« Cela fait plus de trois ans que le problème du passage très fréquent des chevaux et dromadaires sur la plage dérange énormément tous les clients, italiens en particulier, très adeptes comme vous le savez du tourisme balnéaire et surtout de Djerba. Il s'agit d'un problème d'hygiène d'abord, car ces animaux laissent beaucoup de saleté sur le sable vu qu'ils sont devenus très nombreux, ensuite un problème de sécurité avec des chevaux qui passent devant les hôtels au galop, d'où un énorme risque pour les enfants qui jouent sur la plage et les adultes aussi». Voici une partie de la missive adressée dernièrement par l'Association des tour-opérateurs italiens (Astoi) aux ministres tunisiens de l'Intérieur et du Tourisme. Trois ans que les clients réclament et les autorités tunisiennes n'ont rien pu faire face à ce phénomène qui nuit à notre image. Et voici le résultat: les Italiens boycottent aujourd'hui l'île de Djerba ! C'est dire à quel point la situation est embrouillée côté tourisme à Djerba, c'est dire à quel point il y a une sorte d'énorme capharnaüm dans le secteur. Selon un professionnel tunsien responsable d'un tour-opérateur à Djerba, «il ne faut pas se faire d'illusions ni de grosses prévisions la saison ne s'annonce pas bien et même si on a les 7 millions de touristes promis par le ministère, et j'en doute fort, ils rentreront très déçus et ils ne remettront plus les pieds en Tunisie tellement le secteur est géré par des intrus». La colère de ce professionnel est bien justifiée, car à Djerba il existe aujourd'hui un vrai marché parallèle du tourisme. Des intrus infestent le système et achètent des voitures tout-terrain et des bus à leur nom sans même avoir une patente et vont chercher des touristes à l'aéroport et organisent des randonnées à Djerba et dans le sud. Nous, les agences confirmées et qui payons nos taxes nous sommes tous les jours contrôlés que ce soit pour nos bus ou pour nos voitures. Il ya même une agence a Djerba qui vend des voyages et qui n'a même pas d'adresse. Son seul contact c'est un numéro du portable. Les cavaliers et les chameliers font les maîtres sur les plages et à Djerba ils rentrent et sortent comme bon leur semble, exploitent les touristes, leur font courir des risques. Tout un secteur parallèle travaille dans le noir et en toute impunité. Vous croyez que les tour-opérateurs sont dupes et qu'ils ne se sont pas aperçus de tout cela ? Comme les Italiens, personne ne veut plus faire courir des risques à ses clients ....» Effectivement, le secteur est vraiment malade à Djerba de ces intrus qui possèdent des bus et des voitures pour le transport des touristes sans aucune autorisation, sans parler des cavaliers et des chameliers qui posent un réel problème depuis quelques années. Un secteur «sauvage» bien installé et impuni fait fuir aujourd'hui les touristes de l'île. Un directeur d'hôtel que nous avons contacté souligne l'insécurité et le terrorisme. Depuis l'attaque contre la maison de Ben Jeddou, on n'a plus eu de demandes sur le mois de juillet à Djerba ...Pour le mois d'août on n'a pas encore la visibilité nécessaire mais on espère que tout ira pour le mieux ..... De toute façon, même si on arrive à vaincre la peur du terrorisme, il faut mettre de l'ordre dans le secteur qui fonctionne à tort et à travers et c'est, à mon avis, le plus grand danger à Djerba. Bref, les avis sont partagés : les professionnels sont déçus et ne s'attendent pas à la grande explosion d'une saison touristique. Quant aux «sauvages» du secteur, ils espèrent au moins le nombre habituel de touristes. Dans tous les cas, ils sont toujours gagnants puisqu'ils payent zéro charges !