La Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) et la polyclinique El Omrane ont organisé, récemment à Tunis, leurs 14es Journées médicales. D'éminents intervenants ont traité, à cette occasion, des thèmes d'actualité liés à l'obésité, la prévention et la prise en charge des cancers colo-rectaux, le tabagisme et santé, les thérapies nouvelles et leurs prises en charge par la Cnam, la place des polycliniques de la Cnss dans le système sanitaire tunisien et leur mise à niveau. La situation épidémiologique de l'obésité en Tunisie a été analysée par le Dr Jalila El Ati, de l'Institut national de nutrition et de technologie alimentaire, qui a indiqué que l'enquête nationale réalisée en 2005 auprès d'un échantillon représentatif d'hommes et de femmes âgés de 35 à 70 ans a montré que 71% des femmes et 52% des hommes sont en surpoids, alors que l'obésité touche respectivement 37% et 14%. Une disparité selon le milieu d'habitation est observée aussi bien chez les hommes que chez les femmes, ainsi le milieu urbain est plus touché que le milieu rural. L'obésité touche aussi les enfants et les adolescents. Entre 1988 et 2000, la prévalence a triplé chez les enfants de 3 à 36 mois, passant de 3,8% à 10,3%, et le milieu urbain enregistre les taux les plus élevés. Sur le plan international et d'après la base de données de l'OMS sur les prévalences de l'obésité dans le monde, on constate que sur les 28 pays qui disposent de statistiques nationales, la Tunisie occupe la 20e place par ordre décroissant pour les hommes et la 7e place pour les femmes. L'intervenante a insisté sur l'urgence de freiner la progression du surpoids et de l'obésité dans notre pays pour des raisons de santé (maladies chroniques associées) comme pour des raisons économiques (les coûts directs ou indirects liés à la surcharge pondérale). «Tabagisme et santé : la stratégie nationale de lutte anti-tabagique», thème abordé par le Dr Mounira Nabli, chef de service des maladies transmissibles, qui a indiqué que le tabagisme constitue un véritable problème de santé publique. Il est l'un des principaux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et des cancers dans le monde et dans les pays en développement. En Tunisie, on compte 1.700.000 fumeurs dans la tranche d'âge 10-70 ans, donc une prévalence de fumeurs de plus en plus importante chez les jeunes et les femmes. D'autres intervenants ont parlé du tabagisme passif et du servage tabagique. Instituer une politique de dépistage Dans son intervention sur la prise en charge des cancers colo-rectaux, le Dr Moussa, du service de gastro-entérologie, a mis l'accent sur l'importance de diagnostiquer précocement ce cancer qui est potentiellement curable, d'où l'intérêt d'instituer une politique de dépistage dans les populations à risque. «Nous assistons à une augmentation exponentielle de l'incidence de ce cancer du fait de la modification de nos habitudes alimentaires. Plusieurs méthodes de dépistage sont actuellement disponibles», a indiqué l'intervenante «Les thérapies nouvelles et leur prise en charge par la Cnam», thème abordé par un médecin-inspecteur général qui a souligné que la Cnam prend en charge les thérapies nouvelles, conformément aux protocoles nationaux et en respectant les indications de l'AMM en Tunisie, dans le but d'une amélioration de la survie et de la qualité de vie des malades. Les 14es Journées médicales ont porté sur des thèmes variés dont l'humanisme des hôpitaux en Tunisie du Xe au XXIe siècle, ainsi que les aspects psychologiques et thérapeutiques de certaines pathologies.