Tout, mais vraiment tout, était réuni pour que les Etoilés s'imposent face à Al Ahly. Pourtant, à l'arrivée... Les supporters étoilés étaient plus venus voir leur équipe battre Al Ahly et remporter la belle que glaner simplement des points en cette phase de poules de la Coupe de la CAF. Il faut dire que toutes les conditions étaient réunies pour que l'Etoile exauce le vœu de ses supporters. Avec tout d'abord (et nous allions vite le vérifier sur le terrain) un adversaire qui n'est plus que l'ombre de lui-même, pour des raisons du reste objectives. L'Egypte vit, comme tout le monde le sait, une transition difficile et le grand club cairote ne pouvait pas échapper à ce grand remue-ménage dans le pays. Remue-ménage qui s'est traduit par d'énormes dissensions au sein du club et a compliqué davantage la situation sportive, financière et administrative. En d'autres termes, le grand club cairote vit une crise totale et essentiellement structurelle qui l'empêche aujourd'hui de continuer à mettre en place le projet sportif qui a fait sa force. Ce n'est pas le cas de l'Etoile, pour qui la crise est derrière, qui bénéficie d'une stabilité technique depuis la venue de la paire Lemerre-Al Jeddi et pour qui la crise financière n'est plus aussi aiguë, même si le problème demeure entier à l'heure où nous écrivons cet article. Sur un plan strictement technique, le mercato d'hiver a fait grand bien à la formation étoilée, avec, pour points de force, l'éclosion définitive de la petite perle algérienne Bounedjah, l'apport de Tej et celui de Mouihbi, Slama, etc. Désormais, l'équipe a un style, des repères, un jeu et les moyens de s'imposer. Pourtant, l'équipe et les joueurs demeurent fébriles, perdent rapidement la tête et offrent toujours à l'adversaire la possibilité de leur poser des problèmes. Inexplicable et inexpliqué quand on a un Balbouli dans les bois, un axe central d'expérience avec les Felhi et Ghezal, des latéraux comme Brigui et Abderrazak, des pivots et des demis comme Kom, Tej et Slama et des attaquants qui répondent aux noms de Mouihbi et Bounedjah. Avec ces mêmes joueurs, avec ce même onze, l'Etoile a écrasé Al Ahly en première mi-temps, et avec ces mêmes joueurs, l'Etoile a fait revenir un adversaire à la dérive dans le match. Comment dès lors expliquer tout cela? Difficile de le faire quand on a regardé le match, quand on a vu autant d'occasions ratées et quand on a vu Al Ahly dominé de la sorte. Mais tout s'explique à partir du moment où on comptabilise la bonne dizaine de buts ratés, la précipitation, un certain dilettantisme tactique et la fragilité mentale persistante de l'ensemble qui supporte très mal la pression et donne parfois une importance exagérée à l'adversaire. Bounedjah-dépendants C'est vrai que l'Etoile a Bounedjah. C'est vrai aussi que ce joueur est devenu incontournable dans le dispositif étoilé. Mais il n'en est pas moins vrai que l'Etoile ne dispose pas que de Bounedjah et que, si elle s'est renforcée, c'est bien pour ne pas être dépendante d'un ou de deux éléments. Or, dans le jeu étoilé, tout converge vers l'Algérien et nous avons comme l'impression que ses coéquipiers se «déchargent» de leurs responsabilités à son profit. Or, marquer, surtout dans le football moderne, c'est l'œuvre de tous. Du gardien au dernier attaquant. De surcroît, l'Etoile est l'une des rares formations à bénéficier d'un avant-centre, un vrai, deux latéraux constructifs, des demis à tout faire, un Mouihbi à droite et un Tej à gauche. Dans ce cas, que l'équipe soit réduite au seul Bounedjah est trop restrictif et l'Etoile le paye sur le plan du résultat. Précipitation L'autre grand problème de l'Etoile, c'est la précipitation. Cela lui joue de très mauvais tours. L'Etoile domine mais ne maîtrise pas vraiment son sujet dans cet exercice. Quand elle domine, l'équipe et les joueurs s'emballent et confondent vitesse et précipitation. Le souci, c'est de remonter le plus rapidement le ballon (et c'est bien) et de chercher, à tout prix, à faire parvenir le ballon à Bounedjah, qui fixe la défense adverse, écarte mais ne peut à lui seul assumer toute la responsabilité du jeu offensif étoilé et de la concrétisation. A ce propos, il manque à cette équipe un véritable patron, un meneur de jeu, capable justement de simplifier le jeu de l'équipe, de donner le tempo et d'optimiser la valeur intrinsèque de l'ensemble, dont le mental, autre talon d'Achille de l'équipe. Les joueurs de l'Etoile supportent mal la pression et cela se constate dans le jeu. Après l'ouverture du score, l'Etoile était dans un scénario idéal, pouvait voir venir et mettre l'adversaire ultérieurement en difficulté. Or, c'est le contraire qui s'est passé. Les Etoilés ne savaient plus s'il fallait continuer à attaquer ou alors éviter les contres adverses. A l'arrivée, ils ont attaqué, pris des risques énormes en contres (risques qui devaient être pris par les Ahlaouis), n'ont plus marqué et fini par encaisser le but égalisateur. Bref, l'histoire de cette rencontre est celle d'un énorme gâchis. A méditer.