Tout en insistant sur le devoir de faire preuve de vigilance face au phénomène du terrorisme, le chef du gouvernement a affirmé l'ambition de réaliser un taux de croissance plus élevé Mehdi Jomâa, chef du gouvernement provisoire, a affirmé que «la Tunisie ambitionne de réaliser un taux de croissance plus élevé», au cours de la prochaine période. Il a ajouté, jeudi à Gammarth, à l'ouverture de la 4e édition du « Tunisia Investment Forum (TIF), que le pays est passé par une période économiquement difficile due aux tiraillements politiques et sécuritaires après la révolution, mais a prouvé sa résilience et réalisé un taux de croissance de 2 à 3%. Jomâa a indiqué que « le gouvernement actuel focalise ses efforts sur le volet économique, alors que la politique était au cœur des priorités au cours de la période précédente ». La Tunisie, a-t-il avancé, « n'a pas perdu ses avantages comparatifs d'autant plus que nous œuvrons à les renforcer tout en traitant nos points faibles. Nous avons lancé un dialogue économique et avons entamé des réformes en vue de doper l'emploi, créer de la richesse et de la croissance, à l'instar des réformes dans le secteur bancaire et les finances publiques ». Et de souligner : « La Tunisie passe par une période de transition économique et œuvre à préparer un avenir meilleur offrant de plus grandes opportunités d'investissement ». S'adressant aux investisseurs, il a déclaré que « c'est le moment d'investir en Tunisie ». Sur le plan politique, Jomâa a fait savoir que la mission du gouvernement « est de conduire le pays vers des élections transparentes et dans les meilleures conditions y compris les conditions économiques. Les institutions de l'Etat ont été un peu ébranlées après la révolution, mais nous avons réussi à combattre le terrorisme et avons prouvé notre capacité et notre détermination à l'affronter. Nous œuvrons avec toutes les parties pour lutter contre ce phénomène à la portée internationale ». La Tunisie est aujourd'hui plus sûre grâce aux efforts des Tunisiens et à la solidarité régionale avec ses partenaires outre les efforts déployés en matière de lutte contre le terrorisme auquel le pays est encore exposé, d'où l'importance de faire preuve de vigilance », a t-il précisé. Congrès économique à deux temps Le congrès économique national se déroulera sur deux étapes, la première examinera les mesures urgentes à prendre pour garantir la reprise économique et la deuxième traitera des mesures économiques structurelles, a indiqué, hier, le ministre chargé des affaires économiques, Nidhal Ouerfelli, dans une déclaration à l'Agence TAP. Ouerfelli a précisé en marge de la 4ème édition du «Tunisia Investment Forum» (TIF), tenue les 12 et 13 juin 2014, à Gammarth, (banlieue Nord de Tunis), que les mesures urgentes et pratiques pour la relance économique seront introduites dans la loi des finances complémentaire pour l'exercice 2014 et celle de 2015. Le ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda, avait déclaré que le gouvernement provisoire s'engage à soumettre la loi des finances complémentaire pour l'exercice 2014 à l'Assemblée nationale constituante (ANC), à la fin du mois de juin. Ouerfelli a ajouté que le dialogue économique national se poursuivra pour discuter des moyens de mise en place d'un nouveau modèle de développement pour le pays. A noter que la Tunisie ne dispose pas depuis 2011 (après la Révolution) d'un schéma de développement ou d'un programme économique clair. Pour rappel, le comité de pilotage du congrès économique national a annoncé, le 27 mai 2014, le report du congrès économique national à l'après-14 juin 2014. Ouerfelli avait souligné que la cause du report du congrès économique, initialement prévu pour le 28 mai 2014, est de permettre une plus large participation de la société civile au débat. Le ministre chargé des affaires économiques, Nidhal Ouerfelli, a rappelé que le gouvernement a engagé une démarche participative pour réussir la transition économique et sociale. «Cette démarche identifie des mesures urgentes nécessaires permettant de redresser la situation économique et d'atteindre une croissance pérenne et inclusive». Cette démarche vise une nouvelle impulsion des investissements privés, l'amélioration de la gouvernance et le développement de la compétitivité et de la performance du système économique. Les priorités seront axées sur l'amélioration du climat des affaires à travers le nouveau code d'incitation aux investissements, la réforme des marchés publics, la