Avec des résultats en nette progression par rapport à une année dernière plutôt calamiteuse, le secteur des céréales devrait mettre du baume au cœur à bien des producteurs... Mais certains problèmes structurels persistent... Les moissonneuses-batteuses sont désormais visibles dans les campagnes des zones céréalières. Pour l'instant, elles sont surtout à pied d'œuvre dans les champs d'orge et d'avoine, étant donné que ces deux céréales mûrissent avant les autres et que les exploitants craignent la chute du grain... Bientôt, cependant, les travaux de la récolte vont prendre une tournure nettement plus importante, avec l'ouverture des silos aux chargements de blés. Les dernières pluies, apprend-on, ont amené les responsables du ministère de l'Agriculture à envisager de retarder quelque peu la date d'ouverture, mais ce n'est qu'une question de jours. A Béja, Mateur, Siliana, Bousalem, le Kef et ailleurs, on apporte les dernières touches aux préparatifs techniques et logistiques... Avec un souci assez partagé, cette année : la récolte attendue étant bonne, il s'agit de faire en sorte qu'il n'y ait pas de problèmes de saturation au niveau des centres de collecte, donc d'allongement des files d'attente des remorques et autres camions devant les silos, avec ce que cela peut entraîner comme gêne dans le déroulement, en amont, des travaux de récolte... L'entrée en scène du secteur privé il y a quelques années, dans l'activité de collecte et de stockage, a permis, c'est vrai, d'atténuer ce problème dont souffrait autrefois les céréaliculteurs lors des années fastes. Si l'on en croit les spécialistes, la récolte de cette année se distingue par des rendements en progression dans les principales zones de production, mais aussi et surtout par l'élargissement de l'aire géographique concernée par l'existence d'une récolte : dans bien des zones sinistrées l'année dernière par la sécheresse, l'épi est courbé maintenant sous le poids du fruit... Une année qui devrait donc permettre à beaucoup de nos agriculteurs, et surtout les plus petits parmi eux, de panser leurs plaies, de rembourser leurs dettes et, éventuellement, d'envisager quelques investissements dans un matériel agricole qui, malheureusement, a connu une hausse vertigineuse au niveau des prix ces derniers temps. La dernière journée nationale de l'agriculture, le 12 mai dernier, a été une occasion de prendre le pouls d'une profession qui considère que le secteur agricole a besoin d'une vaste réorganisation afin de réduire le phénomène d'érosion de rentabilité dont souffrent la majorité des exploitations... On se réjouira donc, comme c'est l'usage, d'une récolte qui s'annonce généreuse dans bien des régions du pays, mais l'on n'oublie pas que, comme les autres producteurs agricoles, les céréaliculteurs font face à un renchérissement de leurs dépenses d'exploitation : il y a le matériel, mais il y a aussi les intrants et autres produits phytosanitaires. Préserver les conditions de rentabilité des exploitations agricoles, c'est bien sûr lutter contre la désertification des campagnes et renforcer l'indépendance alimentaire du pays : un double enjeu de taille !