Agriculteurs, administration et observateurs de l'agriculture tunisienne (FMI et autres ) sont d'accord pour avancer que la récolte céréalière sera, cette année, acceptable. Réunis le 6 juin 2007, les premiers responsables de la production agricole dans les régions, en l'occurrence les commissaires au développement agricole, ont été unanimes pour déclarer, lors de leur réunion périodique (6 juin 2007) que la récolte agricole sera bonne dans toutes les régions du pays. Les précipitations du mois de mars et avril ont sauvé la récolte. Ils ont relevé que la récolte de cette année se distinguera, en plus, par son excellente qualité et par sa maturité. Ils ont été même catégoriques pour dire que les récentes précipitations et autres fluctuations climatiques n'auront pas d'impact notable sur la récolte et, qu'en conséquence, la récolte ne sera pas retardée. Elle démarrera, mi juin et au plus tard, la fin de ce mois. Pour Mme Amel Nafti, directrice de la production agricole, au ministère de l'Agriculture, «la saison des moissons a déjà démarré dans plusieurs zones du nord». Ces résultats positifs sont imputables à l'intense effort déployé avec succès par les céréaliculteurs pour traiter, désherber et désinsectiser la récolte. Selon Mme Amel Nafti, «quelques 207 mille hectares ont été traités suite aux récentes fluctuations climatiques». Du côté des agriculteurs, M. Mabrouk El Bahri, président de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP) a déclaré, au cours de la réunion périodique de bureau exécutif de l'union (6 juin 2007) que «la saison des grandes cultures se déroule de façon normale en dépit des changements climatiques et de l'augmentation des coûts de production, particulièrement, de l'accroissement du coût du traitement». Pour l'UTAP, l'accent sera mis, en priorité, sur la mise à niveau et le contrôle de la filière des semences, eu égard à son impact positif sur le rendement des céréales. Pour le Fonds monétaire international (FMI), dont une mission d'évaluation vient de séjourner en Tunisie (14-28 mai 2007), «la récolte céréalière, joker de tous les pays en développement, sera, cette année en Tunisie, bonne mais non exceptionnelle». En termes de logistique, publics et privés ont tout prévu pour garantir à la saison des moissons succès et rentabilité. Au plan des équipements, quelque 2.800 moissonneuses batteuses, 1,1 million de sacs neufs et 11 mille tonnes de fils seront mis à la disposition des céréaliculteurs. S'agissant de la collecte de la production, l'Office du blé, et les Coopératives centrales ouvriront à eux seuls plus de 200 centres permanents et 17 centres saisonniers auxquels s'ajouteront d'autres centres aménagés par 5 collecteurs privés. La capacité de stockage est estimée officiellement à 11 millions de quintaux. Aux yeux de bon nombre de techniciens, au regard des fluctuations climatiques, le succès de la saison est tributaire de la capacité des parties intervenantes à transférer avec la célérité et l'efficience requises la production des points de collecte à ciel ouvert aux centres couverts. Il s'agit également de fournir des prestations de qualité aux céréaliculteurs à tous les stades de production (accueil, collecte, calibrage des céréales ). La problématique de la récolte de cette année ne doit pas occulter les problèmes dans lesquels se débat la filière céréales. Dans une récente étude sur la commercialisation des céréales en Tunisie, la Banque déplore «la prudence» excessive mais «compréhensible» de la Tunisie qui accuse un retard «pré judicieux» en matière de libéralisation de la filière céréale. Concrètement, la banque souhaite la suppression du monopole de l'Office des céréales. Dans le détail, la Banque relève dans la filière céréales une forte centralisation perceptible à travers le monopole qu'exerce l'Office des céréales sur la collecte et l'achat du blé local, l'importation, le stockage et l'approvisionnement en semences). L'Office du blé, par la voix de son PDG M. Mohamed Chokri Ayachi, s'en défend et avance les décisions prises pour libéraliser la filière et améliorer l'attractivité de cette activité et de lutter contre sa saisonnalité. Il a ainsi augmenté la prime de collecte et de stockage de 1250 millimes le quintal à 1400 millimes, et vient d'autoriser collecteurs et stockeurs privés à exercer le commerce rémunérateur des engrais et des semences. Mieux, l'Office projette de céder à des privés plusieurs de ses installations dont des silos. Il faut dire que la prudence tunisienne est compréhensible. Car, le secteur des céréales est un secteur sensible. Tout le monde se rappelle les émeutes du pain de 1984.