simplification des procédures administratives ainsi que le renforcement du système de partenariat public-privé et des projets d'infrastructures, de télécommunication et des énergies renouvelables. «Les réformes structurelles porteront sur la réforme fiscale, les finances publiques et le système de compensation ainsi que l'assainissement des entreprises publiques en difficulté», a-t-il conclu. Dans son intervention, le président de l'Institut arabe des chefs d'entreprises (Iace), Ahmed Bouzguenda, a salué l'initiative de tenir un dialogue national sur l'économie tout en critiquant la démarche adoptée, laquelle est basée sur l'examen des dossiers économiques un par un. Cette démarche a suscité, d'après lui, des désaccords entre les différentes parties sur plusieurs dossiers, dont celui de la compensation... Il a proposé de fixer d'abord, dans le cadre du dialogue national, une vision unifiée sur l'avenir de l'économie tunisienne, en définissant le rôle de l'Etat et les moyens d'atteindre une croissance inclusive, devant bénéficier à toutes les catégories sociales et les régions. «Le nouveau plan d'action de la Tunisie sera issu automatiquement de cette vision unifiée, objet de consensus entre les différentes parties», a-t-il ajouté. Les chaînes de valeur Les perspectives de l'industrie tunisienne à l'heure des chaînes de valeur mondiales ont été, hier, le thème du deuxième panel au deuxième jour du TIF (Forum de Tunis pour l'investissement), organisé les 12 et 13 juin à Gammarth (Banlieue nord de Tunis). Kamel Ben Naceur, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, qui intervenait à ce débat, a indiqué que «les chaînes de valeur ont été, de tout temps, développées et que l'histoire de l'humanité est souvent étroitement liée au développement du commerce international des biens et produits». Ce qui est nouveau, a-t-il dit, est «l'accélération de ce phénomène souvent désigné «chaînes de valeur mondiales» ou «intégration verticale» et qui est une conséquence logique de la mondialisation des économies». D'après le ministre de l'Industrie, la Tunisie a connu un mouvement d'internationalisation depuis les années 80, grâce à la fameuse loi 72. Ce mouvement a permis au pays de développer plusieurs activités de sous-traitance comme la confection, le câblage électrique et d'autres activités. Le ministre estime que les chaînes de valeur ont suscité un phénomène sans précédent de délocalisation comme le prouve la croissance rapide des IDE dans le monde et du volume des échanges internationaux. «Cela a pour conséquence de lancer un vif débat sur son influence sur l'économie mondiale et particulièrement sur l'économie des pays développés, et ce, entre partisans d'un patriotisme industriel et défenseurs d'une intégration économique internationale plus poussée», a-t-il développé. En ce qui concerne les perspectives du positionnement de la Tunisie dans ce domaine, le ministre a mis l'accent sur le rôle que peut jouer le pays dans l'instauration d'une industrie régionale développée et plus compétitive. Mais cela, a-t-il dit, ne cache pas les trois grands défis qui attendent la Tunisie au niveau de l'intégration de son industrie dans les chaînes de valeur mondiales , en se basant sur les services logistiques nécessaires, les encouragements pour l'innovation et la créativité ainsi que sur la création de zones industrielles dotées de toutes les commodités nécessaires aux activités industrielles. Date des élections : L'impératif de trancher « La Tunisie ne peut supporter aucun retard dans la fixation de la date des élections », a déclaré le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomaâ. « La question de la concomitance ou de la séparation des élections législatives et présidentielle aurait dû être tranchée hier à la réunion du dialogue national afin qu'il y ait de la visibilité pour tout le monde, citoyens, gouvernement et partenaires étrangers », a-t- il dit, jeudi, en marge de la séance d'ouverture du Forum de l'investissement de Tunisie. « Nous sommes tenus moralement par la Feuille de route et (juridiquement) par les dispositions de la Constitution qui dispose que les prochaines élections ne doivent pas avoir lieu au-delà de l'année 2014 », a encore déclaré le chef du gouvernement, invitant tous les partis représentés au Dialogue national à tenir compte de l'intérêt supérieur du pays pour trancher cette question. Il a, en outre, réitéré l'engagement de son gouvernement à vouer tous ses efforts à la fixation de cette échéance.