Match Tunisie vs Palestine : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 04 décembre?    Tunisie – Palestine : composition probable ce soir    Ce dimanche, le Palais Ahmed Bey à la Marsa accueille la présentation du nouveau livre «La médina au temps des pachas beys» du Pr Mohamed El Aziz Ben Achour    Hammam-Lif : Arrestation d'un jeune ayant tenté de braquer une agence bancaire    Patrimoine tunisien : le musée de Carthage retrouve les visiteurs    Voiture et soutien fiscal pour les Tunisiens handicapés    La Tunisie séduit le monde au Food Ingredients Europe 2025    Tourisme en Tunisie : les Britanniques encore plus nombreux    Alerte météo : nord du pays sous fortes pluies et grêle ce jeudi    Feu vert total du Parlement aux drones agricoles    Une nouvelle marque automobile débarque en Tunisie, et ça s'annonce électrique.    Diffusion massive : quatre chaînes pour suivre la rencontre..en direct    Zoubeida Khaldi: Le dernier fantôme    Prix Abdelwaheb Ben Ayed de la Littérature 2025 : lauréats de la 5ème édition    La sélection tunisienne féminine de handball marque l'histoire : 1ère qualification au tour principal Mondial 2025    Qui dirigera le match Tunisie – Palestine en Coupe d'Arabie ?    Météo en Tunisie : Des pluies sur plusieurs régions, chutes de grêles au nord-ouest    Article 69 : le garde-fou qui protège les caisses de l'Etat tunisien    Immigration stoppée : les Etats-Unis ferment la porte à 19 pays    Des élections au Comité olympique tunisien    Ciné-Musée 2025 : un programme culturel riche entre Sousse et Tozeur    Le Prix Aboul Kacem Chabbi 2025: Un hommage à la Palestine    LG accorde une licence de ses brevets Wi-Fi à Amazon    JCC 2025 : Les films en compétition aux Journées Cinématographiques de Carthage dévoilés (listes)    La Poste Tunisienne émet des timbres-poste dédiés aux plantes de Tunisie    Météo en Tunisie : pluies éparses attendues le soir sur le nord    Décès de Nizar Cheikh Rouhou, président de la Chambre nationale des agents immobiliers    Tetra Pak nomme Haithem Debbiche au poste de DG pour la région Maghreb et Afrique de l'Ouest    Paul Klee, la lumière d'Ez-Zahra et la naissance d'un univers pictural    Match Tunisie vs Syrie : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 01 décembre?    Samir Samaâli: Le ruban rouge, la stigmatisation et l'ombre des préjugés    Météo en Tunisie : temps nuageux, températures entre 14 et 20 degrés    Mohamed Ali Nafti représente la Tunisie aux forums africains sur la paix et la justice    Rapport APT d'ESET : une guerre silencieuse entre puissances numériques (Avril-Septembre 2025)    Inondations et glissements meurtriers frappent la région : des dizaines de morts    Choc : Trump réexamine les cartes vertes de migrants de 19 pays, dont 4 arabes !    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Tunisie Telecom, acteur clé d'une IA responsable et compétitive    Chine: L'Orient du développement, modèle d'avenir pour le Sud ?    Ghalia : la chanson qui secoue la Tunisie contre les violences faites aux femmes    Hommage à René Passet, pionnier de l'approche transdisciplinaire en économie et le développement durable    Elyes Ghariani: L'Union européenne à l'épreuve des nouvelles dynamiques sécuritaires    Khadija Taoufik Moalla - Dépasser la notion de "race": vers une humanité réconciliée    Le jour où: Alya Hamza...    Ridha Bergaoui: Des noix, pour votre plaisir et votre santé    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Les Grecs de Tunisie ont participé à la modernisation du pays»
Entretien avec Habib Kazdaghli, historien
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 06 - 2014

Théodore II, le Patriarche des Chrétiens orthodoxes du continent africain, poursuit actuellement une visite officielle en Tunisie (du 5 au 8 juin). Il vient rendre visite à la communauté grecque de Tunisie, dont l'installation dans notre pays remonte au XVIIe siècle. Rappel des moments clés de l'Histoire des Grecs avec l'historien spécialiste des minorités locales, le Professeur Habib Kazdaghli.
Dans quelles circonstances historiques le premier noyau de la communauté grecque de Tunisie s'est-il installé dans notre pays?
