Le nouveau bureau national de l'Organisation de défense du consommateur a organisé, hier, à son siège à Tunis, une conférence de presse pour exposer les grandes lignes du programme de l'organisation à court terme, sa position officielle à l'égard du dialogue économique national, l'augmentation de l'inflation ces derniers temps et son impact sur le pourvoir d'achat, etc. M. Mohamed Zarrouk, nouveau président de l'Organisation, a rappelé que le 24 mai dernier, a eu lieu à Sidi Bouzid le sixième congrès national électif de l'ONG à Sidi Bouzid où 240 congressistes des 24 gouvernorats se sont réunis pour élire, parmi 31 candidats, les 15 membres du bureau national de l'organisation nationale. Plus de subvention de l'Etat « Notre nouveau bureau national a fait son baptême du feu dans une période très difficile. Contrairement à d'autres organisations nationales, depuis le 14 mars, l'ODC ne bénéficie plus d'une subvention de l'Etat et plusieurs de nos bureaux régionaux ont été contraints de fermer. Nous sommes entre deux feux, celui du gouvernement et celui du consommateur. Jusqu'à aujourd'hui, nous ne savons pas quelle place occupe l'Organisation de défense du consommateur dans la nouvelle Tunisie», s'interroge le président de l'Organisation. Selon M. Zarrouk, malgré l'instauration de la démocratie sous nous cieux, la «culture du dialogue» n'a pas atteint son degré de maturité, comme en témoigne la mise à l'écart de l'ODC dans le Dialogue national et dans les commissions préparatoires du dialogue économique national. «Nous n'allons pas reconnaître les décisions du dialogue économique national dans la mesure où nous n'avons pas participé à ce dialogue. L'Organisation de défense du consommateur est une Organisation nationale qui est directement concerné par les problèmes de la nation et ses défis», a-t-il déclaré. Toujours selon le président de l'ODC, dans les pays développés, c'est à l'Etat de défendre le pouvoir d'achat de ses citoyens et du consommateur. Les organisations de défense des consommateurs dans les économies libres comme la nôtre, où 90% de nos produits et de nos services sont libres, c'est à l'Etat de jouer son rôle d'arbitre et de régulateur du marché. «L'Etat doit rester neutre entre les producteurs et les consommateurs à travers l'application et la révision du cadre législatif qui régit les mécanismes du marché. Normalement, les prix doivent être fixés par un marché transparent. Malheureusement, aujourd'hui, se sont les spéculateurs, les monopoles, et les contrebandiers qui font la pluie et le beau temps sur les mécanismes de ce marché et les circuits de distribution, ce qui a engendré une flambée des prix et déséquilibre entre les salaires, le pouvoir d'achat et les prix appliqués», a-t-il fait savoir. Faire appel au Conseil national de défense du consommateur Pour faire face à l'augmentation de l'inflation et de l'indice général de consommation et qui va coïncider dans les prochains jours avec une saison de haute consommation (Ramadan, haute saison touristique, rentrée des Tunisiens de l'étranger, etc.), l'ODC invite le Conseil national de défense du consommateur à se réunir pour étudier en urgence les bonnes mesures à prendre pour stopper l'hémorragie de l'augmentation des prix et la détérioration du pouvoir d'achat. «Nous appelons aussi le gouvernement à renoncer à l'idée d'augmenter les prix des produits de base et à poursuivre leur compensation en attendant un consensus national sur la question de la Caisse générale de compensation et une révision globale des schémas des modèles de développement à adopter pour instaurer plus d'équité entre les classes sociales et les régions», a souligné M. Zarrouk. Il a aussi appelé le gouvernement à appliquer une taxe bien étudiée sur les 1.700.000 citoyens libyens résidents en Tunisie, comme c'est le cas dans plusieurs autres pays. L'ODC exhorte l'Etat à appliquer de manière exceptionnelle l'article 2 de la Loi 64-91 du 29 juillet 1991 sur la concurrence et les prix qui permet à l'Etat la possibilité de geler les prix de certains produits libres au niveau de la production et de la distribution, et ce, dans un laps de temps de 6 mois. Parallèlement, M. Zarrouk a appelé le gouvernement à pousser le pouvoir législatif pour réviser cette loi très controversée en incorporant de nouveaux articles qui devraient criminaliser la spéculation, la contrebande et l'augmentation des montants des contraventions. D'autre part, le nouveau président de l'Organisation de défense du consommateur a appelé le gouvernement à user au maximum des mécanismes de régulation du marché à travers l'importation ciblée et responsable des produits dont les prix ont connu une flambée (Ex: viandes rouges) avec un contrôle continu des stocks stratégiques des produits de base et la mise en place de nouveaux stocks pour les produits pouvant être monopolisés par les propriétaires des chambres froides. Pour plus de contrôle «Malgré les efforts fournis par les agents de contrôle économique, les contreventions et les irrégularités sont en hausse continue. C'est pour cela que nous appelons les autorités à mettre fin au recours à la tolérance et aux compromis. Il faut être intransigeants avec les fentifs et les contrebandiers. La justice doit jouer son rôle et il est impératif de réfléchir à de nouveaux mécanismes et outils pour renforcer le travail de ces équipes de contrôle. Parallèlement, la police doit coordonner avec les départements de contrôle des finances pour vérifier les bons de livraisons et les autorisations de distribution car plusieurs de ces documents sont en général falsifiés par les contrebandiers pour qu'ils puissent distribuer leurs marchandises dans le marché parallèle et noir», a précisé le président de l'ODC. M. Zarrouk a envoyé aussi un double message à l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'Artisanat (Utica) et l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) pour qu'elles poussent leurs adhérents à ne pas effectuer de nouvelles augmentations de prix et à diversifier leurs offres de services et de produits. « Actuellement, seulement 50% des produits agricoles alimentent les marchés de gros. L'autre moitié circule dans le marché parallèle, ce qui contribue directement à l'augmentation des prix. De ce fait, il serait primordial d'encourager ces agriculteurs à travers une révision des taxes imposées dans les marchés de gros», a renchéri Mohamed Zarrouk. Enfin, l'ODC a appelé le gouvernement à augmenter l'aide de 110 DT réservée aux 230 mille familles nécessiteuses, soit l'équivalent de 2 millions de Tunisiens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.