaine, bien avant la tenue des travaux du Dialogue économique prévu pour le 28 mai». La même source ajoute : «La majorité des partis, à l'exception d'Ennahdha, est pour la séparation des élections, avec l'élection présidentielle en premier lieu. La séparation constitue une revendication historique du mouvement démocratique et elle ne posera pas de problèmes ni au niveau de la logistique (urnes et bureaux de vote) ni à celui des ressources humaines qui en assumeront la charge. Reste qu'il faut instituer un délai raisonnable d'au moins un mois entre l'élection présidentielle et les législatives».