Les Grecs sont arrivés chez nous au XVIIe siècle, dans le sillage de l'occupation ottomane de la régence de Tunis. Ils ont évolué en Tunisie dans le cadre du système du Millet durant une période qui s'est étalée sur près de deux siècles (1645-1830) : en payant la dîme (jizya), ils bénéficiaient de la protection du pouvoir central et du droit de s'autogérer en pratiquant notamment leur foi.
Très peu nombreux dès le départ, quelques centaines seulement, quel rôle ont pu jouer les Grecs dans la régence des XVIIe, XVIIIe, XIXe siècles ?
Parmi ces Grecs de Tunisie, certains se sont convertis à l'Islam et ont pu atteindre les hautes sphères de l'Etat, tel le premier ministre Mustapha Khaznadar, natif de l'île de Chio. D'autres resteront chrétiens orthodoxes, s'adonneront au négoce entre Tunis et les divers ports de la Méditerranée orientale, ou exerceront des métiers qui n'étaient pas bien vus en terre d'Islam : usuriers, taverniers... La société majoritaire avait quelque part besoin d'eux. D'où la coexistence pacifique entre les diverses communautés. Dès 1860, la seconde vague de Grecs qui arrivera en Tunisie fréquentera nos côtes pour la pêche d'éponges saisonnière. Ces pêcheurs finiront par s'implanter à Sfax et à Djerba dès que le port de Sfax sera inauguré en 1897, devenant un centre moderne d'exportation mondial. L'artiste photographe Marianne Catzaras et sa sœur, l'actrice Hélène Catzaras, sont nées à Djerba d'un père pêcheur d'éponges. L'installation des Grecs à Sfax et sur l'île de Djerba va se matérialiser par la construction de deux églises qui s'ajoutent à la petite église de style byzantin de la rue de Rome à Tunis. Pour les historiens, l'existence d'un lieu de culte atteste toujours de l'importance que prend une communauté religieuse à une époque donnée.
Justement, pour cette communauté, l'Eglise a toujours incarné un puissant liant identitaire. Est-ce dans cette perspective que l'on peut situer la visite du Patriarche Théodore II ?
Effectivement, puisque depuis 1645, la communauté a été accompagnée d'un encadrement religieux à partir du patriarcat d'Alexandrie en Egypte, dont la zone d'influence couvre toute l'Afrique. Et les visites des patriarches ont toujours représenté de grands moments pour les Grecs de Tunisie. Et même si, dans la majorité des cas, les Grecs vont fréquenter l'école française, notamment après l'installation du protectorat, l'Eglise fournira le lieu où se transmettra la langue d'origine. Elle jouera également un rôle central dans l'organisation interne de la communauté.
Que gardons-nous aujourd'hui du passage des Grecs en Tunisie ?
Leur nombre n'a jamais été très important, mais ils ont contribué à la modernisation de certains secteurs de l'économie tunisienne. Puisque beaucoup d'entre eux ont réinvesti le capital accumulé dans la pêche des éponges dans le tourisme, où ils ont été parmi les premiers hôteliers. D'ailleurs, l'hôtel Lotos de Djerba appartient toujours à un Grec de Tunisie. En agriculture, on leur doit la modernisation du système de cueillette des olives. D'autre part, beaucoup de produits qui font aujourd'hui partie intégrante de l'art culinaire tunisien ont été introduits par les Grecs : le raisin sec, les olives salées, les poissons salés, les sirops de tamarin et d'orgeat, le rahat-loukoum... Au moment de l'Indépendance, les Grecs ont tenté de s'adapter aux nouvelles conditions. Or, la crise du marché des éponges à la fin des années 50 et surtout l'expérience de la collectivisation vont les pousser au départ vers la France et la Grèce et, plus loin encore, vers Tahiti et l'Australie. Au terme de trois siècles de contacts, d'acculturation et de jeux d'influences, une grande partie de la communauté s'est trouvée intégrée à la culture française tout en gardant une belle place pour la Tunisie dans sa mémoire et dans ses activités professionnelles. Je citerais pour exemple le cas de mon collègue et ami Jacques Alexandropoulos, professeur d'histoire à l'université de Toulouse-le-Mirail, en France, qui participe souvent aux fouilles archéologiques en Tunisie et a pris part aux recherches ayant mené à l'ouverture du musée de la Monnaie.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.