Le dialogue national économique se poursuit lentement mais sûrement, reste à s'accorder sur le contenu de ce dialogue. Entre les mesures économiques urgentes et les questions structurelles concernant l'économie nationale, les divergences sont palpables Avec une heure et demie de retard, Nidhal Ouerfelli, porte-parole du gouvernement, s'est chargé, à l'issue de la réunion, hier, à La Kasbah du comité de pilotage du dialogue national économique, de présenter devant les médias l'état d'avancement des préparatifs de ce dialogue qui soulève bien des réserves avant même sa tenue. Se voulant confiant, le ministre chargé des Affaires économiques annonce des avancées conséquentes ainsi que la tenue d'une deuxième réunion, le 14 juin, à l'issue de laquelle sera annoncée la date du dialogue économique. M.Ouerfelli a précisé dans sa brève allocution que la réunion a passé en revue certains thèmes du dialogue ainsi que la méthodologie à suivre. En insistant sur la détermination du chef du gouvernement à impliquer le maximum de parties prenantes et d'avoir, notamment, l'adhésion des deux organisations marraines, à savoir l'Ugtt et l'Utica. Au cours de son intervention, le porte-parole du gouvernement a répété à souhait que le dialogue national ne sera ni interrompu ni perturbé, puisque, a-t-il encore insisté, son objectif ultime est d'apporter les réformes nécessaires à l'économie nationale. A cet égard, le dialogue national s'annonce en deux étapes ; la première se chargera de prendre les mesures urgentes concernant le projet de loi de finances complémentaire de l'exercice 2014 et le projet de loi de finances 2015. La deuxième étape se chargera d'étudier les réformes requises pour une refonte structurelle de l'économie nationale, et ce, en vue de mettre en place un nouveau modèle économique. Le processus institutionnel, le processus constitutionnel, avec l'adoption de la nouvelle Constitution, étant assurés, il faut maintenant s'atteler à faire réussir la transition économique. Ainsi, les équipes de travail vont continuer à plancher sur les réformes qui doivent préparer à la mise en place d'un nouveau modèle de développement national, souligne M. Ouerfelli. Lignes rouges... C'est M.Hassine Abassi qui a pris la parole ensuite dans le but visible de calmer les ardeurs du porte-parole du gouvernement. Aussi annonce-t-il tout de go que «le dialogue national n'aura pas à traiter des questions d'ordre structurel ou stratégique. Le gouvernement provisoire doit superviser cette étape transitoire jusqu'aux élections ». En minimisant visiblement la portée des réformes annoncées par le dialogue national et dans une volonté tangible de recadrer les propos de son prédécesseur à la tribune, le secrétaire général de l'Ugtt précise qu'«il faut tout juste trouver des sources de financement pour remédier au déséquilibre de la balance des paiements. C'est ce qui est prescrit par la feuille de route », a-t-il lancé. M.Abassi a énuméré à cet égard rapidement les mesures urgentes à prendre, telle la réforme du système fiscal, puisque seuls les salariés payent leurs impôts de manière régulière, alors que les gros revenus ne le font pas», en ajoutant que l'équité fiscale devra désormais être garantie. Selon lui, d'autres mesures urgentes comme le commerce parallèle, la contrebande et toutes les pratiques qui sapent l'économie nationale doivent être combattues. Quant à la refonte de la Caisse de compensation, le secrétaire général de l'Ugtt a précisé qu'il y a des lignes rouges à ne pas franchir. «Nous avons obtenu les garanties du gouvernement que les couches populaires et moyennes ne seront pas touchées», a-t-il assuré. Il est ainsi clair que le gouvernement et l'Ugtt divergent encore sur les objectifs assignés au dialogue économique national. L'urgent et le structurel restent à l'évidence le point de discorde principal. Une divergence palpable. Ni Nidhal Ouerfelli ni Abassi n'ont réussi à dissimuler les désaccords sur les questions somme toute... de fond. Le report du dialogue national sur l'économie a en fin de compte été le seul point de convergence.